• La guerre dans les tranchées, mais côté allemand....(cliquez sur l'image)

    "En 1917, durant la Première Guerre mondiale, le jeune Paul Bäumer s'engage volontairement dans ll'armée allemande. Tout comme ses amis Albert Kropp et Frantz Müller qui l'accompagnent, Paul est plein d'enthousiasme et de patriotisme. Quand ils arrivent sur le front de l'Ouest, près de La Malmaison, les jeunes Allemands vont découvrir l'horreur qui règne dans les tranchées.

    Paul va se lier d'amitié avec Stanislaus Katczinsky, un soldat plus âgé et expérimenté qui va lui transmettre des connaissances utiles pour survivre dans les tranchées". (Wikipedia)

    Pour en savoir plus :

    Analyse et critique

    Le livre

    A l'ouest rien de nouveau

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  • Un long silenceNous sommes au début du XXème siècle, dans l'Utah, dans l’ouest américain caractérisé par ses vastes étendues désertiques et les montagnes de la chaîne Wasatch et la capitale Salt Lake City, berceau de l Église mormone.

    *

    « Gary Gilmore est l’un des condamnés à mort les plus célèbres des États-Unis.
    Après avoir passé une partie de sa vie derrière les barreaux pour vols à main armée, il fut accusé de meurtre en juillet 1976, au moment même où la Cour Suprême, dix ans après la dernière exécution, venait d’autoriser à nouveau la peine capitale. En réclamant lui-même sa mise à mort, plutôt qu’une peine de prison à perpétuité Gilmore enflamma le débat dans tout le pays. Il sera finalement exécuté le 17 janvier 1977 au matin.
    Quelques années plus tard, Norman Mailer lui consacrera un de ses chefs d’oeuvre, Le Chant du bourreau. Le frère cadet de Gary, Mikal Gilmore, rédacteur en chef au Rolling Stone magazine, aura tenté pendant des années de mettre cette histoire tragique de côté. En vain.

    Avant qu’elle ne dévaste complètement son existence, comme elle a dévasté les siens, il s’est décidé à la mettre par écrit, pour essayer de mieux comprendre son héritage, dénouer les liens du sang et échapper à la malédiction familiale. Un long silence
    Poussé par l’urgence et un instinct de survie impérieux, il s’est ainsi lancé dans une véritable enquête, à la fois affective, douloureuse, sans concessions, sur sa propre famille, sur son enfance, sur ses origines, entreprenant ainsi un sombre voyage, au terme duquel il a découvert un terrible secret
     ».

    Né le dernier de la fratrie, l'auteur sera le préféré de son père et ne subira pas les violences que ses frères ont dû endurer. Ce livre est un récit autobiographique cru, sans langue de bois, intime et puissant. Il décrit les traumatismes de l’enfance et la résilience possible… ou pas.

    Quoiqu’il en soit, ce « document humain » ne m’a pas laissé insensible.

    Ce livre de 600 pages et plus, je n’ai pas pu le lâcher….. A chaque fin de page, je souhaitais connaître la suite de cette histoire, de cette terrible histoire, une histoire de la misère sociale, intellectuelle et matérielle.

    L’auteur Mikal Gilmore se pose des questions sur ce frère…. Et notamment « où et quand commence le meurtre? » Est-on prédestiné dès sa naissance, de par son éducation, son milieu socio-culturel, à sombrer dans les affres de la délinquance après des années d’enfermement et de violence. Où est la résilience ?

    Un long silenceIL décrit l’enfance mormone de sa mère Bessie devenue folle, sa rencontre avec son père Franck Harry – plus âgé de 24 ans, un escroc alcoolique et terriblement violent – qui a déjà été marié plusieurs fois, eu des enfants qu’il n’a pas reconnu. Et puis il y a Fay, la belle-mère….

    « Bessie aurait dû se dire : Oh ! Oh ! On dirait que j’ai atterri dans une famille avec plus de problèmes que celle que je viens de fuir. Mais elle ne s’est rien dit de tel. Bessie est restée, malgré les terribles secrets, et les perspectives effrayantes. Elle est même restée quand les cuites, les raclées et les disparitions ont commencé pour de bon.

    Elle avait ses raisons

    Et nous – les fils – sommes le fruit de cette décision. »

    Ce couple infernal engendrera quatre fils, : Franck Jr l’ainé, puis Gaylen, Gary et enfin lui, Mikal. Ses trois frères ne sortiront pas indemnes d’une famille bâtie sur de vieilles rancœurs et des mensonges.

    Un long silence

    Un long travail de mémoire a été nécessaire pour comprendre certains épisodes douloureux ; Mikal en vient à la seule explication entendable : « c’est une histoire de destruction » ; et il ajoute « Franck Gilmore et Bessie Brown étaient deux êtres pitoyables et misérables. Je les aime, mais je dois dire ceci : c’est une tragédie qu’ils aient eu des enfants ».

    A la dernière page, je me pose la question : comment se construire au sein d’une famille dont les liens familiaux sont animés par la brutalité, les coups, le désamour et des pulsions de mort ? Aucune voie n’est possible pour la résilience et Gary l’a fort bien compris en demandant son exécution immédiate : car selon la loi mormone, « ce n'est que lorsque le sang se répand sur la terre que les péchés sont expiés », sinon, la malédiction continue.

    Une très belle enquête familiale….

     *

    Pour en savoir plus :

    L’État de l’Utah (wikipedia)

    John Smith (Wikipedia)

    Fiche généalogique de Bessie, mère de Gary (Geneanet)

    Un long silence

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  • Histoire de femmes et de mères  16-18ème siècleQuatrième de couverture :

    « Leur vie est un témoignage de notre vie ». Au gré des archives se dévoile le destin des oubliées de l'Histoire : les femmes des campagnes françaises aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle. Grâce à des documents originaux et inédits, découvrez leur véritable histoire à travers le récit de centaines d'anecdotes et faits divers qui les révèlent au quotidien dans leurs conditions matérielles, leur travail, leur famille, leurs liens sociaux, culturels, leurs relations aux hommes (séduction, amour, passion, violence, viols, meurtres...), à l'autorité, à la religion, à la justice, à leurs enfants...
    Les violences qu'elles subissaient avec courage et combativité sont le reflet de leur place dans la société d'Ancien Régime. Ces inconnues, par leur ténacité, ont forgé la femme d'aujourd'hui.

    *

    Frédéric FEVRIER, professeur d’Histoire-Géographie et généalogiste, a compulsé les archives et égrené des milliers de pages de registres paroissiaux pour retranscrire les histoires des femmes, des mères de nos familles ordinaires.

    La couverture du livre nous donne déjà un avant-goût de son contenu : des visages marqués, témoins d’un travail laborieux, des enfants aux mines tristes et sales attendant le bon vouloir du « vieux » - pardon du père ! - celui qui joue du flageolet, bien heureux et le ventre bien rempli (miche de pain, le verre de vin et l’assiette vide) et la femme au premier plan, usée, fatiguée, soumise, avachie…. (tableau de Louis LE NAIN 1851 - 1903)

    Pour le plaisir de ses lecteurs, l’auteur a respecté certaines écritures d’ancien français tout en rendant accessible leur lecture. Et pour une meilleure compréhension, il a également éclairé les chapitres de références et de textes de lois incontournables pour l’époque et bien utiles pour un généalogiste amateur comme moi.

    Il est question de femmes, bien sûr, mais aussi de leurs enfants :

    • Des déclarations de grossesse surprenantes, où le viol est le quotidien de beaucoup de femmes : « il la coucha sur l’escallier et la connut charnellement malgré tous les efforts qu’elle fit pour se déffendre »
    • Des femmes à l’honneur bafoué dans l’indifférence générale, des femmes répudiées et malmenées
    • Des femmes au caractère bien trempé mais que l’on a qualifié de sorcières pour mieux les museler
    • De véritables « sorcières » ou du bien qui le revendiquent ; mais ont-elles réellement le choix….
    • Des femmes assassinées : « un potage à l’arsenic pour se débarrasser de son épouse »

    Il n’était pas bon être une femme sous l’Ancien Régime….

    Outre les femmes, les enfants ont également la vie dure ; « malformation, accidents de grossesse, traumatisme des accouchements, coups de froid pris durant le baptême quand l’église n’est pas chauffée, coliques, diarrhées et fièvres, dysenterie, entérocolites… provoquent des hécatombes.

    Une autre cause de mortalité est l’étouffement dans le lit familial... »

    Et l’auteur de conclure : « Etre une femme au 18ème siècle est loin d’être une sinécure ».

    Merci à Frédéric FEVRIER pour ce merveilleux recueil mais également mille mercis aux curés de nos campagnes qui, méthodiquement et inlassablement, ont écrit dans les registres le quotidien de nos mères.

    *

    Pour en savoir plus :

    Vie au quotidien au XVII ème

    Être une femme au XVIIème siècle

    XVIIIème siècle : La femme entre nature et société

    Histoire de femmes et de mères  16-18ème siècle

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  • Ce roman régional est un très bel hommage que l’auteur rend à son grand-père, courageux, persévérant, aussi rude que les montagnes qui l’entourent, mais fier de ses racines et dont le « bleu des yeux ressemblait à celui d’un ciel délavé par la pluie ».

    Christian SIGNOL est originaire du Quercy ; cette histoire se passe donc dans le causse de Martel, département du Lot.

    L’auteur explique : « Pour la plupart des familles françaises, passées en trois générations de la paysannerie à l'université, le XXe siècle a été un formidable ascenseur social. L'histoire de ma famille maternelle est symbolique de cette évolution, et c'est pourquoi j'ai eu envie de la raconter. Ce que nous sommes aujourd'hui, nous le devons au travail acharné, aux sacrifices, à l'obstination de nos aïeux, de nos parents, qui ont lutté pour que leurs enfants, leurs petits enfants, un jour, vivent mieux. Leur vie sur une terre que souvent ils ne possédaient pas était rude, difficile : ils rêvaient des dimanches pour prendre enfin un peu de repos, leur seule récompense avec le pain de chaque jour. Nombreux seront ceux qui se reconnaîtront dans ces pages où s'exprime avant tout la gratitude que nous devons à ces hommes et ces femmes humbles et courageux. »

    *

    Né d’une mère célibataire, qui elle-même vivait dans une extrême précarité, Germain est confié de famille en famille jusqu’au jour où sa mère Eugénie décide de le garder auprès d’elle, estimantIls rêvaient des dimanches qu’elle possède assez d’argent pour s’occuper de « son petit ». Il n'a alors que sept ans. Mais le bonheur de vivre à deux ne dure pas bien longtemps ; malgré la misère et le dur labeur, la mère et le fils sont des « gens simples, pas habitués à se plaindre, mais seulement à courber le dos sous les orages, avant de trouver la force de se redresser. »

    Germain subira deux guerres, dont la Der des Der, la plus terrible parce que « coupable de revenir vivant alors que d’autres étaient morts ».

    Mais Germain est un battant, s’accrochant à une « éternelle obsession d’offrir à sa famille des conditions de vie moins précaires », se jurant de devenir son maître : « un jour, je serai patron ! ».

    Avec son épouse Germaine, ils n’auront qu’un seul objectif : « … qu’importaient la fatigue et les journées sans fin ? Pour lui comme pour elle, construire une vraie famille, se conduire en parents responsables, représentaient une revanche sur leur vie, ayant tous les deux souffert de l’absence d’un père ».

    Ils rêvaient des dimanchesTout dans ce livre résonne en moi….

    « …. j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression – la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus, : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

    Ma famille « ordinaire » a pu elle aussi s’émanciper de cette condition paysanne, au prix de terribles sacrifices sans commune mesure avec ma vie d’aujourd’hui.

    Qu’ils soient tailleurs, journaliers, tanneurs, cultivateurs, mineurs de fond, couturières ou dentellières, tous mes ancêtres ont permis à leurs descendants de prendre l’ascenseur social et de sortir de leurs conditions de « serfs ». Respect pour ces aïeux qui montraient autant d’attachement aux valeurs de travail et d’engagement.Ils rêvaient des dimanches

    Christian SIGNOL nous parle d’un monde qui n’existe plus, « d’une époque, d’une génération témoin d’un siècle qui vit le monde changer plus vite que pendant les dix neuf siècles précédents ! »

    Que d’émotions à la lecture de ce roman…..

    *

    Pour en savoir plus :

    Le portail patrimoine du Lot

    L’architecture rurale en Quercy : l’habitat aux XVIIIe et XIXe siècles

    L’évolution de la maison individuelle sur les Causses du Quercy (à partir de la page 10)

    L'architecture rurale en Quercy

    Maisons paysannes de France : le Lot

    Généalogie dans le Cantal : les ressources généalogiques utiles (Geneafinder)

    Généalogie dans le Lot : les ressources généalogiques utiles (Geneafinder)

    Journaux des unités engagées dans la Première Guerre mondiale (Mémoires des Hommes)

    Ils rêvaient des dimanches

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  • Le journal d'une femme de chambreCe roman paraît pour la première fois dans le journal L'Écho de Paris en 1891 puis en volume en 1900. L’auteur Octave MIRBEAU (1848 – 1917) est un journaliste, écrivain, critique d’art, et un pamphlétaire redouté.

    Ce roman social, très audacieux pour l’époque, est une pure merveille ! Mais âmes sensibles s’abstenir car le langage y est cru, croustillant, vrai et sans langue de bois….

    *

    Ce récit est le journal d’une jeune domestique, Célestine ; elle y raconte son métier, les humiliations et les difficultés de sa vie. Et je peux vous dire que les événements ne manqueront pas pour colorier son quotidien avec une gouaille plutôt friponne.

    Déçue de ses précédentes expériences parisiennes - « 7 places en 4 mois et demi » - refusant toute soumission, Célestine espère acquérir son indépendance au Mesnil-Roy, en Normandie. La jeune femme au caractère bien trempé devra faire face à la cruauté sociale, à la brutalité masculine, à l’esclavagisme des « bourgeoises rapaces ». Elle sera même contrainte de subir « l’enfer du bureau de placements » où chaque domestique doit se soumettre aux « interrogatoires méchants et criminels » d’une « marchande de viande humaine » à la « dureté railleuse » et à la  « suspicion humiliante » et le tout avec « moult de dédain ».

    *

    « Aujourd’hui, 14 septembre, à trois heures de l’après-midi, par un temps doux, gris et pluvieux, je suis entrée dans ma nouvelle place. C’est la douzième en deux ans. Bien entendu, je ne parle pas des places que j’ai faites durant les années précédentes. Il me serait impossible de les compter. Ah ! je puis me vanter que j’en ai vu des intérieurs et des visages, et de sales âmes… Et ça n’est pas fini… À la façon, vraiment extraordinaire, vertigineuse, dont j’ai roulé, ici et là, successivement, de maisons en bureaux et de bureaux en maisons, du Bois de Boulogne à la Bastille, de l’Observatoire à Montmartre, des Ternes aux Gobelins, partout, sans pouvoir jamais me fixer nulle part, faut-il que les maîtres soient difficiles à servir maintenant !… C’est à ne pas croire. » (...)

    Le journal d'une femme de chambre

    « J’adore servir à table. C’est là qu’on surprend ses maîtres dans toute la saleté, dans toute la bassesse de leur nature intime. Prudents, d’abord, et se surveillant l’un l’autre, ils en arrivent, peu à peu, à se révéler, à s’étaler tels qu’ils sont, sans fard et sans voiles oubliant qu’il y a autour d’eux quelqu’un qui rôde et qui écoute et qui note leurs tares, leurs bosses morales, les plaies secrètes de leur existence, tout ce que peut contenir d’infamies et de rêves ignobles le cerveau respectable des honnêtes gens. Ramasser ces aveux, les classer, les étiqueter dans notre mémoire, en attendant de s’en faire une arme terrible, au jour des comptes à rendre, c’est une des grandes et fortes joies du métier, et c’est la revanche la plus précieuse de nos humiliations...

    De ce premier contact avec mes nouveaux maîtres je n’ai pu recueillir des indications précises et formelles... Mais j’ai senti que le ménage ne va pas, que Monsieur n’est rien dans la maison, que c’est Madame qui est tout, que Monsieur tremble devant Madame, comme un petit enfant... Ah ! il ne doit pas rire tous les jours, le pauvre homme... Sûrement, il en voit, en entend, en subit de toutes les sortes... J’imagine que j’aurai, parfois, du bon temps à être là... »

    *

    Si quelquefois Célestine paraît vulnérable et acculée, elle n’en demeure pas moins insolente Le journal d'une femme de chambrelorsqu’il s’agit de sa dignité ; elle est déterminée à sortir de sa condition. Elle sait hurler « toute la franchise qui est en elle et quand il le faut, toute la brutalité qui est dans la vie ».

    Et puis, il y a Joseph, un personnage dur et sadique, dont elle s’est éperdument amourachée. Parce que Célestine est aussi une « coquine » Son « Joseph » elle finira d’ailleurs par l’épouser et devenir elle-même un peu « maîtresse ». Il faut dire qu’elle était à bonne école. Et comme elle aime à le déclarer « le monde est joliment mal fichu ».

