• E comme EHRHARD

    E comme EHRHARDCe patronyme est présent 5 495 fois sur Geneanet ! Il est une anglicisation de l'allemand Erhard, Erhardt, nom de personne d'origine germanique formé sur les racines era (= honneur) et hard (= dur).

    Et comporte de très nombreuses variantes : Earhardt / Earheart / Ehrardt / Ehrart / Ehrdardt / Ehrhard / Ehrhards / Ehrhardt / Ehrhart / Ehrrart / Erhard / Erhardt / Erhrart / Eurhart. 

    On reste en Alsace, dans le Bas-Rhin ; je vais vous parler de Thérèse EHRHARD, dont je suis une descendante à la 6e génération.

    Thérèse est née le 29 avril 1789 à Oberhaslach.

    Oberhaslach est un petit village de la vallée de la Bruche, perché à environ 270 mètres d’altitude, dans le Bas-Rhin et au cœur du massif vosgien. La rivière montagnarde La Hasel le traverse dans toute sa longueur.

    E comme EHRHARD

    La vie y est rude : qu’ils soient cultivateurs, journaliers, maraîchers, tisserands, cloutier, bûcherons, maréchal-ferrant, tailleurs ou bien tailleurs de pierres, tous ont pris part à rendre cette petite commune agréable à vivre ; Oberhaslach possédait son moulin à grains et sa fabrique ; la famille SIAT d’Urmatt a contribué à faire vivre toute la population de cette région rustre et inhospitalière.

    A l’issue de la guerre de Trente ans (1618 – 1648), le village a totalement été détruit et la population décimée fut en partie reconstituée par des familles venues de Suisse. Mais ça c’est une autre histoire car Thérèse naîtra deux siècles plus tard, en pleine Révolution Française.

    Après une longue culture germanique, Louis XIV « raccroche » l’Alsace à la France, en raflant les droits et les possessions des Habsbourg. Mais l’Alsace reste blessée d’être gouvernée comme une province à l’instar des territoires étrangers : les cités voient leurs murailles détruites, les châteaux sont démantelés, et les Protestants à peine tolérés.

    E comme EHRHARD

    La colère gronde et les Alsaciens accueillent avec ferveur cette Révolution Française qui va leur permettre de se soulever contre la noblesse locale. Mais ne nous affolons pas : il est vraisemblable que, malgré les soulèvements, la vie des petites filles des campagnes françaises ne voient pas de changements retentissants dans leur vie quotidienne. Quant à l’école, il faudra attendre au moins 1882 et les lois de Jules Ferry ; Thérèse, comme les filles de son âge, n’est pas allée à l’école ; sur son acte de mariage, elle a signé d’une croix, attestant qu’elle ne sait pas écrire.

    Thérèse a donc épousé Florent KLEIN le 13 janvier 1818 ; Thérèse avait 29 ans tandis que son futur en avait 47….

    Il est évident que Thérèse est une seconde épouse ; en recherchant dans les archives, je trouve une première union avec Catherine DEMANT le 11 janvier 1806 ; Florent avait alors 35 ans…

    Peut-être une autre union précéde celle-ci mais au stade de mes recherches dans les archives paroissiales numérisées, je n’ai encore rien trouvé…

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    Quoiqu’il en soit, Thérèse et Florent ont eu deux enfants : les jumelles Thérèse et Marie Anne. Vraies ou fausses jumelles ?

    On dit que les vrais jumeaux sont toujours du même sexe, ce qui est ici le cas ; il aurait fallu confirmer que les deux enfants ont évolué dans la même poche placentaire pour pouvoir l’affirmer ; ce qui est impossible avec les documents en ma possession.

    Une ancienne croyance persiste également à désigner le 2d enfant né comme étant l’aîné, puisqu’il est situé tout au fond de l’utérus ; Thérèse porte le numéro 23 sur son acte de naissance tandis que Marie Anne porte le numéro 24 mais sans aucune précision sur l’heure de la naissance ; je peux toutefois en déduire que Marie Anne a été désignée comme la première des deux enfants.

    Avec des jumelles à charge, Thérèse n’a pas dû « chômer »…. Rappelons que la femme du XIXème siècle – et d’autant plus dans les campagnes – a le rend d’une épouse et d’une mère, sous le joug de son mari. Même si Olympe de Gouges rédige « La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », il faudra encore de très nombreuses années avant que les mentalités changent.E comme EHRHARD

    Thérèse ne saura jamais écrire – a-t-elle seulement eu le temps d’apprendre ! - par contre sa fille Marie Anne, mon AAAgrand-mère paternelle, saura au moins écrire son nom de famille, comme en témoigne la signature sur son acte de mariage.

    Après avoir parcouru les recensements d’Oberhaslach, je peux affirmer que Thérèse n’a jamais eu que deux filles. Au décès de Florent, Thérèse a vécu seule avec ses jumelles, sans jamais reprendre de vie commune. La famille résidait rue du village (recensement de 1836 et 1841). Mère et filles travaillaient comme « journalières » : un journalier était un travailleur essentiellement agricole qui fournissait sa force de travail, c’est-à-dire ses bras, car il ne possédait rien d’autre. C’était un travailleur pauvre.

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    Sur le recensement de 1846, Marie Anne est en couple avec Nicolas DEIBER ; ils ont déjà deux enfants et vivent rue de l’Église. Thérèse et sa fille déménagent pour se rapprocher de Marie Anne et Nicolas.

    Thérèse-mère décède le 12 juillet 1848 ; a-t-elle eu connaissance de tous les troubles qui secouent la France ? Après la mort de Louis XVI, se sont succédés la Convention Nationale, le Directoire, Napoléon Ier et l’Empire, puis retour éphémère de l’Ancien Régime avec Louis XVIII et Charles X ; la Monarchie de Juillet fait suite à la Restauration pour enfin faire la place au règle d’un président qui se voulait « social » : Louis Napoléon Bonaparte.

    Elle ne connaîtra pas les deux décennies de prospérité agricole avec le développement de l’industrie et fort heureusement pour elle, elle échappera à la chute de l’Empire, aux journées sanglantes des Communards et surtout, à l’invasion prussienne de son pays.

    Au décès de sa mère, la jeune Thérèse se rapproche de sa sœur et réside désormais au sein du foyer de Marie Anne et Nicolas ; sur les recensements de 1851, 1856, 1861, et 1866, toute la famille réside rue de la Chapelle, à Oberhaslach.

    En 1871, Thérèse reste seule, tandis que sa sœur, Nicolas et les enfants quittent l’Alsace.

    Pour en savoir plus :

    Histoire de l'Alsace 

    Le vécu de la grossesse aux XVIIIe et XIXe siècles en France

    La Révolution en Alsace (Persée)

    La Révolution française en Alsace et en Lorraine / Éric Hartmann

    Les cahiers de doléance en Alsace (DHIA)

    Histoire contemporaine de Strasbourg et de l’Alsace (Charles Staehling)

    Religion et Révolution en Alsace (Persée)

    Les naissances gémellaires du XVIIe siècle à nos jours (Cairn)

    Les accouchements multiples dans la France ancienne (Persée)

    Gémeaux (le blog Mes aïeux quelle famille)

    Luttes pour les droits des femmes au 19e siècle (Gallica)

    La place de la femme en France au XIXème siècle

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