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Les fantômes de l'hystérie : histoire d'une parole confisquée
Depuis la nuit des temps, la parole des femmes a « bousculé » ; les femmes dérangeaient, la société les traitait d’hystériques à enfermer. Dans notre société patriarcale du 19ème siècle, l’homme avait droit de vie et de mort sur sa femme et ses enfants….. Ou du moins exerçait un contrôle total dans sa sphère privée. La femme devait notamment une totale obéissance à son conjoint, et il n’y a pas encore si longtemps….
Voici 4 podcasts de France Culture : « les fantômes de l’hystérie : histoire d’une parole confisquée », pour aider à mieux comprendre, les femmes d’hier et, hélas, encore aujourd’hui….
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« “Mal de mère” ou “Mal du diable”, l’hystérie est utilisée depuis l’Antiquité pour qualifier tantôt des femmes en mal d’enfants (qui ont "l’utérus baladeur"), avides de semence masculine (atteintes de suffocation de matrice), tantôt débordée de semence (nymphomanie et “fureur utérine”). Elle disqualifie tour à tour les femmes du peuple, les célibataires, les femmes esclaves… et les réduit à d’éternelles malades par nature, possédées et dépossédées de leur corps. Pour autant, elle nie leurs véritables douleurs ».
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« L’histoire de la neurologie et de la psychanalyse commence avec le traitement des “hystériques” à la Salpêtrière à la fin du XIXe siècle. Face à ces femmes qui présentent des symptômes impressionnants -paralysie, cécité, torsion en arc de cercle, convulsions…- mais sans lésion organique, Jean-Martin Charcot, neurologue à la Salpêtrière, décrète que l’hystérie n’est pas une maladie de l’utérus mais une névrose de l’encéphale. Pour autant, il en fait une maladie essentiellement féminine dont le principal soin consiste à compresser les ovaires ».
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“Traits hystériques... Posture de théâtralisme… forte demande de reconnaissance narcissique et phallique”, voici comment est décrite Emma, victime de violences conjugales, dans les expertises psychiatriques réclamées par la justice, qu’elle nous a présentées lors de notre rencontre.
Le sociologue Pierre Guillaume Prigent analyse ce genre d’expertise : “On est face à un jugement catégorique qui présuppose qu'elle est inauthentique et donc qu’elle n'est même pas capable d'accéder au contenu de son histoire. Il y a une minimisation de sa souffrance qui viendrait d'elle et pas de ce qui lui est arrivé et donc on retrouve finalement la stratégie de l'agresseur, c'est-à-dire que c'est elle qui est responsable de sa situation. On est face à ce que j'appelle parfois la complicité institutionnelle”.
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« Si le stigmate d’hystérie fonctionne toujours, c’est que nos imaginaires sont peuplés d’hystériques, de folles enfermées dans le grenier, de crises de nerfs de femmes au foyer. Comment cesser de croire à ces fictions ? Comment sortir de la maison hantée ? »
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Tags : femme, histoire, parole, hysterie, violences
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