    Ce roman social traite de la condition féminine mais aussi de la condition salariale ; Octave MIRBEAU parle de la bassesse des riches, mais aussi des pauvres qui s’échinent à leur ressembler ; toute la société en prend pour son grade : la bourgeoisie parisienne et ses travers, les provinciales et leurs mœurs d’un autre temps.

    Ce livre est une satyre encore très moderne, qui nous plonge dans un contexte économique, social et politique incroyablement concret.

    Je dira que « le journal d’une femme de chambre » n’a pas pris une ride…. Hélas.Le journal d'une femme de chambre

    *

    Pour en savoir plus :

    Octave MIRBEAU (Wikipedia)

    Octave MIRBEAU le feuilletoniste (BnF)

    Octave MIRBEAU (BnF)

    Le journal d’une femme de chambre (Wikipedia)

    Le journal d’une femme de chambre (le texte sur BnF)

    Le Journal d'une femme de chambre - Octave Mirbeau (Chap1 à 9) - YouTube

    Le Journal d’une femme de chambre – Octave Mirbeau (Chap 10 à 17) – YouTube

    Journal d'une femme de chambre – bande-annonce (2015)

    Le Journal d'une femme de chambre (1900)

    Le journal d'une femme de chambre

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  • Où passe l'aiguilleA 14 ans, Tomas dit « Tomi » est « un fugueur, un malin, un coquin, une canaille ». Il vole, ment, déserte et se décrit lui-même comme le « roi des scélérats ». Du haut de son arbre préféré, il rêve de filles, d'avenir et de gloire.

    Nous sommes en Hongrie, à Beregszasz, en 1944. A l’heure où les allemands répriment et bafouent tous les droits humains, il ne fait pas bon d’être un adolescent têtu et rebelle, et encore moins un jeune juif.

    Tailleur de père en fils, la famille KISS ne voit pas d’autre avenir pour Tomi que de suivre les traces de ses pairs. Mais Tomi résiste et ne le voit pas de cet œil ; il veut devenir plombier ! IL déteste la couture autant qu’il déteste son père….

    « On dit filer la laine, l’affaire a l’air toute mignonne-facile, en réalité c’est la guerre : pour sortir un fil correct il faut battre la laine la tremper l’étirer la tordre, du sauvage, je te dis. D’ailleurs, il en reste toujours quelque chose : quand tu t’apprêtes à passer cette saleté de fil dans le chas il gigote encore. Tu as beau tenir l’aiguille et viser sans trembler, il faut toujours qu’il s’échappe, alors quand il s’agit de le coudre droit… Franchement ce n’est pas de la mauvaise volonté de ma part, on ne peut pas consacrer sa vie à un truc aussi retors ».

    Son père, il en a honte… Honte de cet homme qui lui a menti, honte de cet homme qui baisse la tête devant l’ennemi, cet homme qui est la fierté de tous tant il manie l’aiguille avec aisance….

    Cet homme qui se veut toujours rassurant, même lorsque toute la famille est déportée et séparée. Parce qu’Hermann KISS trouve son salut dans la couture….

    Où passe l'aiguille : le destin extraordinaire de Tomi

    Au camp de Dora-Mittelbau, Tomi va être confronté aux pires horreurs, à l’innomable ; ses certitudes vont s’effondrer comme un château de cartes ; ils sont tous devenus « des cafards de la création », et il va enfin voir son père tel qu’il est : un maître tailleur habile de ses doigts et respecté de tous, même dans les camps de la mort.

    « Si on avait dit à mon paternel qu’un jour il habillerait le IIIème Reich , gratuitement en plus, il ne l’aurait jamais cru et pourtant le fait est : le gratin SS de Dora, obligée de vivre au tréfonds de la montagneuse province où notre camp est planqué mais bien décidé à ne pas renoncer aux plaisirs civilisés qui s’offrent à eux dans les bourgades alentour, a besoin de costumes soyeux et de gants brodés pour se rendre aux bals, aux dîners, aux premières, et c’est mon père, entre autres esclaves, qui s’y colle. »

    Petit à petit, Tomi va changer ; il va comprendre que son salut ne tient qu’à « l’aiguille » et que son père résiste, dans l’ombre : il trafique quelques vols de tissus contre un morceau de pain, pour survivre, et au péril de sa vie. Alors Tomi va tout faire pour intégrer l’atelier de couture, et sauver sa peau....

    « Toute la journée je les regarde faire, les tailleurs, découper, rapiécer, épingler, ils vont vite, ils maîtrisent le fil et il est beau, leur geste, c’est le geste le plus beau de la journée, le plus propre de tout le Lager. Ici, manger est sale, on lape. Sie fressen, disent les Allemands, comme pour les animaux. Terrasser est sale aussi, pousser des wagonnets pleins de boue ça pue, ça colle, ça tache, ça fait suer, mais coudre à la main c’est impeccable. En plus, ça n’a pas l’air sorcier : l’aiguille par-dessus par-dessous et rebelote. Je saurai le faire, je le sens ».

    Après le camp de Dora, c’est évacuation sur Bergen-Belsen, en Allemagne ; les alliés avancent et les nazis ont bien compris qu’ils avaient perdu la guerre….

    Pour Tomi, c’est une nouvelle existence qui commence, bien loin de son insouciante adolescence.

    « Je m’appelle Tomas . Tomas Kiss. J’ai 16 ans. Je n’ai plus de famille mais dix-huit œufs, une veste d’homme, un vrai couteau et quatre certitudes : je n’aurai plus jamais peur. Je n’aurai plus jamais faim. Je n’aurai plus jamais de poux. Plus jamais je ne serai un sale petit juif. »Où passe l'aiguille : le destin extraordinaire de Tomi

    Des confins de l’Europe centrale jusqu’au sommet de la mode française, Tomas Kiss n’aura de cesse d’avancer et de rester fidèle à ses convictions, acquises au cours de son périple dans l’univers concentrationnaire.

    Encore un livre sur la déportation, me direz-vous, mais pas que ! Ce roman est une histoire vraie, une belle leçon de vie et de courage. De ce récit émane une véritable force de vivre, de vaincre, de réussir. IL affirme des valeurs de travail et d’honneur, d’entraide et d’amitié indéfectible. Il parle aussi des relatifs père-fils…..

    « La couture. Il lui est resté la couture, Tomi. Celle que son père lui avait apprise et avant lui son grand-père, et le père de son grand-père, la couture qui t’habille et qui te nourrit, celle qui te permet d’être quelqu’un, un homme et pas une bête, depuis toujours, depuis le premier type dans la première caverne, Tomi, la couture ! Celle qui te sauve à n’importe quel coin de la planète, même le plus crasseux des trous noirs du monde, celle qui t’aide à tout oublier et à renaître, oui à renaître.

    Mon père glisse son dé au creux de ma main.

    Ici, on n’a plus rien, Tomi, tu as raison. Ta chance, ta fortune, ton avenir, ta patrie, ta famille, tout est entre tes mains, mon fils, tout est là maintenant, seulement là et nulle part ailleurs. »

    Où passe l'aiguille : le destin extraordinaire de TomiAlors, oui, encore un livre sur la guerre, mais surtout un livre qui impose le respect, la retenue, un livre écrit avec sérieux et décence, un livre qui m’a aidée à comprendre le silence qui hurle au fond de chaque victime, des souffrances que l’on ne peut décrire tant l’innommable est bien réel et brutal.

    Ce roman est un livre douloureux mais vivant, un formidable témoignage, où se mêlent humour et révolte, un livre cru et sans langue de bois.

    Et puis si ce livre parle de l’horreur, il s’ouvre aussi sur Paris, Paris et les « filles », ah les filles, les loisirs et des projets pleins la tête ! « La France – ce pays sans pogrom que les femmes traversent sur des talons hauts ». Car Tomi va pouvoir se reconstruire dans la couture pour les femmes : « la mode des femmes est inconstante, c’est même sa qualité première. Elle rugit, elle emporte tout sur son passage puis elle disparaît pour rejaillir l’année suivante, différente, irrésistible, c’est une cascade la mode et tu es emporté avec elle, à chaque saison tu renais, il fait bon se plonger là-dedans quand on a beaucoup à oublier. »

    Ce livre est le récit de la vie de Tomas Kiss… les dernières pages sont tellement belles...Pleines de poésie, elles appellent à la réflexion. Toute sa vie, Tomi a voulu échapper à ses fantômes, mais « nos fantomes sont à jamais décousus et leur absence une plaie qui ne se suture pas, même avec des mains d’or. »Où passe l'aiguille : le destin extraordinaire de Tomi

    Il sait que l’inimaginable finit par exister… à force de travail et de croyances.

    « La vérité : quand je couds, je n’ai pas de vision. Je ne vois pas le camp, les punitions, l’appel ou pire. Je me concentre, l’aiguille passe et repasse, chaque geste mille fois répété et doucement je deviens le fil, je deviens l’aiguille, je suis le tissu piqué et l’air que je respire, le rythme de la machine et le bruit de l’atelier. Lorsque je travaille, comme quand je danse, je l’oublie. Alors je me lève me lève à cinq heures, j’attrape le premier métro et jusqu’au soir j’assemble des chemisiers affriolants, des corsages à pompons, des jupettes fleuries. En plus tout est payé à la pièce : plus on travaille plus on gagne mieux on vit, c’est magique, c’est merveilleux, c’est automatique, rien ne peut empêcher ça en France. »

    Pour en savoir plus :

    L'interdiction de Chaatnez 

    La Bat/Bar-Mitsva (Judaisme en mouvement)

    Le camp de Dora-Mittelbau (Territoires de la Mémoire)

    Entre thérapie et tabou, le tortueux rapport des juifs hongrois à leur généalogie

    L’holocauste en Hongrie (site Degob.org)

    TEMOIGNAGE. Les 9.000 vies du camp nazi de Dora (France3 – Grand Est)

    Véronique Mougin rompt le silence du déporté #55789 dans son nouveau roman

    Mittelbau-Dora : l'histoire du camp

    [DOCUMENTAIRE] Les 9000 vies du camp nazi de Mittelbau-Dora

    Mittelbau Dora : photos et videos

    Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (AFMD)

    Encyclopédie multimédia de la Shoah

    Camps de concentration nazis (Wikipedia)

    Les marches de la mort

    Où passe l'aiguille : le destin extraordinaire de Tomi

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  • La chair des étoiles1917, La Viletelle, un petit village creusois.

    Anna, vingt ans, est mariée depuis trois ans à Pierre. Lors d’une courte permission de son mari, Anna prend conscience de l’inconnu qu’il est devenu . D’un époux aimant et attentif, Pierre est devenu un homme dur, violent, aux gestes blessants.

    Entre une belle-mère acariâtre et le frère cadet de Pierre, Anne se sent étriquée dans sa « petite vie de paysanne ». Et ce n’est pas Berthe, l’institutrice révoquée qui lui dira le contraire ! Peut-être lui ouvre t-elle les yeux sur des questions qui dérangent et ne fassent voler en éclats toutes ses illusions. Quoiqu’il en soit Anna prend la décision de quitter sa Creuse natale pour la grande ville de Saint Etienne.

    Elle entre dans une usine d’armement comme munitionnette : du fait de son éloignement du front, Saint-Étienne devient l’Arsenal de la France ; Anna y travaille de jour, de nuit, jusqu’à en oublier Pierre, jusqu’à en devenir folle et vouloir en finir….

    La chair des étoiles

    Et puis Simon, un juif rescapé d'un camp de prisonniers en Allemagne, la sauve du suicide ; c’est le coup de foudre... Anna ose alors  espérer que sa vie va devenir merveilleuse, illuminée par ce grand amour… mais l’ombre de Pierre resurgit…. Pierre qui a fait entrer l’horreur dans leur intimité, la laissant seule face à une désespérante interrogation. « Je leur ai donné un agneau, ils m'ont rendu un loup. » Comment est-ce possible ? Qu’a-t-il bien pu subir sur le front ?

    La chair des étoilesAvec Simon, l’amour est différent. Anna vient à en oublier que le corps des femmes appartient à la Nation ; la société n’accepte pas cet adultère, tandis qu’un soldat, son Pierre, héros décoré de la croix de guerre se bat encore dans les tranchées.

    La société l’a déjà condamnée… La haine se déchaîne contre elle : en trompant son époux, Anna trompe tous les soldats. Elle est condamnée pour adultère et est emprisonnée pour plusieurs mois. Elle y retrouvera d’ailleurs ses amies syndicalistes. IL ne fait pas bon d’être ouvrier et de surcroît une femme, par ses temps troublés.

    L’humiliation, Anna connaît bien : avec sa belle-mère, sa dernière nuit avec Pierre, la prison et maintenant la rue….

    Elle a tout perdu, elle est épuisée et à moitié morte de faim lorsque surgit le beau militaire américain William Allenby : « Je veux vous aider à vous relever, Anna. Pour vous, mais aussi pour le principe. Au nom d’une certaine idée de l’homme. De sa liberté. Je veux confondre les imbéciles qui se sont acharnés à votre perte. (…) Rappeler à tous ces lâches que notre cœur nous appartient ainsi que notre corps. »

    Cette descente aux enfers est pour Anna le début d'une reconstruction. Comprendra t-elle un jour « qui a rendu Pierre méconnaissable. Qui a fait d’un mari paisible un loup blessé revenant au pays » ?La chair des étoiles

    Anna est à la quête de son identité : « chercher dans la manière qu’on a eu de m’aimer ou de me haïr les signes dispersés de mon identité ».

    La guerre n’est toujours pas terminée et elle s’engage en donnant de son temps au CARD, le comité américain pour les régions dévastées. « Bergère des ruines », seule avec son chien Bull, au milieu du néant, elle apprend à se connaître…. Maintenant qu’elle a tout perdu, elle se sent libre.

    La vie ne l’aura pas épargné mais elle aura peut-être appris une chose : « tous les amours se ressemblent. A vif. Taillés dans la chair des étoiles. » Ah, j’oubliais, elle sait ,maintenant, que les hommes pleurent aussi….

    Avec sensibilité, l’auteur Jean-Guy Soumy dresse le portrait d'une jeune femme aux prises avec la Grande Guerre et tous les grands bouleversements qui en découlent  ; Anna témoigne du vécu des femmes de son époque : nous savons tous que les femmes sont massivement entrées à l’usine, qu’elles ont labouré les champs, maintenu les boutiques ouvertes en l’absence des hommes, que leur vie n’a pas été facile, que le quotidien était douloureux, avec des souffrances banales, des difficultés peu glorieuses, mais passées sous silence

    Anna témoigne pour ceux et celles dont les noms ont été gommées par l'Histoire ; c’est un extraordinaire roman sur la condition féminine au début du XXème siècle, richement documenté.

    *

    Pour en savoir plus :

    1914-1918 – Les ouvriers du bassin stéphanois pendant la Grande Guerre (GREMOS - Groupe de Recherches et d’Études sur les Mémoires du Monde Ouvrier Stéphanois)

    L’industrie d’armement à Saint Etienne (Images Défense)

    Les traboules stéphanoises (France Info3)

    Autour du Panassa à Saint Etienne (Geneanet)

    Témoignages allemands du 16 avril 1917 (Des lieux d’histoire dans l’Aisne : Chemin des Dames)

    Abécédaire de la Grande Guerre (les brassards rouges)

    Affaire, amour, affection : le mariage dans la société bourgeoise au XIXe siècle (Persée)

    Le fonds du CARD de la bibliothèque de Soissons dévoilé par le CCFr et Gallica (BNF)

    Le Fonds Anne MORGAN ( le CARD)

    La chair des étoiles

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  • Mauvais genreLouise Landy est née le 10 mars 1892 et Paul Grappe le 30 août 1891

    Elle a obtenu son certificat d’études à 13 ans et lui à 15. Ils n’ont ni l’un ni l’autre de « signes connus de déséquilibre mental », comme on disait à l’époque, mais une simple plainte pour exhibitionnisme à l’encontre de Paul, plainte qui n’a d’ailleurs pas abouti.

    Louise et Paul s’aiment éperdument, fougueusement... mais la Grande Guerre va les séparer.

    Paul ne supporte pas les horreurs de cette terrible guerre de tranchées et s’évade pour retrouver Louise, à Paris.

    Logé dans un hôtel minable avec la seule paie de couturière de Louise, Paul tourne en rond. Louise est épuisée de ses journées de travail et Paul s’ennuie, s’alcoolise et les cauchemars refont surface.

    Pour fuir la folie entre quatre murs, et surtout échapper à la peine mort réservée aux déserteurs, Paul se travestit et avec la complicité de sa femme, devient Suzanne. Durant dix ans…..

    Durant dix longues années, Paul va pousser la dissimulation et le changement d’identité au-delà des genres, s'adonnant avec une certaine délectation (pour ne pas dire une délectation certaine !) aux plaisirs de la nuit.... A tous les plaisirs..... Paul se prend au jeu et se perd dans le personnage qu’il a créé et qu’il se prend à aimer.Mauvais genre

    Louise, fidèle, soumise, le suit pour ne pas le perdre…. Jusqu'à commettre l'irréparable...

    Ce livre n’est pas une BD mais un roman graphique ; il est une illustration de la très mince frontière qui sépare l’amour de la haine ; certains sentiments sont si exacerbés qu’ils peuvent faire basculer dans la perdition et l’abomination de l’Autre.

