Mon grand-père Henri est né le 21 octobre 1907 à Mouy, commune de l’Oise.
A sa naissance, la famille habitait rue d’Ully ; durant la mobilisation de Théophile son père, Marie Clémence sa mère s’était réfugiée dans le foyer maternel, rue Léon Bohard.
Un grand ami de la famille, Jules Alexandre Leblond résidait rue de Paris, un si bon ami qu’il deviendra un oncle d’Henri en épousant sa tante Marie Florentine Deiber ; le couple aura plusieurs enfants, dont l’un d’entre eux sera maire de Mouy, puis résistant durant la seconde guerre mondiale.
Tous ces noms de rue m’ont donné l’envie de me promener dans la ville….
La petite ville de Mouy est traversée par les eaux du Thérain qui parcourent toute la vallée qui porte son nom, pour aller se jeter dans la rivière de l'Oise, à peu de distance de Creil ; tout au long de son parcours, le Thérain reçoit une grande quantité de petits affluents qui viennent grossir son débit notamment entre Beauvais et Mouy. Jusqu’au 18ème siècle, ce cours d’eau est resté la propriété exclusive des anciens seigneurs de Mouy pour alimenter le mouvement des roues des moulins à farine, assis sur la rive gauche de la rivière.
Après avoir vaincu les attaques normandes et anglaises, s’être libérés du joug des seigneuries environnantes (Comtés et Baronnies de France), les Mouysards et les Mouysardes ont pu se consacrer à leur ville.
Au début du 19ème siècle, le territoire de Mouy se compose de bois, de marais, de prés et de vergers sur toutes les parties qui environnent la rivière. Peu à peu, les marais sont assainis pour laisser place aux constructions ; sur les terres les plus arables sont plantées des vignes – de piètre qualité - arrachées ensuite pour servir de terrains légumiers et d'étendoirs à laines aux fabricants d’étoffe de la commune.
Les terrains pauvres étaient exploités comme carrières, desquelles on a extrait des quantités considérables de pierre à bâtir.
Outre le Thérain, la commune de Mouy était traversée par l’unique route qui conduit de Clermont à Beaumont-sur-Oise, précédent la ligne de chemin de fer entre Beauvais et Senlis.
Si en 1793 Mouy est un gros village de 1665 âmes, en 1872, le nombre d'habitants a significativement augmenté (3201) et en 1906, il s’élève à 3454.
Les terres sont pauvres, mais le Thérain fournit la force motrice nécessaire à l'implantation de l'industrie textile relayée dans les années 1860 par celles des cuirs, des peaux et de la brosserie ; monsieur A. Dubois ne s’y était pas trompé ; on raconte que « cet étranger » est venu dans la région vers 1788 pour y fonder une fabrique d'étoffes dite royales ; « M. Dubois se fit donc fabricant de draps à Mouy. Loin de nuire par ses tissages aux fabricants du lieu, ceux-ci purent en profiter en cherchant à imiter leur nouveau confrère. M. Dubois ayant laissé sa manufacture à un successeur, après l'avoir exploitée pendant quinze à vingt ans, on y vit un sieur Briquet, de Beauvais, comme continuateur des travaux de son prédécesseur, et bientôt après, c'est-à~dire en l'an IX de la République, vint s'installer à la même fabrique M. Jean-Baptiste Papavoine, aussi de Beauvais. Celui-ci s'était fait connaître, par une enseigne, comme fabricant de draps pour la troupe ».
De cette croissance, il ne reste que des grandes bâtisses, maisons de maître du XIXème siècle dont l'architecture emprunte beaucoup à l’architecture haussmannienne de la haute bourgeoisie. Ces constructions en pierre de pays témoignent d'une richesse indécente réalisée sur le dos d’une population laborieuse dépourvue de tout, « au point qu'il faut la création d'une cantine scolaire en 1894 pour que les enfants indigents fréquentent l'école ».
Et grâce à mon ami « Google », j’ai pu parcourir la ville….
Il suffit quelquefois de lever le nez pour voir des frontons magnifiquement décorés ou bien des angles de maison superbement travaillés.
C’est à s’y méprendre : la cité ouvrière de Mouy - ou du moins ce qu’il en reste – ressemble fortement aux « corons » du Nord ; l’une est liée aux industries minières du Nord Pas-de-Calais tandis que l’autre est attachée aux filatures de textile.
Je peux alors légitimement me demander si les infrastructures et l’organisation étaient identiques ; je sais que les habitations du nord étaient modestes, souvent exigus et fournis par les industries locales ; mais qu’en était-il des cités ouvrières de Mouy ? Est-ce qu’elles bénéficiaient également des infrastructures sociales de base telles que écoles, apprentissage, magasins, assurance etc., souvent liées à l'entreprise ou à la municipalité locale.
C’est un domaine qu’il me faudra explorer...
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Pour en savoir plus :
Mouy et ses environs (Gallica)
Mouy (Wikipedia)
Carte du Canton de Mouy (AD de la Somme)
Visite du patrimoine de la ville de Mouy
Maison Bordez-Greber (Monumentum)