    J’ai savouré chaque page de ce livre aux dessins gracieux et au trait juste. Le récit est bouleversant, quelquefois cru mais sans jamais tomber ni dans le voyeurisme, ni dans le sordide malgré des situations grivoises et glauques. Les personnages sont attachants dans leurs faiblesses, dans leurs contradictions, parfois touchantes, parfois détestables…. Mais vous avez bien compris : j’ai adoré ce livre qui traite de thèmes aussi complexes que sont la guerre et ses traumatismes, la désertion et le patriotisme, la violence conjugale, l’alcoolisme, mais aussi la quête de soi et sa propre identité.

    Mauvais genreL’auteure, Chloé CRUCHAUDET s’est inspirée de l’incroyable histoire du couple Grappe, de Louise et Paul qui se sont aimés et déchirés dans le Paris des Années folles. Pour cette œuvre, l’illustratrice a reçu le prix d’Angoulême 2014

    Pour en savoir plus :

    Bande dessinée et roman graphique : quelles sont les différences ?

    Angoulême 2014, Chloé Cruchaudet

    Mauvais genre - Chloé Cruchaudet

    La garçonne et l’assassin (Centre d'histoire sociale des mondes contemporains)

    Une grave affaire de désertion

    L’affaire Louise Landy : le drame conjugal qui a marqué les années 1920

    La garçonne et l'assassin. Histoire de Louise et Paul, déserteur et travesti...

    La confusion des sexes : l’assassinat de madame Suzanne, déserteur de la Grande Guerre (OpenEditions Book)

    Nous n’irons plus au bois (France Culture)

    Mauvais genre

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  • Un bouquet de dentelleDébut du XXème siècle, dans un petit village aux alentours de Cambrai.

    L’auteur Mari-Paule Armand, conteuse d’antan, nous entraîne au pays de la dentelle….

    Trop tôt orpheline comme de nombreuses petites filles de son âge, Emmeline est confiée aux sœurs d’une paroisse où elle apprend à coudre, à ourler, à roulotter… Le destin de l’enfant devenu femme semble tout tracé, dans un univers où elle apprend tous les secrets du lin, du drap et du tulle.

    « La toile de lin, connue sous le nom de toile de Cambrai, servait à fabriquer du linge de maison, des serviettes, des nappes, des draps – que nous appelions des lincheux. Certaines toiles, plus fines – batistes et linons – étaient destinées aux mouchoirs, à la lingerie, la chemiserie, ou aux tissus d’été. »

    A sa majorité, Emmeline peut enfin envisager la liberté ; elle est déjà une femme docile, soumise et vit un amour idyllique avec Gery. Mais la réalité des classes sociales la rattrape et sa vie bascule le jour où son amour disparaît dans un accident. Le couple n’était pas marié….

    Emmeline prend alors conscience de la précarité de sa situation de fille-mère, au sein d’une société faite par les hommes et pour les hommes : la dure condition d’une jeune femme roulotteuse prête à tous les sacrifices pour ne pas chavirer dans la misère….Un bouquet de dentelle

    Ce livre est un roman émouvant de l'histoire du Nord de la France et d'un peuple que rien n’a épargné. La région tout entière, de la plus humble ouvrière à l'industriel le plus opulent, vit du tissage et du textile.

    Un livre très facile à lire mais que je n’ai plus lâché, soucieuse de connaître la fin de l’histoire, une histoire qui aurait pu être celle d’une de mes ancêtres.

    IL est très souvent raconté le quotidien des mineurs de fond, des puisatiers, des maçons et des cultivateurs, mais les femmes, leurs épouses, leurs mères, leurs soeurs ? Que dit-on de leur vie de tous les jours, de leurs souffrances au travail, de leurs mains usées aux doigts noueux et tordus, de leurs épaules endolories qu’elles ne peuvent plus se redresser, de la lumière de leurs yeux qui s’éteint irrémédiablement chaque jour ? Ah, excusez-moi, l’homme va rentrer, et il doit manger...et repartir demain avec des vêtements propres….

    Un bouquet de dentelleUn bouquet de dentelle

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pour en savoir plus :

    Le patrimoine disparu du Nord de la France (Cambrai)

    Un savoir-faire : le roulottageUn bouquet de dentelle

    La technique du roulottage

    La confiserie Afchain

    Afchain, ou les Bêtises de Cambrai sous toutes leurs formes

    Les maîtres-confiseurs à Cambrai

    L’origine de Caudry

    Caudry : du lin à la dentelle

    Caudry : au pays de mes ancêtres

    Le patrimoine disparu du Nord de la France (Caudry)

    Les petits mouchoirs roulottés à la main

    Le nord en dentelle (E-book)

    Les dentelles

    Un bouquet de dentelle

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  • Jacques, l'enfant cachéEmmanuelle Friedmann a voulu témoigner sur ce que son père a vécu enfant, un enfant innocent et victime de la folie meurtrière des nazis ; dans ce roman historique, l’auteur n’a ménagé ni l’émotion ni la gravité de l’Histoire.

    Paris 1943. Le petit Jacques, 7 ans, est seul à la maison lorsque les nazis frappent à la porte pour arrêter sa maman, encore au travail. Ils ont dit qu’ils repasseront le soir…. Alors Jacques attend Bilma à la sortie du métro pour la prévenir ; il a bien compris, malgré son jeune âge, que leur vie est en danger ; ils doivent fuir.

    En 1941, Jacques avait déjà perdu son père, héros de la résistance, fusillé par les Allemands. Alors il n’est pas prêt à perdre sa mère….

    « Jacques avait dû apprendre à vivre avec cette peur terrible de voir les gens qui l’entouraient disparaître . Mais tant qu’il était près de sa mère, il avait du courage. Il était persuadé qu’il ne pourrait pas survivre sans elle. Dans son esprit, la perdre signifiait mourir ».

    Pour éviter des hébergements successifs et précaires, la maman de Jacques confie son enfant aux bons soins du pasteur Jousselin. Ainsi rassurée de mettre son enfant à l’abri, Blima pouvaitJacques, l'enfant caché travailler : « ces quelques heures travaillées étaient l’occasion d’oublier un instant la guerre ».

    Jean Jousselin est un pasteur protestant, adepte du Baden-Powell, le scoutisme dont la devise «Toujours prête » emprunte les initiales du Fondateur (dans le texte britannique "Be Prepared") et pratique des objectifs éducatifs. Mais le scoutisme de Jean Jousselin applique essentiellement l’hébertisme, cette doctrine qui permet « aux enfants de développer au mieux leur corps en s’appuyant sur dix thèmes principaux : la marche, la course, le saut, le grimper, le lever, la quadrupédie, le lancer, l’équilibre, la défense, la natation. »

    Jean Jousselin était intimement persuadé que « cette guerre était atroce et la doctrine nazie, un fléau pour l’humanité. Résister à l’occupant était une nécessité absolue si l’on voulait respecter son prochain. Il pensait que les Français en prendraient conscience progressivement et qu’ils apporteraient leur pierre à l’édifice de la solidarité. »

    Quoiqu’il en soit, tout en continuant son activité de directeur à la Maison Verte dans Paris, le pasteur Jousselin créé un centre de vacances au château de Cappy, à Verberie, dans l'Oise, où de nombreux enfants juifs attendent des jours meilleurs.

    Dès son arrivée à Cappy, le petit Jacques ne pensait qu’à s’enfuir…Mais l’enfance reprend ses droits ; et pourtant, il n’oublie pas….

    « Et lorsqu’il serait assez grand, il se battrait, comme les résistants, comme son père, contre l’obscurantisme et l’injustice, contre les bourreaux, d’où qu’ils viennent.

    Jacques, l'enfant cachéAvec le temps, Jacques découvrait que la peur n’empêchait pas le courage. Il aurait été stupide de nier qu’il avait tout le temps peur, mais jusqu’à maintenant, cela ne l’avait pas empêché d’agir et de se montrer brave quand il le fallait. Dès qu’il sentait une menace, il savait d’instinct ce qu’il avait à faire ».

    Un livre émouvant qui m’a rappelé le triste épisode où mon père s’est retrouvé face à la police de Vichy, un soir que ma grand-mère travaillait tard. Mon grand-père s’était enfui d’un camp et était recherché. Il était caché quelques maisons plus haut… Mon père avait alors 13 ans et il n’a rien dit. 

    Pour en savoir plus :

    Jean Jousselin (AJPN) et Paris en 1939-1945

    Le Maitron

    L’épopée de Cappy sous l’occupation de 1943 à 1944

    Musée de la Résistance

    Robert Baden-Powell (Wikipedia)

    La nature comme guide

    La Maison Verte durant la Seconde Guerre mondiale (AJPN)

    Le château de Cappy (histoire du scoutisme)

    Des Juifs d’Afrique du Nord au Pletzl ? Une présence méconnue et des épreuves oubliées (1920-1945) 1ère partie et 2de partie

    Etoile jaune : le silence du Consistoire central

    Résistance de sauvetage et Protestants dans l’Oise

    Jacques, l'enfant caché

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  • Le jardin secret de VioletteCe roman « régional » évoque la mémoire des nourrices morvandelles, très prisées dans la capitale à la fin du XIXesiècle.

    Nous sommes en 1885, à Lormes, petite commune de la Niève dans la région du Morvan. Le couple Vital attend son premier enfant ; Bertin est galvacher et part plusieurs mois sur les routes avec ses bœufs ; Violette se retrouve souvent seule dans leur masure, pauvre et dénuée de tout confort, mais où la jeune femme cultive un bonheur simple ou du moins sait s’en contenter.

    Mais Bertin se lasse de cette vie itinérante, harassante ; il a une idée en tête : que son épouse aille en « nourriture » chez des bourgeois à Paris. Les nourrices morvandelles ont fières réputations ; elles sont « choyées » durant plus d’une année et s’en reviennent au pays avec un petit pécule qui améliore les conditions de vie de leur famille. Au prix d’un lourd sacrifice toutefois : se séparer de leur tout-petit……

    A 19 ans et pour l’amour de Bertin, Violette part dans la demeure parisienne des Brissac, loin de sa famille, loin de sa petite Alexine. Et quel terrible secret cache la chambre du fond ? Qui est Colombe, la nièce « différente » de madame Brissac ?La vie de VioletteLe jardin secret de Violette va être totalement chamboulée et d’autant plus lorsqu’elle rencontre le docteur Zacharie Mayer. Simple aventure ou grand amour ? Doit-elle revenir dans son Morvan natal cher à son cœur, ou bien rester sur Paris, ville de plaisirs et de culture ?
    A travers l’histoire de Violette, l’auteur Lyliane MOSCA revisite ce fait historique qu’est le déracinement des nounous morvandelles ; le récit oppose deux milieux sociaux :

    • celui des morvandiaux, rustre, précaire, impitoyable, aux maisons froides qui laissent passer les vents des hivers rigoureux ; un Morvan aux paysages verts, une «  région sauvage, repliée sur elle-même », aux coutumes tenaces mais bien ancrées dans la terre qui les porte, la vie au village avec ses potins et ses langues de vipères, mais aussi le souci du quotidien, faire bouillir la marmite comme on dit, tandis que l’homme est au bistrot….
    • celui des bourgeois parisiens, aux demeures chichement aménagées et accueillantes, aux pièces démesurées et raffinées, débordantes de luxe, aux bibliothèques bien fournies, à la vie apparemment sans souci, et pourtant, il existe tant de secrets….

    Le jardin secret de VioletteMalgré la droiture et la loyauté dont fait preuve la jeune nourrice, le retour au pays sera plus compliqué qu’il n’y paraîtra…. Tourments, épreuves et humiliations, il faudra pourtant que Violette y survive.

    Pour en savoir plus :

    Lormes

    Lormes, balade historique….

    Au pays de mes ancêtres

    Le galvacher morvandiau

    Les nourrices morvandelles

    La galvache

    Tirachiens et galvachers

    Un Morvan très nourrissant (Libération)

    N comme nourrice morvandelle

    Le jardin secret de Violette

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  • L'art héraldique au Moyen AgeCe très beau livre présente plus de 120 chefs-d'œuvre héraldiques, sur différents supports : boucliers tapisseries, sculptures, peintures, émaux, etc.… ce qui m’a permis de saisir la portée esthétique d'un art totalement méconnu.

    En France moderne, le mot « blason » n’est pas l’exact synonyme du mot héraldique. Ce dernier qualifie la science qui a pour objet l’étude des armoiries. Le terme « blason » a un sens plus limité ; il désigne l’ensemble des figures, des couleurs et des règles qui composent les armoiries.

    Contrairement aux idées reçues, tout le monde peut posséder des armoiries. Mais depuis la Révolution Française, les rumeurs se sont accordées à croire qu’elles étaient des marques de noblesse.

    « Nulle part en Europe occidentale (…) entre le XIIème et le XVIIIème siècle, l’usage des armoiries n’a été réservé par la noblesse. Chaque individu, chaque famille, chaque personne morale, communauté ou institution a toujours été libre d’adopter les armoiries de son choix et d’en faire l’usage privé qui lui plaisait, à la condition de ne pas usurper les armoiries d’autrui. »

    Et l’auteur ajoute : « c’est un peu comme la carte de visite d’aujourd’hui : chacun peut en posséder mais tout le monde n’en possède pas. »L'art héraldique au Moyen Age

    Jusqu’au XIIIème siècle, les armoiries restent attachées à un fief et non à une famille ; elles sont notamment un signe de reconnaissance sur les champs de bataille. Elles se transmettent de manière héréditaire. Au XIIème siècle, la « jeune héraldique tire son héritage des sceaux et des monnaies ».

    Concernant les villes, dès le XIIIème siècle, elles reprennent comme armoiries celles de leur seigneur, de leur fondateur ou les attributs de leur Saint Patron ;

    Voici quelques exemples :

    • un ours pour Berne (Bär / Bern)
    • une fleur de lys pour Florence (Flos / Florentia)
    • un lion pour Lyon
    • une roue de moulin pour Mulhouse (Mühle / Mühlhause)

    L'art héraldique au Moyen Age

    Toutes les armoiries sont soumises aux différentes règles du blason et puisent dans le même répertoire de couleurs et de figures.

    Couleurs et règles d’association

    L’héraldique n’emploie que 6 couleurs, plus une dernière, citées par ordre de préférence :

    L'art héraldique au Moyen Age

    L'art héraldique au Moyen AgeL’auteur M. PASTOUREAU précise toutefois qu’il ne suit pas le classement habituel des héraldistes modernes qui qualifient les couleurs d’émaux et les subdivisent en métaux et couleurs proprement dites.

    Il est interdit de juxtaposer ou de superposer 2 couleurs d’un même groupe ; l’origine de cette pratique reste inexpliquée. On suppose une meilleure lisibilité….

    Une originalité de l’héraldique est à souligner : l’emploi de deux fourrures, le vair (écureuil) et l’hermine, toutes deux bichromes dans leur représentation mais pensées comme monochrome dans leur réalisation ; elles sont l’héritage d’un héraldique primitif.

    Si le nombre des couleurs est fixé à 7, le répertoire des figures des figures est ouvert à toute imagination.

    Le bestiaireL'art héraldique au Moyen Age

    Le roi du bestiaire reste le lion ; mais l’aigle n’en est pas moins vedette.

    Chez les Germains, Celtes ou Slaves, le bestiaire des guerriers s’articule autour de l’ours, le sanglier, le cerf, le loup, l’aigle, le corbeau, le cygne, le cheval, le saumon et le dragon (serpent).

    « Qui n’a pas d’armes porte un lion » (Adage du XIIème siècle)

    Le lion est paré de toutes les vertus : force, courage, fierté, générosité, justice. Il est le symbole du pouvoir.

    Il est souvent représenté de profil ; il peut avoir la tête de face, il se nomme alors « léopard ».

    Dans les bestiaires médiévaux, le léopard a la réputation d’être un animal « bâtard », cruel et diabolique.

    L'art héraldique au Moyen AgeL’aigle du blason (toujours employé au féminin / une aigle = aquila, en latin) est toujours représentée le corps de face et la tête de profil, avec bec et serres proéminents.

    Le corbeau, attribut d’Odin, figure tutélaire, est un oiseau qui sait tout et voit tout. Très tôt, l’Église a déclaré la guerre au corbeau, soulignant son rôle néfaste dans la genèse (Arche de Noé). Sa couleur noire est symbole de mort. Comme l’ours et le sanglier, il est un ennemi du Christ.

    La symbolique héraldique

    L’héraldique « traditionnelle » s’appuie sur l’héraldique familiale et l’histoire de l’art.

    L’héraldique « nouvelle » née dans les années 1960, s’aventure sur le terrain des mentalités et des sensibilités.

    « Qui sait identifier des armoiries peut ainsi y lire la place d’un personnage au sein d’une famille, ses différents mariages, parfois ses titres et ses fonctions ; il peut y lire aussi les origines de cette famille, sa situation à l’intérieur d’un lignage, l’histoire de ses alliances et de ses ramifications. Ce faisant, il lui est possible de distinguer des homonymes, d’établir des filiations, de reconstituer des parentés. De même que la généalogie est une science auxiliaire de l’héraldique, de même l’héraldique est depuis longtemps une science auxiliaire de la généalogie ».

    Toutefois, le profane est bien incapable de saisir la signification des armoiries – sans explication – car ces dernier ne sont pas des symboles mais des emblèmes.

    IL est souvent nécessaire de corréler légende, histoire et couleurs d’une époque, d’une région, d’une classe et/ou d’une catégorie sociale, tout en mettant en valeur des faits culturels et/ou politiques. Beaucoup de constante pour une non-initiée comme moi !

    L'art héraldique au Moyen Age

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  • Elle s'appelait SarahDeux tranches de vie se déroulent en parallèle, séparées par le temps et l’Histoire mais réunies par d’étranges coïncidences.

    Paris, juillet 1942 : Sarah, une petite fille de dix ans, est arrêtée avec ses parents au milieu de la nuit. Paniquée, elle met son petit frère Michel à l'abri en lui promettant de revenir le libérer dès que possible...

    Paris, mai 2002 : Julia, une journaliste américaine installée en France depuis 20 ans, doit couvrir la commémoration de la rafle du Vél d'Hiv.

    Soixante ans après, son chemin va donc croiser celui de Sarah, et sa vie ne sera plus jamais comme avant...

    Ce livre est un roman bouleversant…. C’est l’histoire de deux familles liée par un terrible secret. C'est également l'évocation d'une des pages les plus sombres de l'Occupation : la délation, la « marque du mal », la peur bien légitime des Parisiens, mais aussi la solidarité.

    Mélange d'événements anciens et contemporains, cette narration est un suspense tel que je n’ai pu lâcher mon livre avant la dernière page. Ce récit rend hommage aux victimes de la barbarie nazie, et rappelle la déportation des enfants, traumatisés à vie. Elle s’appelait Sarah, mais personne ne sait qui elle était….

    Journaliste franco-britannique, Tatiana de Rosnay est un écrivain et scénariste contemporain. Pour l’écriture de ce roman, elle a reçu

    • le prix Gabrielle-d'Estrées en 2007

    • le prix des lecteurs de Corse en 2008

    • le prix Chronos - Catégorie Lycéens en 2008

    • Prix du Livre de poche - Catégorie Le Choix des libraires en 2008

     

    Pour en savoir plus :Elle s'appelait Sarah

    Les derniers témoins de la rafle du Vel d’Hiv

    La rafle du Vel d'Hiv, le 16 juillet 1942 | Archive INA

    Au cœur de l'Histoire: La rafle du Vél d’Hiv (Franck Ferrand)

    Histoire d'un lieu : le Vélodrome d’Hiver

    16 juillet 1942 - Vélodrome d'Hiver

    Camp de Beaune-la-Rolande (AJPN)

    Histoire : découverte d'un film tourné en 1941 dans le camp de Beaune-la-Rolande

    Des vestiges du camp de Beaune la Rolande restaurés par le Cercil

    Camp de transit de Beaune-la-Rolande

    Elle s'appelait Sarah

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  • Le gosse de V. OLMIJoseph est né le 8 juillet 1919 à Paris ; c’est un petit bonhomme heureux qui vit entre sa mère, plumassière, sa grand-mère qui perd la tête, ses copains du foot et les gens du faubourg. Mais la vie va se charger de lui voler son innocence et sa jeunesse….. Son univers de « titi parisien » bascule le jour où sa mère disparaît et sa grand-mère est internée à Saint-Anne, où il devient pupille de l'État, un État qui a résolument mis en place tout un système de « protection de l’enfance », dont les bonnes intentions sont pavées de cruauté mais aussi de profit.

    L’histoire de ce petit garçon est bouleversante ; l’auteure Véronique Olmi nous invite à suivre l’itinéraire d’un gosse de 7 ans, qui a perdu son père à la fin de la guerre 14-18 puis sa mère victime d’un avortement clandestin qui a mal tourné. Ce livre est déchirant, criant de douleur, brutal, violent, vivant…. Et pourtant, je ne l’ai pas lâché avant de connaître la fin !

    Joseph, « il est simplement d’une autre espèce, l’espèce de l’Assistance, il est orphelin comme on est blond, riche, boiteux, ou fille de directeur. »

    Au travers de ce récit, Véronique OLMI nous raconte l'histoire de jeunes enfants orphelins,Le gosse de V. OLMI incarcérés dans des bagnes pour enfants dans la première moitié du XXe siècle ; le «redressement» et le travail à outrance, jusqu’à l’épuisement total, remplacent éducation et culture ; les enfants sont asservis à des travaux harassants dans les champs ou à la blanchisserie, anéantis, esclavagés et soumis aux tortures les plus variées ; et Dieu sait que leurs geôliers ont de l’imagination pour contraindre et déshumaniser...

    Les sœurs, parlons-en, elles n’ont pas leur pareil pour débusquer et dénoncer les petits colons : « les fautes de la semaine s’accumulent, celles de chaque famille sont notées, et tous les matins, avant leur départ pour l’atelier, on rassemble les colons et chaque chef d’atelier fait son rapport au surveillant-chef : désordre, paresse, bavardage, chant, parole immorale, insubordination, échange de bérets, possession de tabac, vol, guet, maraudage… Tout est consigné. »

    De la prison de la Petite Roquette à la colonie pénitentiaire de Mettray, Joseph va connaître l’horreur, et le mot est léger. « Il a appris à laver le linge, à manier le fusil, à se battre, à supporter le froid, la faim et la bêtise, le règlement absurde, la loi des hommesqui se placent sous la loi d’un Dieu vengeur. »

    « Joseph doit faire le salut militaire à chaque fois qu’il croise un supérieur, mais il s’y perd : directeur, sous-directeur, inspecteur, aumônier, prévôt du quartier, surveillant général, surveillants-chefs, surveillants, chefs de famille, chefs d’atelier, frères ainés… Qui n’a pas quelqu’un au-dessus et au-dessous de lui ?

    Le gosse de V. OLMIIl y a les caïds aussi, bien sûr, pour compléter la hiérarchie. Mais les mères, les grands-mères, les sœurs, sont invisibles évidemment, et on en parle comme des filles perdues, des putains, des bonniches et des hystériques. Ici comme en Picardie, se dit Joseph, elles sont comme Dieu : on ne les voit jamais mais elles sont partout, et on y pense tout le temps. On ne pense qu’à elles. »

    De la fin de la 1ère guerre mondiale jusqu’à la montée du nazisme en passant par les victoires du Front Populaire, l’auteur nous entraîne avec brio dans ce Paris d'entre-deux guerres, la vie nocturne d'une capitale cosmopolite, bruyante, vivante, avec ses clubs de jazz, ses cabarets, ses spectacles de music-hall. Au sortir du bagne, Joseph reste enfermée dans son carcan ; les traumatismes sont profonds et rendent compliquée la réadaptation à la vie extérieure.

    Et même si son enfance a été saccagée et mise à mal, Joseph entrevoit peu à peu le bout du tunnel ; la résilience amène une petite note porteuse d’espoir quand bien même le spectre de la seconde guerre mondiale pointe le bout de son nez.

    Pour en savoir plus :

    Les nautes de Paris

    La Petite Roquette, la prison des enfants mauditsLe gosse de V. OLMI

    Wikipedia

    Le scandale de Mettray (1909) : le trait enténébré et la campagne de presse

    Un jour à Mettray

    La colonie agricole de Mettray

    Au sujet des décès des enfants de la colonie agricole et pénitentiaire de Mettray en Touraine (Histoire pénitentiaire et justice militaire)

    Ancienne colonie agricole et pénitentiaire à Mettray (Carte des monuments historiques français)

    Cartes postales « les colonies »

    Le Journal des débats salue ainsi le système éducatif de la colonie , présenté comme un modèle du genre (Retronews)

    La chasse à l’enfant – Jacques Prévert

    « Bagnes d’enfants » (Ministère de la Justice)

    De l’isolement aux « bagnes pour enfants » : l'impitoyable justice des mineurs française (National Geographic)

    Cirques, hippodromes et pantomimes (Gallica)

    Le gosse de V. OLMI

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  • Le bureau des affaires occultesParis, Automne 1830. Valentin Verne, jeune inspecteur du service des mœurs, est muté à la brigade de Sûreté fondée quelques années plus tôt par le fameux Vidocq. Nommé pour élucider une série de morts étranges susceptible de déstabiliser le régime, Valentin n’en demeure pas moins un personnage surprenant aux méthodes d’investigation avant-gardistes ; féru de chimie et de médecine, cultivant un goût pour le mystérieux et l'irrationnel, ce policier solitaire sait décrypter les codes d’un nouveau type de criminalité, qui fait fureur sous la Monarchie de Juillet.

    Mais qui se cache derrière ce visage angélique où perce parfois une férocité déconcertante ? Qui est réellement ce Valentin Verne, obsédé par la traque d'un criminel insaisissable connu sous le seul surnom du Vicaire ? Qui est le chasseur, qui est le gibier ?

    Dès les 1ères pages j’ai eu l’impression de basculer dans l’univers de « From Hell » célèbre film américain retraçant les meurtres de Jack l’Éventreur. Nous ne sommes pas dans les bas-fonds d’un Whitechapel londonien, mais bien dans les bas-quartiers d’un Paris encore sous le choc des Journées révolutionnaires. L’intrigue est tout aussi prenante que l’histoire est richementLe bureau des affaires occultes documentée en faits historiques réels. On se laisse très vite embarquer dans les méandres d’un Paris glauque, aux ruelles sordides, un Paris poisseux à la Eugène Sue.

    Pour en savoir plus :

    Quais du Polar 2021 - Entretien avec Éric Fouassier

    « Cet homme si multiple et si divers » : Orfila et la chimie du crime au xixe siècle (Cairn)

    Les eaux de Paris, 4 : 1880. La commission des odeurs

    Le bureau des affaires occultesLa chapelle expiatoire à Paris

    Le docteur Alexandre BERTRAND

    Le Paris pittoresque

    Portail de Paris (WikiGenWeb)

    La prison de La Force

    Histoire de la prison de La Force

    Brève histoire des prisons de Paris

     

    Le bureau des affaires occultes

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  • Itinéraire d'un salaud ordinaireEtudiant en droit, Clément Duprest intègre les services de la police nationale en 1942. Il est intelligent et son sens aigu de l'observation va lui permettre de gravir rapidement les échelons au sein de la « brigade des propos alarmistes », en détectant les ennemis de Vichy, c’est-à-dire les juifs et les communistes. Commence alors la longue carrière d'un fonctionnaire pas tout-à-fait irréprochable.

     *

    Clément Duprest est un fonctionnaire au service de l’État, appliqué, obéissant, peu scrupuleux dans les enquêtes et les traques qu’on lui confie. IL se pose d’ailleurs peu de question lorsque son Supérieur déclare : «  au moment choisi, le bien-fondé ou le mal-fondé de la mesure individuelle n’a pas à être discuté. (…) Les réseaux communistes y sont particulièrement nombreux. En plus de cette mission capitale d’assainissement, je souhaiterais de vous dressiez la liste de tous ceux dont le nom a été cité pour faits de nature terroriste. Qu’ils soient suspects, témoins, connaissances, parents des accusés,. Vous ferez en sorte qu’ils ne soient pas dirigés vers les centres primaires de traitement. Ils feront une petite halte dans nos bureaux avant de repartir vers l’Est d’où ils sont venus ».

    Il s’applique dans ses activités de propagande au service de l’occupant ; qu’ils soient juifs ou bolchéviques, ce ne sont que de « misérables troupeaux de voyous, de dégénérés, de monstres, suant le crime crapuleux, la peur et la lâcheté... »

    Pour chaque mission, il trouve un intérêt comme cette belle journée de juillet alors qu'il se dirige vers un trop célèbre stade parisien : « Il régnait une atmosphère bon enfant qu’accentuait la douceur de juillet. »Itinéraire d'un salaud ordinaire

    Il prend des notes, beaucoup de notes, sur la tranche des journaux, des tickets de métro, il fait des listes, remplis d’innombrables fiches ; mais il demeure prudent ne recopiant « qu’une partie de ces informations sur les fiches du service, soucieux de disposer de quelques bases de négociations en cas de retournement de conjoncture ». Il fait même des fiches sur sa femme Liliane et son fils Guy. Pourtant, il aura à se défendre de trahison et d’intelligence avec l’ennemi….. « Je n'ai fait qu'obéir aux ordres ».

    Et comme beaucoup, il échappera à toute condamnation : la France a la mémoire courte….

    Itinéraire d'un salaud ordinaireC’est alors qu’il est envoyé pour deux mois dans le Protectorat, à Casablanca, pour « expliquer les bases du travail à des équipes locales, de leur apprendre les ficelles du métier... » Changement de décor avec la Ville Blanche, ses bidonvilles et ses « yaouleds », des enfants-voyous, sans foi ni loi qui envahissent les quartiers européens. Il est désormais fonctionnaire au service de la République.

    Il continue ses fiches.. après les époux Livi (le couple Y. Montant et Signoret), c’est au tour de G. Brassens, qui « donne régulièrement des articles au journal Le Libertaire en usant du pseudonyme Jo la Cédille », Sartre, et tant d’autres….Il consacrait toute son énergie à l’élaboration d’un fichier politique central.

    Les gouvernements se succèdent, mais Clément Duprest travaille avec la même rigueur.

    Respectueux de ses chefs, zélé sans grande valeur morale, il finira sa carrière comme commissaire principal à un échelon élevé. Il faut bien se « révéler » lorsque sa vie privée est trop étriquée et inconfortable. Il travaille jusqu’à l’épuisement, alors sa femme reste seule, « Seule ce soir : Léo Marjane.. »Itinéraire d'un salaud ordinaire

    Au travers d’une vie professionnelle « exemplaire » d’un fonctionnaire assidu, Didier DAENINCKX nous invite à revisiter quarante ans d'histoire de notre pays, depuis la rafle du Vél' d'Hiv jusqu'à la candidature de Coluche à l'élection présidentielle de 1981, en s’arrêtant sur le gouvernement Vichy, la Libération, la guerre d’Algérie, les mouvements étudiants de 1968, les grèves ouvrières, la répression policière...

    L’auteur a réalisé un véritable travail de recherches en fouillant dans les affaires politico-mafieuses, où la France a d’ailleurs recyclé avec brio un certain nombre de « salauds ».

    Didier DAENINCKX a décrit un personnage aux comportements répugnants dont les manies laissent à penser qu’il est porteur de troubles obsessionnels avec « Les fiches du Panthéon secret de Clément ».
    Ce roman psychologique noir révèle, avec un humour froid et une distance glaçante, les aveuglements, les égarements et les silences de l'Histoire, et interroge sur le devoir d'obéissance d’un fonctionnaire particulièrement dévoué.

     *

    Pour en savoir plus (Fonctionnaire au service de l’Etat)

    Histoire de la police en France

    Les organes de répression de l'Etat français  (Musée de la Résistance)

    La Brigade spéciale des Renseignements généraux

    Les brigades spéciales

    Radio-Paris (Wikipedia)

    Georges Oltramare, Activiste culturel de droite

    France : les historiens et archivistes se heurtent au monde du renseignement (TV5)

    Brève histoire des Renseignements généraux (RG)Site de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure

    Les tortures de la Gestapo

    Gestapo rue des Saussaies durant la Seconde Guerre mondiale (AJPN)

    EPSTEIN Joseph [Pseudonymes dans la Résistance : ANDRÉ Joseph, colonel Gilles]Le Maitron

    Intérieur des bâtiments de la Guestapo (Police de Sûreté Allemande), 11 rue des Saussaies (Musée de Paris)

    Joseph Epstein, le héros occulté (classés BNF)

    Missak Manouchian (Musée de la Résistance)

    Frère d’Armes – Missak Manouchian (INA)

    Après la disparition d'Arsène Tchakarian, les oeuvres inspirées par "l'Affiche rouge" et le Groupe Manouchian (FranceInfo Culture)

    Pierre Pucheu, ministre du gouvernement de Vichy (wikipedia)

    20 mars 1944 : l’ex-ministre de Vichy Pierre Pucheu est fusillé

    France, 1944 : maintien de l'ordre et exception judiciaire. Les cours martiales du régime de Vichy (Cairn)

    Josef Svec (Le Maitron)

    L'impossible pérennité de la police républicaine sous l'Occupation (Cairn)

    La traque de l'Affiche rouge

    Les Brûlures de l'Histoire - L'affiche rouge

    Forces françaises de l'intérieur – FFI (Mémoire des Hommes)

    Histoire des FTPF : la Résistance par l'action directe (Blog Histoire et Généalogie)

    Pierre Laval (Le Maitron)

    L'État milicien, Vichy 1944

    La Libération de Paris : 24 - 25 août 1944 (Fondation de la France Libre)

    Les Brigades Spéciales (wikipedia)

    *

    Pour en savoir plus (Fonctionnaire au service de la République)

    Farhat Hached (wikipedia)

    Tunisie: Révélations sur l’assassinat de Farhat Hached

    Internement, emprisonnement et guerre d’indépendance algérienne en métropole : l’exemple du camp de Thol (1958-1965)

    Guerre d'Algérie : qui sont les Harkis ? (GEO)

    Massacre du 17 octobre 1961 : la fabrique d'un long silence (France Culture)

    La rafle et le massacre du 17 octobre 1961 à Paris | Archive INA

    Le procès Maurice Papon | Archive INA

    L'énigme René Bousquet

    Daniel Cohn-Bendit : "Dans deux mois, on ne me connaîtra plus" (France Culture)

    Mai 68 : de la révolte à la légende (Musée de la SACEM)

    Occupation de l’Odéon : le théâtre comme agora en 1968 comme en 2021 (France Culture)

    "Les Katangais" à l'intérieur de la Sorbonne

    Violences policières, les situer pour mieux y résister (Cairn)

    KRIVINE Alain, dit Eric, Delphin, Tinville, George, Villetin (Le Maitron)

    Il y a 40 ans : la mort de Jacques Mesrine, l'ennemi public n°1

    L’affaire Markovic (Wikipedia)

    Itinéraire d'un salaud ordinaire

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  • Nouveau Patrimoine en revue sur le sort des aliénés au XIXe siècleLorsque l'on a lu ou/et vu "le Bal des folles" ou bien "10 jours dans un asile" on ne peut que se révolter sur les mesures prises pour contenir les aliénés au 19ème siècle. Autres temps, autres moeurs.

    D'ailleurs, étaient-ils (ou étaient-elles) réellement dérangé(e)s.....

    Voici un livret réalisé par l'Assistance Publique, et trouvé sur FaceBook (on y trouve le pire comme le meilleur !) qui pourrait vous apporter quelques pistes de réflexion....

    "Alors que l’on prend lentement conscience que les désordres mentaux constituent des pathologies spécifiques et non l’expression d’une nature vicieuse ou dévoyée, on peine cependant à adapter leur accueil dans les hôpitaux. Ainsi l’Assistance publique choisit pour eux la Salpêtrière et à Bicêtre, ses deux hospices pour la vieillesse dévolus à l’accueil des personnes âgées et des indigents. La loi Esquirol en 1838 jette les bases de l’organisation de la prise en charge administrative des aliénés, en attendant que les médecins affectés dans les hôpitaux développent une thérapeutique appropriée à cette catégorie particulière de malades, dans le sillage de Pinel, Bourneville et Charcot. Au XIXe siècle, on s’efforce encore de contenir les aliénés avant d’imaginer comment les soigner".

    Pour visualiser ce livret, je vous invite à cliquer sur l'image et pour conserver le texte, téléchargez-le : il pourrait bien disparaitre dans les mois à venir....

    Bonne lecture !

    Nouveau Patrimoine en revue sur le sort des aliénés au XIXe siècle

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  • Retour à Birkenau« IL ne faut pas retourner à Birkenau au printemps... »

    A presque 94 ans, Ginette Kolinka raconte en fermant les yeux et se demande encore et encore comment elle a pu survivre à « ça »…

    Elle a 19 ans lorsqu’elle est arrêtée par la Gestapo en mars 1944 à Avignon, à la suite d’une dénonciation ; avec son père, son petit frère de 12 ans et son neveu de 15 ans, Ginette Kolinka est déportée à Auschwitz-Birkenau : elle sera seule à en revenir, après avoir été transférée à Bergen-Belsen, Raguhn et Theresienstadt. Dans ce convoi du printemps 1944 se trouvaient deux autres jeunes filles dont elle devint l’amie, plus tard : Simone Veil et Marceline Rosenberg, pas encore Loridan – Ivens.

    Ginette se souvient, amère, naïve et pleine de culpabilité… Alors qu'elle conseillait à son père et aux garçons, à la descente du train, de prendre ce camion pour moins se fatiguer, alors que celui-ci menait aux chambres à gaz.

    « Papa, Gilbert, prenez le camion !" C'est toujours ça qu'ils n'auront pas à faire à pied. Je ne les embrasse pas. Ils disparaissent. Ils disparaissent ».
    C'est le dernier souvenir que Ginette garde d’
    eux...

    Aujourd’hui, à son tour, Ginette Kolinka raconte ce qu’elle a vu et connu dans les camps d’extermination. Ce à quoi elle a survécu. Les coups de crosse, le froid, la peur, mais surtout la faim. « C’était mon obsession ».

    La haine. Les mots. Le corps et la nudité. L’absence totale de dignité...L’humiliation des toilettes publiques. La cruauté. La haine, toujours....La déshumanisation...

    Elle se souvient de la première fois lorsqu’elle est arrivée : le bruit des gonds que l’on déverrouille, les portes du wagon à bestiaux qui s’ouvrent, les cris des enfants, les chiens qui grondent et aboient… et ces femmes maigres, très maigres, chauves qui travaillent : « on aurait dit des folles ».

    Parfois, la fraternité…. La robe que lui offrit Simone et qui la sauva. Que tous, nous sachions, non pas tout de ce qui fut à Birkenau, parce que « tout » ne peut pas être dit, mais assez pour ne jamais oublier...

    Ginette raconte l'essentiel de la vie dans ce camp : « Auschwitz c’était un camp de concentration, tandis que Birkenau était un camp d'extermination ». Elle raconte sa chance, comme elle dit…

    Retour à Birkenau

    Et puis son transfert à Bergen-Belsen, Raguhn et Theresienstadt, avant son retour à Avignon, parmi sa famille, parmi ceux qui restent...Ginette se taira durant près de 60 ans...

    Si Ginette Kolinka raconte le même témoignage que Primo Levi dans son célèbre « Si c'est un homme » : la faim, la maladie, les coups, les humiliations, les vols, la crasse… le récit est plus direct, cru, simple et franc. 

    Ginette est émouvante, pétrie d’humilité, au discours terrible et touchant.Retour à Birkenau

    «  Jusqu'ici nous étions encore des êtres humains. Nous ne sommes plus rien. » Au fur et à mesure du récit, Ginette se livre toujours plus et sans retenue, énumérant l’innommable : l’intolérable puanteur des toilettes et leurs planches de bois alignées, les poux, la honte de la nudité, les guenilles (« les robes rayées sont trop belles pour les juives ») , l'alignement des mortes de la nuit, les plaies cachées, et cette peur perpétuelle des sélections : « inaptes au travail, donc inutiles pour les nazis ; le moindre signe conduit aux chambres à gaz ».

    Pour en savoir plus :

    Les trois Auschwitz

    La mémoire meurtrie (attention film insoutenable)

    Le camp de Bergen Belsen

    Ginette Kolinka, rescapée des camps : contre l'oubli (France Culture)

    La liste des camps

    Comment les SS ont déguisé Theresienstadt en camp témoin devant la Croix Rouge

    Retour à Birkenau

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  • Appelez-moi JeanneL’auteure Elise Fischer, au chevet de sa mère mourante, Jeanne, lui demande d’écrire son histoire afin de lever le voile sur les nombreuses interrogations et mystères qui ont entouré son existence. « Écris, Jeanne, écris pour toutes les femmes qui n’ont jamais pu s’exprimer, grâce à toi, elles seront reconnues », supplie Élise Fischer, en s’adressant à sa mère mourante qui, sur son lit d’hôpital, ose enfin lui ouvrir son cœur.

    Car Jeanne, d’origine alsacienne, a beaucoup à dire sur sa vie, sur ses zones d’ombre aussi : pourquoi a-t-elle été élevée par ses grands-parents ? Pourquoi l’identité de ses parents ne lui a-t-elle été révélée qu’à l’âge de dix ans ? Si ces pages scrutent l’intime, les secrets de famille, les non-dits, le rapport mère-fille, elles sont aussi le reflet d’un chapitre de l’histoire de la condition féminine dans une époque troublée. Qu’est-ce que cela signifie d’être une jeune femme alsacienne en terre étrangère pendant la guerre ? Une femme cultivée dans un milieu ouvrier ? »

    *

    Confiée à l'âge de 6 mois à ses grand-parents, Aloyse et Philomène, Jeanne vit en Alsace. Nés allemands, puis devenus français, ses grands parents alsaciens sont de conditions modestes. Jeanne vit heureuse et insouciante ; pourtant, elle comprend très vite qu'il y a des non-dits, que des parents Elise et Albert ont fait le choix de « l’abandonner »…. pour mieux s’occuper de sa sœur Marie Thérèse et son frère Gilbert.

    « Comment une mère pouvait-elle laisser un de ses enfants dans une autre maison ? En quoi avais-je déçu la mienne ? Que s’était il donc passé pour qu’elle m’éloigne d’elle ? Je me sentais affreusement coupable. Mais de quoi ? Et pour quoi ? Quelle était ma faute ? Ces questions me rendaient nauséeuses. Quand j’y songeais aux moments de solitude auxquels nul être humain n’échappe, j’avais l’impression que le sol se dérobait sous mes pas. La terre allait s’ouvrir et m’absorber. Fallait-il donc que je disparaisse, que je me transforme en elfe et erre dans la forêt qui borde Nordhouse jusqu’au Rhin ? » Appelez-moi Jeanne

    Jeanne évolue dans une Alsace aux traditions bien ancrées et à la religion omniprésente. « J’appartiens à une génération qui a grandi dans la crainte de Dieu.» Les alsaciens sont traumatisés et appréhendent un nouvel assaut de l’Allemagne ; après la Première Guerre mondiale, l’Alsace est redevenue française  mais les peurs sont toujours là. « En famille, on parlait surtout le dialecte. Un dialecte refuge surtout face à l’occupation prussienne entre 1870 et 1918 ».

    Jeanne est une brillante élève qui parle aussi bien la langue de Molière que celle de Goethe. Ce bilinguisme lui ouvre d’ailleurs de larges horizons sur la littérature et la poésie, lui permettant ainsi de s'évader et d’acquérir une vivacité d’esprit, souvent éclairé, mais pas toujours apprécié pour l’époque.

    Pourtant, Jeanne se veut fidèle au portrait d'une femme de sa région : respectable, travailleuse, intègre, malgré … Frantz.

    « Frantz venait souvent nous parler et j’appris à le connaître. C’était lui qui me raccompagnait rue des Ponts quand j’avais dépassé l’horaire du couvre-feu. Il était originaire de Dresde où ses parents habitaient et serait pasteur comme son père. On l’avant envoyé en France parce qu’il était fiché « mauvais Allemand ». Sa famille fréquentait des amis peu recommandables pour le Reich. »

    De bonne épouse à mère dévouée, Jeanne affrontera les assauts de la vie : la pauvreté, les restrictions, l’alcoolisme de son mari Roger, les dénigrements de sa belle-mère Melie…. Jeanne porte au fond d’elle une rage de vivre, un courage et une dignité qui lui permettront de surmonter les obstacles, malgré ses interrogations, ses défis à Dieu et ses colères.

    *

    En nous restituant ses dernières paroles, Élise Fischer rend un émouvant hommage à sa mère. Avec patience et vertu, Jeanne n’a jamais cessé d'aider, de soutenir, de lire, de transmettre. « Les pauvres ont leur dignité. Qui sait que la charité ne fait du bien qu’à ceux qui donnent et qu’elle peut blesser ceux qui reçoivent ? Pour moi, c’est l’explication des révoltes, voire des révolutions qui ont conduit les anciennes colonies à l’indépendance. IL ne faut pas assister les êtres humains. Cette charité-là, celle des siècles passés, est une humiliation, un outrage. Le don parfait est rare. Il ne doit jamais provoquer une reconnaissance qui fait de celui qui reçoit un inférieur. Un don doit au contraire aider à grandir, rendre autonome. C’est la raison pour laquelle la pensée du père Joseph Wrésinski, fondateur d’ATD Quart Monde, a trouvé tellement d’écho en moi.

    Plus que d’autres, cet homme, qui a souffert de la misère, a su donner au mot « dignité » sa place et sa beauté.»

    *

    Pour en savoir plus :

    La fillette bien élevée (Gallica)

    Des intérieurs alsaciens reconstitués (Musée de Strasbourg)

    La maison alsacienne (Cercle généalogique de Ribeauvillé)

    14 mars 1989 : Le Pape Pie XI publie une encyclique pour mettre en garde les Allemands contre le Nazisme

    Le voyage de Saint Louis (Encyclopédie multimédia de la Shoah)

    Les chantiers de la jeunesse (1940-1944) : une expérience de service civil obligatoire (Cairn)

    Les camps et les lieux d'internement de la Meurthe-et-Moselle (AJPN)

    « Le Juif et la France » au Palais Berlitz (propagande Vichy) | Archive INA

    Un autre regard sur la propagande de la Seconde Guerre Mondiale | Archive INA | NOTA BENE

    La germanisation à l’époque nazie (Archives départementales du Haut-Rhin)

    Comment les Alsaciens ont véritablement vécu la domination allemande (1871-1918)

    Appelez-moi Jeanne

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  • Mauvaises fillesPar le biais d’une vingtaine de portraits incarnés de « mauvaises filles » jugées immorales, de 1840 aux années 2000, Véronique Blanchard et David Niget – deux spécialistes de l’histoire - rendent un visage et une histoire à ces destins orageux. Ils cartographient les lieux qu’elles traversent ou qui les enferment – lieux de perdition (fête foraine, guinguette, bal) de coercition (internat, couvent, prison, asile), de soumission (maison close, foyer familial). Étouffées et contraintes depuis des décennies par le poids des normes juridiques, religieuses, médicales, familiales, ces mineures « incorrigibles et rebelles » ont néanmoins fini, par leurs résistances, par devenir des actrices du changement social, culturel et politique.

    Je n'ai pu résister au plaisir de "disséquer" cet ouvrage et de faire des recherches complémentaires....

    Trois époques :

    • Le temps des filles perdues : 1840 – 1918, celui de mes Agrands-mères et AAgrands-mères,
    • Le temps des filles modernes : 1918 – 1965, celui de mes grands-mères et de ma mère,
    • Le temps des filles rebelles : 1965 – 2000, le nôtre, celui de ma fille et le mien...

     *

    Le temps des filles perdues : 1840 – 1918

     

    Au 19ème siècle, les interdits parentaux pèsent davantage sur les filles que sur les garçons : une jeune fille se doit d’être obéissante, réservée et vierge. L’autorité paternelle est indiscutable.Mauvaises filles

    • Marie, incorrigible : la maison familiale est un « gourbi de promiscuité » ; le code Napoléon de 1804 rétablit le joug paternel alors que la Révolution Française s’en était libérée !
    • Elise, vagabonde : les jeunes filles (ou les enfants) « désobéissantes » sont placées dans les maisons religieuses, sur décision de justice, où « la rédemption et la discipline des corps est au cœur des méthodes de redressement des Bons-Pasteurs jusqu’au milieu du XXème siècle ». Certaines n’en sortiront jamais…. Si l’article 269 du Code pénal de 1810 affirme que « le vagabondage est un délit » l’article suivant précise que « les vagabonds ou gens sans aveu sont ceux qui n'ont ni domicile certain, ni moyen de subsistance, et qui n'exercent habituellement ni métier ni profession ».
    • Camille, hystérique : comment ne pas évoquer les trop célèbres séances cliniques du Dr Charcot et le « bal des folles » où de nombreuses femmes ont subi des expériences aujourd’hui controversées ! Mais l’école française de médecine n’est pas la seule à s’intéresser à la déviance féminine… Un criminologue italien, Cesare Lombroso, réalise en 1896 un ouvrage sur les femmes criminelles et les Mauvaises fillesprostituées en démontrant des liens entre stigmates physiques et actes criminels !
    • Simone, fille-mère : par la loi du 27 juin 1904, il est désormais interdit de transmettre aux enfants abandonnés – même majeurs – toute information susceptible de pouvoir les aider à retrouver leurs parents ; au 19ème siècle l’infanticide n’est pas un crime rare ; mère devenue criminelle par peur de devenir fille-mère ?
    • Lili, prostituée : menaces vénériennes ou judiciaires ? Qu’importe, les « maisons de tolérance » ont la côte mais pas que ! On assiste alors à la diversification des lieux de vénalité : caf’conc’, cabarets, beuglants… pratiques vénales entachées du scandale de la traite des blanches...
    • Amandine, apache : violente, manipulatrice, à la manière de Casque d’Or, elle est une figure de la « déviance » féminine juvénile de la Belle-Epoque… une époque où les familles ouvrières précarisées, « les zoniers » vivaient à la marge d’anciennes fortifications entourant Paris ; « la criminologie fin de siècle se nourrit ainsi de la duplicité de la fille apache en insistant sur sa dangerosité subversive. »

    *

    Pour en savoir plus :

    Revue d'histoire de l'enfance irrégulière

    La vénérable Marie de Ste Euphrasie Pelletier, fondatrice de la Congrégation du Bon-Pasteur d'Angers (Gallica)

    Le code pénal de 1810

    L’hystérie de Blanche WittmanMauvaises filles

    L'œuvre scientifique et philosophique de César Lombroso (Persée)

    De l’abandon au placement temporaire : la révolution de l’assistance à l’enfance (Paris, 1870-1920) (Cairn)

    Le tour d’abandon ou « tourniquet » (AD de l’Aisne)

    L’abandon d’enfants. L’exemple des Côtes-du-Nord au XIXe siècle 

    Table de concordance des numéros et des registres des admissions (AD 75)

    Quelles archives pour l’histoire des enfants abandonnés ? (Archives de Touraine)

    L'infanticide devant les tribunaux français (1825-1910) (Persée)

    L’infanticide face à la justice au xixe siècle : l’exemple de la Bretagne, 1825-1865

    Marie Bonfils, une veuve accusée d'infanticide dans le Bordelais de la fin du xviie siècle (Cairn)

    Mauvaises fillesCafés-concerts et cabarets (Persée)

    Tenancières au XIXe siècle en province. Les tenancières de maisons de tolérance dans les départements du Maine-et-Loire, de la Mayenne et de la Sarthe, du début du XIXe siècle au milieu du XXe siècle

    La prostitution à Paris au XIXe siècle vue par un médecin hygiéniste (Retronews)

    La traite des Blanches, histoire d'une manipulation

    Dans le Paris de la Belle Époque, les « Apaches », premières bandes de jeunes (Cairn)

    La Légende des Apaches - Les premiers gangs parisiens de l'histoire

    Les Apaches, les bandes qui terrorisent Paris en 1900, vues par les journaux de l'époque (France Culture)

    Quand 70 000 jeunes ravagent Paris en 1900 : Les apaches !

    Dalbret " la valse chaloupée " 1908 (YouTube) et les paroles

    *

     

    Le temps des filles modernes : 1918 – 1965

     

    La Première Guerre Mondiale a offert l’opportunité aux femmes de s’émanciper du joug du père, du mari, du frère ; des changements économiques et sociaux leur ont permis de sortir de la sphère familiale ; mais comme toute révolution, les bouleversements sont long à opérer et les femmes ont encore de longues batailles à mener….Mauvaises filles : incorrigibles et rebelles

    • Madeleine, mère sous surveillance : jetées par des parents qui n’acceptent pas une naissance illégitime, les jeunes femmes enceintes sont d’abord accueillies par des œuvres de charité, le contrôle social est le maître-mot de ces institutions religieuses (sorties interdites, emplois du temps stricts, cours de morale) ; bien sûr la Déclaration de Genève de 1924 affirme que « l’humanité doit donner à l’enfant ce qu’elle a de meilleur » mais il faudra attendre 1939 en France pour que le Code de la Famille (article 98) impose la création d’un centre d’accueil mère-enfant dans chaque département ; ces « maisons maternelles » permettaient aux mères isolées, reléguées au ban de la société, Mauvaises filles : incorrigibles et rebellesd’être à l’abri et d’accoucher dans des conditions plus acceptables que la rue…. Bien évidemment, l’éducation sexuelle n’existait pas et la syphilis a encore de beaux jours devant elle...
    • Victoire, fille « insoumise » : libre de découcher, libre de danser, libre d’errer, la police ne l’entend pas de cette oreille-là ; prostitution et vagabondage sont bien des délits ; quant à la prostitution coloniale, « elle double la domination masculine d’une domination raciale » ; si la sexualité des jeunes filles est examinée sous tous les angles, celle des garçon est ignorée ; le sexe est tabou et « l’ignorance règne en marâtre » ;
    • Blanche, rebelle : les lieux d’enfermement publics qu’ils soient « écoles de préservation », « maisons de correction » ou prisons, sont considérés comme des Ecoles Supérieures de « mauvaises filles » ; il existe bien des formations professionnelles pour « occuper » ces jeunes demoiselles, mais elles sont quantité négligeable par rapport aux garçons ; « les filles trouveront toujours à se placer comme bonne à tout faire » !
    • Emilienne, fugueuse : l’unique réponse judiciaire et éducative apportée aux échappées féminines est l’enfermement ; le pédopsychiatre Paul Le Moal justifie cet « internat de rééducation » par le fait qu’une jeune fille « ne peut être que le jouet d’elle-même, de ses pulsions instinctives... » ; il faut croire que le système ne fonctionne pas, car le nombre de fugues ne cesse d’augmenter...Mauvaises filles : incorrigibles et rebelles
    • Jeanne, voleuse : ah, la moralité, elle mène la vie dure aux femmes ! Avec l’avènement du prêt à porter et des premières réclames à la télévision, notre société de consommation est un eldorado pour les jeunes : la musique ( les vinyls de variété, de rock…), la presse (Salut les copains, Mademoiselle Age Tendre…), et la mode bien sûr (jean, blouson, minijupe…) ; les vols d’appropriation restent un délit… A la Libération, les adultes ont fait leur mea culpa et s’accordent à penser que « la société est en partie responsable de la délinquance juvénile » ; la mission de la justice des enfants se veut alors plus éducative ; on sort du traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale et l’on a besoin des jeunes pour reconstruire….
    • Marguerite, perverse et suicidaire : il est à regretter l’ambivalence des écrits professionnels du psychiatre Le Moal et ses pratiques médicales, trop de mots dévalorisants et de jugements de valeur….
    • Dom, cheffe de bande : dans l’univers machiste des « blousons noirs », certaines filles font la loi, et elles inquiètent… Car dans les « grands ensembles », les « cités dortoirs » de l’après-guerre, ces jeunes filles en danger sont dangereuses ; pour survivre, « les jeunes adolescentes doivent intégrer les codes de la culture virile et subir un certain nombre de violences sexuelles »

    *

    Pour en savoir plus :

    Mères sans mari. Filles-mères et abandons d’enfants (Paris, 1870-1920)

    Le blog du Réseau Bazar BHV

    Madeleine Pelletier (1874-1939), une femme d’avant-garde (France Culture)

    Le genre de l'éducation à la sexualité des jeunes gens (1900-1940)

    Quand nos grand-mères donnaient la vieMauvaises filles : incorrigibles et rebelles

    Qui a peur de l’éducation sexuelle? (France Culture)

    Les jeunes vagabondes prostituées en prison (1931)

    La Goutte d'Or, haut lieu de la basse prostitution

    Histoire de la prostitution en France (Wikipedia)

    La prostitution de 1814 à 1946 (le blog de Saumur Jadis)

    Marthe Richard et la fermeture des maisons closes (France Inter)

    Les cent ans des tribunaux pour enfants (Ministère de la Justice)

    Le Portail « Enfants en Justice XIXe-XXe siècles » vise à promouvoir l’histoire de la Justice des mineurs sur le web en mettant à disposition des chercheurs et du grand public des outils documentaires et des corpus thématiques raisonnés

    Au cœur de l'histoire: Le bagne des enfants (Franck Ferrand)

    Docurama : "Les Enfants Maudits", quand la France rééduquait ses jeunes vagabonds

    Le bagne des enfants

    Des Apaches aux blousons noirs : peur sur la ville (France Culture)

    1964 : Les jeunes de banlieue (Archive INA)

    *

     

    Le temps des filles rebelles : 1965 – 2000

     

    Avec les « années 68 » les jeunes filles revendiquent de ne plus être des oies blanches, de tout savoir sur leur corps, de maîtriser leur sexualité et « d’exprimer leurs rêves d’égalité ». C’est le temps des rebelles qui osent s’exprimer sans peur et transgresser les règles. C’est une période de troubles (pour certains) et de vent de liberté (pour d’autres !) qu’aucune d’entre nous n’a pu oublier...

    Mauvaises filles : incorrigibles et rebelles

    • Patsy, hippie idéaliste : les mouvements prolifèrent, qu’ils ne nomment Provo, Beatnik ou Hippie, revendiquant une société alternative, moins consommatrice, moins matérialiste mais autogérée ; « il ne s’agit pas d’attendre le Grand Soir, mais de faire une révolution duMauvaises filles : incorrigibles et rebelles quotidien »
    • Elisabeth, avortée : « aucune femme ne recourt de gaîté de cœur à l’avortement. C’est toujours un drame, cela restera toujours un drame »  (Simone Veil, ministre de la santé, 1974)… le débat est enfin ouvert ! On parle désormais librement et publiquement d’éducation sexuelle, de contraception, d’IVG, et de maternité choisie et heureuse
    • Virginie, errante et punk : tous les codes d’un monde étriqué explosent ! Après Elvis et le Rock, Jimmy et Woodstock, le « peace and love » des Hippies, voici le Punk des « skinheads hérétiques » ; les filles prennent part à toutes les bastons ; les « squatts » deviennent un moyen de se loger, un mode de vie à part, un idéal communautaire ; suite au militantisme politique du philosophe et historien Michel Foucault dénonçant le contrôle social et l’enfermement, les éducateurs se voient contraints de changer leurs pratiques professionneless par une assistance éducative en « milieu ouvert » en Mauvaises filles : incorrigibles et rebelleslien avec des intervenants pluridisciplinaires
    • Valérie, anorexique-boulimique : à la fin du 19ème siècle, le Pr Charcot (voir plus haut Camille, hystérique) considère que l’isolement est le remède le plus adapté pour les anorexiques ; après les années 1980, l’hospitalisation n’est proposé qu’en cas de pronostic vital ; l’accompagnement thérapeutique additionné d’une dimension systémique est toujours privilégié
    • Lola, prostituée 2.0 : 36.15 ULLA ou le minitel rose sont bien dépassés ! La révolution numérique a pris le pas sur le marché du sexe et la cybersurveillance policière puisque la prostitution des mineurs est interdite ; mais les trafics et les filières sont si bien organisés que le démantèlement des réseaux est difficile à mener
    • Mariem, crapuleuse : dans les cités, les filles ne peuvent se faire respecter et exister publiquement qu’au « risque d’assumer une féminité outrancière, mais aussi en adoptant un ethos viril (…) reconnaître aux filles la possibilité de se comporter avec violence, ce serait aussi leur reconnaître un statut dans cité ». Mauvaises filles : incorrigibles et rebelles

    *

    Pour en savoir plus :

    Le mouvement Provo (L’En dehors)

    Images d'une révolte ludique. Le mouvement néerlandais Provo en France dans les années soixante (Cairn)

    Apprenons à faire l’amour : l’affaire Carpentier (France Culture)

    Le manifeste du Dr Carpentier

    1972 : Gisèle Halimi défend l'avortement (Archive INA)

    Association Choisir – la cause des femmes

    1974 : Le discours de Simone Veil sur l'IVG à l'Assemblée Nationale (Archive INA)

    Le planning familial, son histoire

    Le Mouvement français pour le planning familial et les jeunes (Cairn)

    Les archives du Féminisme

    Michel Foucault : Le souci de l’autre (1984 / France Culture)

    Isabelle Caro, victime médiatisée et militante de l'anorexie

    ECPAT réseau d'associations luttant contre l'exploitation sexuelle des enfants

    Mauvaises filles : incorrigibles et rebellesHistoire de la virilité (Cairn)

    "Meufs de cité" : les témoignages de Camilya, Imane et Sarah

    Docurama : “Meufs de (la) cité”, troisième volet d’une histoire des quartiers au féminin

    *

    Ce livre se termine sur une image bien loin des clichés des oies blanches du début du 19ème siècle ; que de chemin parcouru…. Et encore à parcourir !

    « Surveiller de près le corps et la sexualité des jeunes filles, c’est avant tout maintenir l’ordre familial et hétérosexuel ». Famille, maison, couvent, hôpital psychiatrique, foyer de redressement ont longtemps été présentés comme des moyens de protection… mais protéger qui ? Les jeunes filles ou bien la société de diverses transgressions ?

    Après avoir lu l’histoire de ces dix-neuf « mauvaises filles », c’est à se demander en quoi elles sont « mauvaises » et déviantes….. parce qu’elles ont voulu s’émanciper de codes normés trop étriqués pour elles ? Par ce quelles ont voulu plus de justice ? Parce qu’elles ont voulu différencier féminité et maternité ? Parce qu’elles ont voulu distancier sexualité et reproduction ?

    Alors déviantes ou dissidentes ?

    Ne serait-ce pas ce que l’on appelle la double peine : femmes et criminelles ?

    Je n’ai qu’un mot à dire : bravo mesdames !

    Mauvaises filles : incorrigibles et rebelles

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  • Le Vaucluse, fin du 19ème siècle

    Longtemps la petite Mélanie a pensé qu’elle était « juste bonne à garder les bêtes et à tenir une maison » ; abandonnée à la naissance, l’enfant est déposée à la ferme du Cavalier dans la petite commune de Puyvert, où elle connaît la misère, la violence et l’alcoolisme. Puis elle est accueillie par Sylvine, la maîtresse de maison de la traverse du Mûrier à Valréas, un village pas très loin de Grignan… Sylvine, sa mère nourricière, est cartonnière et Jean-François, le typographe, son frère de cœur…

    Mais Mélanie a d’autres rêves… et lorsqu’elle découvre la Figuière, c'est une véritable révélation ; mais vivre au Domaine, cela signifie épouser Alexis Gauthier dont elle n’est pas amoureuse. Elle est décidée à prendre sa revanche sur la vie et ne laissera pas passer cette chance.

    Mélanie se lance alors dans une aventure nouvelle pour elle : la fabrication de l’absinthe, dont elle apprend tous les différents procédés. La Figuière en héritage

    « D’abord, verser le liquide à reflets opalescents dans un grand verre. Ensuite poser sur les bords du verre une cuiller spéciale, percée de motifs, et mettre dessus deux morceaux de sucre. Enfin, battre l’absinthe, en laissant tomber l’eau goutte à goutte sur la cuiller. De cette manière, le mélange de l’eau fraîche et des huiles essentielles de la liqueur s’opérait petit à petit. Un précipité blanchâtre était monté dans le verre tandis que des parfums d’anis, de mélisse et d’herbe fraîchement coupée avaient étonné Alexis. Voilà la magie de la fée verte, lui avait expliqué son père. La griserie est double. Celle de l’alcool s’additionne à celle des effluves. Pendant l’heure verte, ceux qui s’adonnent à l’absinthe se retrouvent dans un autre monde, où plus rien ne compte, excepté cette brume laiteuse qui les grise. Prends garde à ne pas trop y goûter, mon garçon. »

    Mélanie est une femme de tête toujours « …convaincue que l’instruction permettait aux femmes de conquérir leur indépendance. » Elle est déterminée mais elle reste « ... la gamine à qui les gosses de Puyvert jetaient des cailloux, celle qu’on appelait « la bâtarde » ou encore « la fille de la putain ». » Son histoire personnelle la poursuit. L’ambivalence s’installe. Saura t-elle avancer et lutter contre les éléments sans se sentir coupable….

    La Figuière en héritage« Coupable de quoi, d’ailleurs ? D’avoir été abandonnée par sa génitrice, d’avoir survécu à la mortalité effrayante sévissant sur « le chemin des nourrices », d’avoir résisté au froid, à la neige et aux coups (…) ? Lorsqu’elle évoquait son enfance, Mélanie ressentait la boule familière, tapie au fond de son ventre. »

    Peut-être coupable de ne pas savoir être une mère…

    Si l’histoire présente un scénario classique, des références historiques sont admirablement documentées et rappellent :

    • la fabrication de l'absinthe,
    • l’abandon des enfants au 19ème siècle,
    • l’association « Le Félibrige » créée par sept jeunes poètes provençaux qui œuvrent à la sauvegarde de la langue provençale, son identité et sa culture,
    • l’organisation d’un baptême provençal
    • une brève apparition d’Alphonse Daudet
    • le ramassage et la conservation des châtaignes
    • l’exposition universelle de 1889 à Paris et les suivantes,
    • la fusillade de Fourmies
    • quelques références à Emilie Oberkampf, ou bien Pauline Kergomard
    • et bien sur les guerres de 1870 et 1914-1918.

     

    Pour en savoir plus :La Figuière en héritage

    • L’abandon d’enfant

    Collier d’enfant de l’Assistance publique

    • 1870 / La Commune

    Les déportés de la Commune à l'île des Pins, Nouvelle-Calédonie, 1872-1880 
    Henri de Rochefort et les déportés de la Commune 

    La déportation des communards (France Culture)

    • L’absinthe

    Musée virtuel de l’absinthe

    Fée verte ou péril vert ?

     La Figuière en héritageLe rituel de l’absinthe

    la publication du Décret du 7 Janvier 1915/ interdisant le vente en gros et au détail ainsi que la circulation de l'absinthe et des liqueurs similaires

     Le 7 janvier 1915, feue la Fée verte

    L'absinthisme : la faute du docteur Magnan

    Etude expérimentale et clinique sur l’alcoolisme : l’absinthisme (Retronews)

    Bouilleurs ambulants: un ancien de Pernod Ricard ranime la flamme en Bourgogne | AFP

    1915 : l'absinthe est interdite en France

    Phytothérapie : Absinthe (Vidal)

    • La Provence

    Baptême et relevailles dans la Provence de nos ancêtres (GénéProvence)

    La mort d'un bébé au fil de l'histoire de Marie-France Morel (Cairn)

    Musée du cartonnage et de l’imprimerie

    Le Félibrige

    Frédéric Mistral et sa demeure

    Joseph Roumanille

    La visite d'une clède et la rencontre avec un castanéiculteur 

    Le site de Montdevergues 

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  • NoirHistorien, spécialiste des couleurs, des images et des emblèmes, Michel Pastoureau nous entraîne faire un voyage du « Noir » à travers le temps.

    Mais réflexion faite : est-ce que le « noir » est une couleur ?

    Couleur de la mort et de l'enfer ? Couleur négative ? Fertilité, voire dignité peut-être…. En tous les cas, de nos jours, le noir incarne surtout l’élégance et le luxe.

    Si de la fin du Moyen-Age au 17ème siècle, le noir a perdu son statut de « couleur », il faudra attendre 1665 pour qu’Isaac Newton – et son spectre de lumière – lui redonne ses lettres de noblesse. En effet, durant près de 3 siècles, le blanc et le noir sont vécus comme des non-couleurs ; elles ne redeviendront « couleurs authentiques » qu’en 1910 lorsque les peintres les auront réhabilitées.

    Au commencement était le noir : des origines à l’an mil

    Si l’on en croit la Genèse, le noir est apparu avant toutes les autres couleurs, puisque dans le noir, point de lumière. Le noir est donc « vide et mortifère ». Pourtant,Noir dans l’Égypte Ancienne, le limon noir du Nil est fertilisant et dans la Rome Antique, le noir est également la couleur des artisans producteurs, la couleur de ceux qui travaillent…

    Mais l’Homme a toujours eu peur du noir, des ténèbres, « peur de la nuit, source de cauchemars et de perdition ».

    Le contrôle du feu par « l’Home erectus vers 500 000 ans avant le temps présent » a permis d’éclairer les zones obscures et de mieux maîtriser sa peur des lieux sombres.

    Teinturiers et peintres de la Préhistoire à l’Antiquité usent de ce noir, extrait souvent du noir de charbon ; ils recherchent l’excellence mais cette couleur est difficile à fixer ; le noir restera donc « mat » ou « brillant ».

    Le noir est également la couleur des divinités chtoniennes : l’Anubis Egyptien, l’Adès grec, dieu des enfers ou bien encore Hel, déesse scandinave du royaume des morts.

    NoirAvec le noir et son « extrême » le blanc , il faut compter sur le « rouge » qui appartient au même pôle chromatique que les deux premières couleurs.

    Dans la palette du Diable : X – XIIIème siècle

    Blanc et noir cohabitent : l’un est symbole de tempérance et d’humilité, l’autre renvoie au monde des ténèbres. L’époque féodale est la grande période du « mauvais noir » celle d’un Satan moyenâgeux et non pas un Belzébuth des temps modernes….

    Et que dire du bestiaire du Diable qui « ne s’appuie pas seulement sur la couleur sombre des animaux qui le composent mais aussi sur leur animalité corporelle ».

    Noir

     Qu’ils se nomment Saint Bernard, Saint Benoit…. La couleur de leur communauté est une symbolique à ne pas négliger ; alors noire ou blanche ? Clunisiens et cisterciens demeurent de farouches opposés : pour les uns le luxe, pour les autres la pauvreté et la vie monastique primitive.

    Quoiqu’il en soit, on pourra dire que le contraire du blanc est le rouge et certainement pas le noir….

    NoirSi les couleurs prennent une dimension emblématique aussi passionnée autour du vêtement, et notamment pour les ordres ecclésiastiques, elles sont tout aussi investies en matière d’armoiries et d’équipements militaires.

    A peine une armoirie sur cinq comporte du noir. Et pourquoi ? Peut-être une différence entre le nord et le sud de l’Europe, mais en tous les cas, aucune explication sociologique ne peut l’expliquer. Toutefois, un chevalier noir restera toujours mystérieux, contrairement au chevalier rouge - félon et hostile- au chevalier blanc - ami et protecteur - ou bien au chevalier vert – jeune et récemment adoubé. Quant aux chevaliers jaunes et bleus, ils sont rares voire inexistants.

    Une couleur à la mode : XIV – XVIème siècle

    Le noir est donc une couleur « digne et intègre », en cette fin du Moyen Age. Si cette période de l’Histoire s’est attachée aux attributs du vêtement et des blasons, elle s’est également portée sur la couleur de la peau, des yeux et des cheveux. ; la peau noire des Maures des Sarrasins estNoir l’usurpatrice, par opposition à la peau blanche et claire des hônnetes chrétiens.

    Puisque « l’industrie textile est la seule véritable industrie de l’Occident médiéval » la profession de teinturier est fortement réglementée. Mais teindre en « noir » s’avère un exercice difficile…

    Et si le noir n’était pas qu’une couleur maléfique, mais tout simplement le reflet d’un état austère et vertueux ? N’est-elle pas la couleur des magistrats, des médecins, des universitaires… : « le noir est le signe distinctif d’un statut particulier et d’une certaine morale civique ».

    NoirEn tous les cas, cette constatation est effective durant toute la 1ère moitié du 14ème siècle ; ensuite, suivront les marchands, les banquiers et toutes les personnes liées à la finance ou au monde des affaires : rapport avec la Grande Peste Noire (1347 – 1352) ? Une nouvelle malédiction divine ? Peut-être, mais rien ne peut l’affirmer….

    Il est plus probable que cette ségrégation par le vêtement établisse un nouvel ordre social : « il faut maintenir de solides barrières, éviter les glissements d’une classe à l’autre... ». Les couleurs trop contrastées et bariolées ne sont pas dignes d’un bon chrétien !

    Après le noir, symbole de « toutes les vertus chrétiennes » à l’image princière, le gris s’impose dans le monde des « grands » comme couleur de l’espérance ; les teinturiers ont progresser dans leurNoir technicité et peuvent désormais proposer une réelle palette de couleurs.

    Naissance d’un monde en noir et blanc : XVI – XVIIIème siècle

    1454 : naissance de l’imprimerie, des lettres à l’encre noire sur du papier blanc ; noir et blanc sont alors indissociables.

    L’utilisation de l’huile de lin rend l’encre plus visqueuse, plus noire et plus nauséabonde ; les ouvriers du livre appartiennent à cette même catégorie de charbonniers et de teinturiers apparentés aux créatures du Diable. Le papier blanc et immaculé, importé par les Arabes en Occident fait alors lourdement concurrence au parchemin. Si les images étaient auparavant polychromes, désormais, elles deviennent, grâce à l’imprimerie et aux graveurs, des images en noir et blanc. Et la couleur alors ? IL faudra tout simplement ajouter des « hachures et des guillochures ».

    NoirLes grands réformateurs protestants du 16ème siècle distinguent les couleurs nettes (le blanc, le noir, le gris, le brun et le bleu) et d’autres qui ne le sont pas ( le rouge, le jaune et le vert) et que l’on nomme couleurs « deshonnettes » , car jugées trop voyantes et donc indécentes.

    Le noir domine : le noir des rois et des princes, le noir luxueux né à la cour de Bourgogne mais aussi le noir des moines et celui des hommes de l’Église, le noir de l’humilité.

    Le 17ème siècle est LE grand siècle noir par excellence : « ce siècle, celui de Louis XIV et de Versailles, celui du prestige des arts et des lettres, est un siècle sombre et mortifère. Malgré la vie de cour et les fêtes galantes, malgré la création artistique et littéraire, malgré les progrès de la science et des connaissances, l’intolérance est partout, le despotisme aussi et la misère plus encore ». Et c’est à partir de ce siècle que la couleur noir devient définitivement celle du deuil. Si la noirceur s’invite dans le vêtement, elle est également omniprésente dans les habitats, le mobilier ; c’est le grand retour des croyances et des superstitions…. Et des affaires de sorcellerie !

    Toutes les couleurs du noir : XVIII – XXIème siècleNoir

    On ne saurait nier que « les découvertes de Newton représentent un tournant capital dans l’histoire des savoirs et des usages de la couleur (…) et les premières pratiques de la teinture » et notamment « en démontrant que la couleur tient son origine dans la transmission et la dispersion de la lumière ».

    Alors, à qui revient la primauté ? Coloris ou dessins ? Le débat est lancé et va durer près de deux siècles et pas uniquement dans les milieux artistiques...

    Les adversaires de la couleur jugent celle-ci moins noble que le dessin, prolongement de l’idée ; si le dessin fait référent à l’intellect, l’autre ne s’adresse qu’aux sens. Les partisans du coloris mettent en avant « la dimension émotionnelle de la peinture ».

    Le noir recule peu à peu et la France devient le pays des couleurs vives ; jusqu’à la Révolution, Paris est « la ville la plus débridée et la plus élégante ». Mais les poètes, les écrivains, les romanciers ont aussi leur mot à dire… et avec le romantisme, le réalisme, le noir revient en force, tant avec le vêtement des dandys que « les gueules noires » du peuple.

    Si durant des siècles, il était de bon ton (et sans jeu de mots ! ) de se revendiquer du « sang bleu » et de la haute bourgeoisie si possible, la bonne société se doit d’avoir le ton hâlé afin de montrer qu’elle a les moyens de partir en vacances ; les sports d’hiver et/ou des bords de mer se démocratisent et chacun veut en tirer profit.

    Mais alors, qui sont les ancêtres de nos « blousons noirs » et quelle symbolique veut véhiculer le totalitarisme et ses « chemises noires » ? Est-ce que le noir est une couleur comme les autres ?

    Pour le savoir, il vous faudra lire ce livre...

    NoirPour en savoir plus :

    Newton et la naissance de la théorie des couleurs

    Le noir est une couleur à la Fondation Maeght

    Cornes, sabots et damnation : la représentation du Diable au Moyen-Âge (National Geographic)

    Les animaux diaboliques au Moyen Age

    L’histoire mouvementée de la Sainte ChapelleLa sainte couronne d’épines

    Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires (Gallica)

    La vie quotidienne des moines au Moyen Âge

    Origine du mot eau de javel

    La lessive de Berthollet ou l'histoire de la Javel

    Adriaan H. Bredero, Cluny et Cîteaux au douzième siècle. L'histoire d'une controverse monastique (Persée)

    Dernier éclat du monachisme de Georges Duby (Cairn)

    Du nom à l'armoirie. Héraldique et anthroponymie médiévales

    Les logos du Moyen Âge : initiation à l’héraldique

    Blasons et armoiries (Châteaux forts d’Alsace)

    Jésus teinturier. Histoire symbolique et sociale d'un métier réprouvé (Persée)

    Le secret révélé des teinturiers du Moyen Âge (YouTube)

    Les teinturiers (Histoire de Paris)

    Les couleurs au Moyen Age

    Pratiques et symboliques vestimentaires (Persée)

    Du bleu et du noir : éthiques et pratiques de la couleur à la fin du Moyen Âge (Persée)

    Histoire du costume : l'objet introuvable (Persée)

    Vêtement féminin et pudeur : l'exemple parisien, XIVe-XVe siècles (Cairn)

    Le phénomène de mode à la cour de Bourgogne sous Philippe le Bon : l'exemple des robes de 1430 à 1442 (Cairn)

    Noir

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  • Cottage des dunesDans la famille Cadoux, il y a

    • le père, Jean Baptiste, sous officier en 1885 au 2ème régiment de génie à Montpellier puis officier instructeur à l’École Polytechnique ;
    • la mère, Camille, née en 1886, qui a grandi à Marseille où son père travaillait aux chemins de fer pour la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée ; sa mère étant morte en couche, Camille est confiée à une tante qui réside dans le Dauphiné ;
    • Lucienne, la petite sœur,
    • et puis Marius, le fils, né le 3 août 1891 à La Buissière, petit village de l’Isère, entre le massif La Chartreuse et le Haut-Breda, au cœur des Hautes-Alpes  : « il sera militaire. L’armée en cette fin du Second Empire est omniprésente, voie royale pour quitter les champs et aller faire carrière ».

    La famille Cadoux s’installe à Paris « à l’ombre du Panthéon, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève  dans un logement de fonction », mais revient à La Buissière pour l’été.

    « Diplôme d’ingénieur en poche, Marius a fêté ses 18 ans lorsqu’il se lance dans le métier » auprèsCottage des dunes des Chemins de fer. En 1912, pour son service obligatoire, il est incorporé à Briançon, au cœur des Hautes-Alpes pour une durée de deux années. Le soldat Marius fait alors la connaissance de la jeune Houziaux Henriette ; c’est le coup de foudre….

    Le couple décide de se marier avant que Marius ne soit enrôlé pour se battre sur les fronts dans cette terrible guerre. Marius n’a pu être libéré de ses obligations militaires et est mobilisé dans le 159ème Régiment d’Infanterie Alpine, tandis que son père Jean-Baptiste (57 ans) reprend du service dans la « territoriale » en qualité d’officier réserviste.

    Cependant que les politiques se réfugient à Bordeaux, les soldats montent à l’assaut des Prussiens ; commencent alors l’hécatombe et la boucherie que les états majors s’acharnent à dissimuler aux populations. « ….d’experts gratte-papier sont chargés de réorganiser les effectifs en bouchant les trous, on fait valser les sections, on mixe les compagnies, on réduit les bataillons. Pour assurer la continuité du commandement on accélère les promotions, ensuite on attribue des médailles, des citations, pour l’honneur, pour calmer la grogne qui a commencé bien avant 1917…. »

    La fleur au fusil, avaient-ils dit…. Ils devaient rapidement parvenir à Munich pour boire une bière et repousser l’ennemi : ils s’arrêteront à Mulhouse ! Mais la population n’en saura rien ; elle doit ignorer les atrocités, les morts, les mutilés… le bruit des balles qui sifflent à tout va, l’explosion des obus qui déchiquettent les corps….

    Cottage des dunesOn ne connaît pas encore Verdun, mais les compagnons de Marius subissent des assauts terribles à la bataille de la Haute-Meurthe . ce 26 août 1914 et les six jours suivants, les soldats se souviendront de la terreur qui régnait, « de l’assommoir d’une artillerie qui les pilonne de loin, méthodiquement ». Pour la 1ère fois, des hommes s’enterrent dans des boyaux pour se protéger des feux ennemis.

    C’est l’horreur, la danse macabre continue et pourtant, Marius ne cessera d’écrire à Henriette : « tout va bien »…. Une simple correspondance qui n’incite ni aux confidences ni aux épanchements amoureux : censure oblige.

    Après le front d’Alsace et la bataille du Donon, ce sont les collines d’Artois et les batailles de la Somme… Les hommes continuent à avancer, par peur du peloton exécution, mais la colère commence à gronder…. L’offensive allemande se durcit.Cottage des dunes

    Et Marius tombe… l’os iliaque brisé par un obus ; nous sommes en octobre 1914.

    De son côté, Henriette se languit. Mais lorsqu’elle apprend la blessure de son mari, elle décide immédiatement d’aller le retrouver et de s’engager auprès de L'Association de secours aux militaires blessés (ex Croix Rouge Française) ; rien ne pourra l’arrêter.

    Henriette va jouer de ses relations pour que Marius soit correctement pris en charge, et notamment au Cottage des dunes ;  elle y travaillera comme aide infirmière de guerre, mais s’occupera surtout de son mari.

    Août 1915, Marius poursuit sa convalescence pour ensuite être renvoyé dans son foyer Grenoblois à l’automne de la même année. Sur son bulletin de sortie, il est notifié «  impotence majeure de la jambe droite ».

    Henriette a quitté son voile de la CFR et se consacre désormais à sa grossesse…. Marius n’a pas 25 ans ; il ne peut plus courir, il ne peut plus faire de vélo, mais il est vivant…

    Cottage des dunesCe récit est celui des grands-parents de l'auteur, Jean Noël Cadoux, diplômé de Droit et en Sciences Po Paris ; cet ex-journaliste à France-Inter Paris puis Sud-Ouest à Bordeaux rend hommage à la beauté de leur histoire en narrant le courage de toutes les victimes de cette boucherie.

    Ce livre est admirablement bien documenté et n’est surtout pas une banale histoire d’amour. Il transpire de souffrances et de révoltes ; il est criant de vérité, d’humanité et de fierté.

    Une citation résume bien l’ensemble : « s’il fallait mourir, que ce soit sur le dos face au ciel et non la figure dans la boue. »

    Pour en savoir plus :

    Le 159ème Régiment d'Infanterie Alpine (le chtimiste)

    Le 159ème RIA durant la 1ère guerre mondiale (wikipedia)Cottage des dunes

    Mémoire des alpins

    Le 159° RIA de Briançon

    Le front de l’Est (Alsace)

    Août 1914, Alsace : "Il y a eu encore plus de morts qu'à Verdun" (France Inter)

    Le souvenir des provinces perdues

    L’armée allemande (les mitrailleuses)

    Carnet de guerre d’Agricol Darier (le chtimiste)

    Evocation des diables bleus, parrains de la 77e Section d'Eclaireurs de Montagne

    Le front du Nord (Arras)

    Le beffroi d’Arras (Pays d’Artois)

    Lexique des termes employés en 14 18 (CRID 14 18)

    266 carnets de guerre, carnets de campagne, mémoires, carnets de route, albums photos, lettres, poèmes, chansons et témoignages de Poilus. 1914 1918 (le chtimiste)

    Les écoles normales du Pas-de-Calais face à la Grande guerre

    Arras, ville de l’arrière-front (la grande reconstruction)

    Hopitaux militaires – guerre 14 18

    Cottage des dunes

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  • Au douceur du temps1892, Clermont-Ferrand, en Auvergne.

    D’origine modeste, Juliette est une jeune employée dans une usine de confection de pâtes de fruits. Elle travaille avec acharnement et est reconnue par ses paires comme une excellente ouvrière. ; les fruits confits n’ont aucun secret pour elle !

    Au décès d'un oncle dont elle n'a jamais entendu parler, Juliette hérite d'une confiserie. Malgré l'interdiction paternelle, elle décide de relever le défi : elle sera "confiseuse", un métier qu'elle connaît bien puisqu’elle travaille déjà pour la très célèbre confiserie Marquand. Elle sera « patronne ».

    Mais ses concurrents voient d'un très mauvais œil que ce métier soit exercé par une femme. La confiserie s’avère un monopole masculin et les banquiers sont réticents à lui faire confiance. Déterminée, Juliette est décidée à se faire un nom dans le milieu des sucreries clermontoises, même si au 19ème siècle la « femme » se doit de rester en retrait des affaires.

    Très rapidement, il lui faut embaucher. Tandis qu’elle remet en état la boutique, Pierre s’occupe deAu douceur du temps l’atelier ; Pierre, dont elle tombe vite amoureuse ; ils se marieront, elle aura une fille Agathe….

    Mais qui est Pierre ? Un intriguent sorti de nulle part ? Un inconnu plus intéressé par les autres femmes qu’aux intérêts de la confiserie ?

    Pugnace et obstinée, Juliette rythme ses journées entre fruits confits et cerises en chemise, entre tradition et créativité, débordant d’imagination et d’adaptation pour faire prospérer son entreprise.

    Au douceur du tempsCe roman est une parenthèse de bien-être et de cocooning, un délice de gourmandises…. L’écriture est fluide, le scénario intéressant dans lequel Juliette brave les interdits de ce 19ème siècle au travers de faits historiques bien documentés : l’Église et ses censures, la place de la femme dans la société française, le Palais de la Femme à l’Exposition Universelle de Paris 1900, la Grande Guerre de 14-18 et ses restrictions, mais aussi la confection des pâtes de fruits et fruits confits dans la plus pure tradition.

    Un véritable supplice pour la gourmande que je suis !

    Pour en savoir plus : Au douceur du temps

    Histoire de la confiserie à Clermont-Ferrand (fin… très provisoire)

    Cruzilles, maitre confiseur en Auvergne

    Toute l'histoire de la confiserie d'Auvergne

    Histoire de la maison Moinet

    La confiseuse (gravure du 18ème siècle)

    "Bonbons, bonbecs et quelques délicatesses" : une histoire du bonbon, du Moyen Âge au 20ème siècle (France Culture)

    Les confiseries fin 19ème siècle (le blog du passé)

    Le concile de Clermont de 1095 et l’appel à la croisade. Actes du Colloque Universitaire International de Clermont-Ferrand (23-25 juin 1995) – références bibliographiques (Persée)

    L'appel de Clermont et les origines de la croisade (Cairn)Au douceur du temps

    Croisades (site officiel de Clermont-Ferrand)

    La statue de Vercingétorix : une inauguration mouvementée (site officiel de Clermont-Ferrand)

    Aperçu de l'Exposition universelle de Paris 1900 (INA)

    Expo 1900 : Les 3 meilleures attractions

    Pourquoi l'Auvergne est-elle le berceau de la pâte de fruit ? - Météo à la carte

    1898: le régime des « mutuelles 1900 » est instauré

    Sous la direction d’Albert Robida. La Gazette du Vieux Paris. (Le blog Paris Libris)

    Puy Confit, l’aventure de la confiserie d'Auvergne

    Confiseries d'Auvergne. Pâtes de fruits, fruits confits, chocolats et autres sucreries. 1400-2000

    Au douceur du temps

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  • L'île aux enfants1963, île de la Réunion, grande île du Sud-Ouest de l'océan Indien qui est un département et une région d'outre-mer française (DROM).

    Pauline, six ans, et sa petite sœur Clémence, sont kidnappées sur le bord de la route dans une camionnette rouge puis embarquées de force dans un avion pour l’hexagone.

    À Guéret, dans la Creuse, elles sont séparées pour être placées en famille d’accueil.

    1998 : quelques 35 ans plus tard, des phrases à la radio sur des enfants réunionnais volés à leur famille interpellent Caroline, étudiante journaliste et fille de Pauline : entre 1963 et 1982, au moins deux mille enfants réunionnais ont été enlevés afin de repeupler des départements sinistrés de la métropole. Caroline comprend alors que sa mère est l’une de ces enfants...

    Elle décide alors d’enquêter sur l’histoire de sa mère – qui est également SON histoire – soucieuse de la sourde douleur de sa mère. De vieilles blessures s’ouvrent, des blessures que Pauline n’est plus en mesure d’expliquer ni de comprendre. Privations, insultes, coups, viol, tout refait surprise avec les traumatismes et leurs conséquences.L'île aux enfants

    Sur fond de romance, cette histoire évoque deux générations de femmes victimes de l’arbitraire et du secret ; elle nous ouvre également aux détails sordides d’un mensonge d’État.

    Mais outre cette quête des origines, sur l’adoption, sur l’exploitation de tous ces enfants arrachés à leur famille - soi-disant pour leur bien - ce récit apporte aussi de très belles descriptions de la Réunion ; vous fermez les yeux et vous sentez le sable chaud sur la peau, l’odeur des embruns et le bruit des vagues qui viennent mourir sur la plage...

    Il s’agit de la réelle histoire des exilés de la Creuse, un épisode peu glorieux de notre histoire de France.

    Il faudra de nombreuses années avant que l’État reconnaisse « que la politique menée à cette époque était une faute car elle a aggravé dans bien des cas la détresse d’enfants qu’elle souhaitait aider ».

    L'île aux enfantsEn effet, il en faudra du temps pour que « ces exilés » se sentent à leur place, qu’ils sachent qui ils sont, qu’ils reprennent place dans la danse et retrouvent leurs racines…. Il en faudra beaucoup de résilience pour apprendre à se reconstruire et répondre à l’inconcevable…. À ceux qui pensent encore « elle est revenue drôlement instruite (….) Alors de quoi vous plaignez ? Ça valait le coup, non ?… ils ont eu la vie plutôt facile, ces gosses-là… Alors pourquoi revenir, si ce n’est pour nous narguer, nous en mettre plein la vue… ou peut-être mettre la main sur le peu de terre qu’il nous restait ? »

    Pour en savoir plus :

    Les enfants de la Creuse (Wikipedia)

    "L'île aux enfants", le scandale des enfants volés de La Réunion

    Livres du moment : Interview d'Ariane Bois - L’Île aux enfants

    Le CRAN – Conseil représentatif des Associations NoiresL'île aux enfants

    Déracinés : Les Réunionnais de la Creuse

    De retour sur l'île de la Réunion avec "les enfants de la Creuse" volés à leurs parents

    Les enfants volés de La Réunion - Grand Reportage

    Marronnage et esclavage à La Réunion

    La destruction des noirs marrons de Bourbon (La Réunion), sous la régie de la Compagnie des Indes.

    La résistance des esclaves à l’île Bourbon – La Réunion

    FEDD (Fédération des Enfants Déracinés des DROM)

    L'île aux enfants

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  • Mémoire de soieLa Cordot 1936, un petit village de la Drôme. Émile a vingt ans ; il quitte pour la 1ère fois la magnanerie familiale, où étaient élevés les vers à soie jusqu’à la fin de la guerre, cette Grande Guerre dont on ne parle jamais. Il part sans rien bousculer des habitudes  de ses parents. Peu importe qu’il les quitte pour deux ans, pas de fierté ni d’inquiétude. Sa mère est au lavoir, tandis que son père est parti tôt au magasin, comme tous les jours de la semaine….

    Mais juste avant de prendre le car pour Montélimar, sa mère lui glisse simplement au fond du sac le livret de famille. À l’intérieur, deux prénoms : Suzanne, celui de sa mère et un autre, Baptistin.

    Aucune effusion, aucune parole…

    Qui est cet autre ?

    Qui osera dire…. Qui osera s’épancher sur tant de vies gâchées, de tendresses empêchées, de violences assassines, d’actes innommables, et de dignité bafouée….

    Deux frères qui se protégeaient : « pour lui, l’essentiel est niché ailleurs, là-haut, dans les soupentes du magasin où une piaule lui est louée par M. Galou, le propriétaire. Une piaule, pas plus grande que celle qu’il partageait avec son frère à La Cordot, mais pour lui seule cette fois, à des kilomètres de la maison. Loin des chenilles, des cocons, de la soie, du cérémonial. Cette fierté ne l’a pas contaminé. Déshérité en quelque sorte. Pas du tout embaumé dans la transmission. Comme contourné. La Mère peut bien pérorer sur ce fils parti à la ville prendre pied dans le Grand Bazar, Auguste en sait assez pour deviner que la dignité, la seule, la toute petite que l’on gage auprès de l’éternel, cette dignité-là, on ne la trouve pas dans les parapluies à la mode vendus à 4 francs et suspendus aux façades du Grand Bazar. »

    Ce premier roman d’Adrien Borne est une merveille ! Les personnages sont fracassés, démolis, meurtris, englués dans la tragédie de la guerre, prisonniers de secrets inavouables… Ah ce silence destructeur… Il suffirait pourtant de presque rien pour dérouler le fil de l’histoire et gripper la mécanique de l’oubli.

    Prix de la Ville d'Angoulême 2020, Prix Alain Fournier 2021, Prix des Lecteurs de Levallois 2021, Lauréat du Festival du Premier roman de Chambéry 2021, ce livre est avant tout une bouleversante histoire de secrets, comme il en existe dans tant de familles, et qui vous prendra aux tripes !

    Pour en savoir plus :

    Le musée de la soie à Taulignan

    La vraie fabrication de la Soie

    Quand la Grande Guerre rend fou

    Soldat stress post traumatique guerre 14-18

    Verdun, paroles de poilus | franceinfo INA

    Blessés psychiques de la Grande guerre : cachez ce mal que l'on ne saurait voir (France Culture)

    Mémoire de soie

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  • Mademoiselle PapillonMademoiselle Papillon est une « histoire sur le pouvoir du don de soi (...) lorsque l’on prend soin d’un autre être humain, on prend soin de ceux qui croiseront sa route. L’amour suscite l’amour »… Deux destins de femmes, infirmières.

    Gabrielle, 30 ans, s'occupe de prématurés dans un service de néonatologie intensive. Son quotidien est rythmé par les actes techniques et le fonctionnement des machines ; dans un univers où l’incertitude domine, où le temps est une obsession, où rien n’est jamais acquis, où chaque victoire, si infime soit-elle, est le résultat d’une lutte de chaque instant, Gaby glisse lentement dans l'indifférence, traversée par un questionnement perpétuel, vidée par la brutalité de son travail.

    C’est alors qu'elle découvre l'histoire de Thérèse Papillon, reconnue Juste parmi les nations : sa mère romancière lui remet son dernier manuscrit et lui demande de le lire. Au fil des pages, Gabrielle devine qu’il est question de son histoire mais elle ne comprend pas ; Thérèse, « elle persévère avec aisance là où je m’écroule (…) Elle serait faite d’une étoffe qui résiste alors que la mienne s’abîme au contact de la souffrance ? Je refuse cette réponse. »….

    En 1920, dans une France ravagée par la guerre, Melle Papillon est envoyée par la Croix-Rouge dans un dispensaire à Vraignes-en-Vermandois, une petite commune rurale de la Somme, à 58 km d’Amiens. Alors qu'elle tente d'accomplir sa mission, la vision d’enfants rachitiques et affamés lui est insupportable. Se forme alors la grande ambition de tous les protéger. Melle Papillon part à la recherche d’une demeure pour les accueillir ; l’abbaye de Valloires lui est alors confiée ; elle va y créé un un préventorium pour les enfants au sortir de la Première guerre mondiale. Elle a accueilli des milliers d’enfants malnutris et mal soignés, des proies idéales pour la tuberculose, le mal de l’époque.

    C’est un roman richement document comme je les aime, et bien évidemment, je n’ai pu résister à l’envie de faire des recherches sur cet étrange personnage du début du 20ème siècle.

    J’ai retrouvé son acte naissance : AD 77 n°84 page 34 (Tournan en Brie – Seine et Marne)

    Mademoiselle Papillon

    Sur GENEANET, j'ai pu retrouvé l'arbre de sa famille (ICI)

    N’oublions de saluer le courage et la technicité des infirmières qui évoluent en soins intensifs.

    Pour en savoir plus :

    L’Abbeye de Valloires (site officiel)

    Le préventorium de Valloires (cartes postales)

    Le NIDCAP

    Programme NIDCAP : à l'écoute des enfants prématurés (Magazine de la Santé)

    Thérèse Papillon, Juste parmi les Nations

    L'histoire de Thérèse Papillon et de l'Abbaye de Valloires

    L'histoire du dimanche - Thérèse Papillon, l'infirmière résistante qui a sauvé des enfants juifs à l'abbaye de Valloires (FR3 Hauts de France)

    Thérèse Papillon (AJPN)

    Mademoiselle Papillon

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  • Découverte d'un cimetière abandonné en Lorraine

    Formidable témoin de l'art sépulcral du 18e et du 19e siècle, cet ancien cimetière isolé en forêt, à la sortie d'un petit village de Lorraine, est un précieux héritage des générations passées (cliquez sur l'image ci-dessous)

    Découverte d'un cimetière abandonné en Lorraine

    Découverte d'un cimetière abandonné en Lorraine

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  • Chroniques d'un médecin des minesCe livre est un récit de chroniques racontées avec simplicité et sincérité, par le Docteur AVERLANT, médecin qui exerça durant 34 ans à Bully Les Mines, chef-lieu de canton situé entre Lens et Liévin, au cœur du bassin minier du Pas de Calais.

    Avec colère quelquefois, mais surtout beaucoup de respect et de l’humour, le professionnel nous parle des liens qu’il a créés avec le « peuple du pays noir » : situations cocasses, pathétiques, des coups de cœur mais aussi des coups de gueule, son « petit théâtre » comme il aime l’écrire, des scénettes au cabinet de consultation, au domicile ou bien dans la rue.

    Tout y passe : l’alcoolisme, l’ennui, la gastro-entérite, l’hôpital, la vieillesse, mais aussi les migrants et le racisme, la silicose et tous les maux propres à votre société.Chroniques d'un médecin des mines

    Des gens ordinaires, tout simplement...

    Pour en savoir plus :

    Histoire de Bully les Mines (site de la ville)

    Cartes postales Bully les Mines (Geneanet)

    BULLY GRENAY Au fil du temps legende 12

    Chroniques d'un médecin des mines

     

     

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  • Angelina, les mains de la vieNovembre 1878, dans les pyrénées ariégeoises.

    A 19 ans, Angelina LOUBET ses sabots aux pieds et à califourchon sur sa mule, prend seule les chemins escarpés vers la grotte du Ker pour y accoucher en grand secret ; abandonnée par son 1er amour, originaire d’une famille notable de la région, Angelina se voyait déjà mariée et exauçant son vœu le plus cher : devenir une sage femme, une « costosida » comme on dit dans sa région natale.

    Henri est son « pitchoune de l’amour » mais aussi celui de son déshonneur et de celui de sa famille ; elle se résigne toutefois à le confier à une nourrice, pour devenir élève sage-femme à l'hôtel-Dieu Saint-Jacques de Toulouse et obtenir son diplôme. Les connaissances acquises auprès de sa mère défunte, et ancienne « costosida » la confortent dans ses choix ; elle est une jeune femme épanouie et fait preuve d’un grand savoir-faire auprès des femmes en couches.

    Mais que lui réserve l’avenir ? A t-elle toujours fait le bon choix ?Angelina, les mains de la vie

    Angelina est un personnage attachant, une femme généreuse prête à tous les combats pour que s’accomplisse son rêve. Elle est déterminée et ne lâche rien, même si les épreuves de la vie ne l’épargnent pas…. Elle est une femme résolument « moderne » pour cette fin de 19ème siècle.

    L’auteure Marie-Bernadette Dupuy nous entraîne au cœur des Pyrénées, dans ces contrées montagnardes, où le climat est aussi rude que le cœur des hommes, où la religion et les mœurs mènent la vie dure aux femmes. Angelina évolue entre le monde rural, modeste, de son père cordonnier et les mondanités de son mari.

    Si ce livre est avant tout un roman, il n’en demeure pas moins riche de personnages authentiques, de faits tirés du réel et qui réhabilite les matrones et les accoucheuses des petits villages. Ce sont des histoire d'amours, de la violence, des assassinats précédés de viols, des scènes de vie rurale, mais surtout des naissances avec force récits d'accouchements rapides ou laborieux….

    Vous l’avez bien compris : j’ai adoré ce livre qui retrace le quotidien d’une sage-femme, tant le côté médical et les contraintes du « nouveau » sanitaire, que le côté psychologique d’une femme au sein d’un 19ème siècle pas très tendre avec la gent féminine.

    Pour en savoir plus :Angelina, les mains de la vie

    L’ancien hôtel-Dieu de Saint-Lizier

    Le Ker de Massat (diaporama)

    L’hôtel-Dieu Saint Jacques de Toulouse (CHU)

    L’hôpital de la Grave (Toulouse)

    L’hôpital de la Grave (secret de quartier)

    Abrégé de l'art des accouchements

    L’abrégé (Gallica)

    Le mannequin du 18ème siècle de madame Coudray

    Les sages-femmes de La Romagne, personnages incontournables

    Angelina, les mains de la vie

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