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Elisa TANCREZ, mon AAgrand-mère maternelle (suite et fin)
Puisque les technologies de Geneanet et de GIMP m’offrent cette opportunité, j’ai recensé les enfants nés de mes AAgrands-parents en me souciant, de l’adresse du domicile et du temps écoulé entre chaque naissance (tableau ci-dessous).
Et mes recherches m’ont conduites à certaines conclusions (ou réflexions).
Si la famille a résidé sur Lens, la plupart du temps, il semble qu’elle ait souvent changé de domicile, très vraisemblablement au regard de la configuration familiale qui ne cesse de s’agrandir.
Elisa a eu des grossesses régulières espacées de 16 à 22 mois ; « les naissances se succédaient au rythme imposé par les conditions naturelles d’espacement, comme les périodes de lactation, les aménorrhées, les fausses couches, ou encore des périodes de continence « culturelle » d’origine religieuse, comme l’Avent ou le Carême ».
Mais au vu de tous ces « bébés » j’en conclus qu’elle n’a pas subi d’avortement ou bien abandonné un enfant…. Oserai-je parler de « mère courage »….
J’ai toujours été portée vers la condition féminine et je mesure le travail qu’Élisa a enduré ; on parle toujours du travail pénible dans les mines, mais quid de leurs femmes, de leurs mères… Pas de confort, pas de douche ou d’eau chaude, des latrines au fond du jardin, pas de machine à laver, pas d’aspirateur et j’en passe….
Il me semble « indécent » de parler de la vie sexuelle de mes AAgrands-parents (respect oblige) mais inévitablement, je pense qu’Élisa devait être une femme très docile et dans l’incapacité de se mesurer à son époux : il était inenvisageable pour une femme autrefois de se refuser à mon mari….
Sous le régime de Napoléon déjà, en 1810, l’article 317 du code pénal énonçait les peines encourues pour toute pratique abortive. Quant aux abandons, le Roi de France Henri II avait déjà proclamé un édit en février 1556 « sur le recelé de grossesse et d’accouchement ».
Et les moyens de contraception ?....
Quoiqu’il en soit, et quoiqu’il en a coûté, Élisa a élevé ses enfants tandis que mon AAgrand-père partait travailler….
A l’inverse d’un modèle de famille bourgeois, Malthusien et ayant accès « aux savoirs », co-existe un autre modèle de famille, ouvrier, populaire, pauvre et ayant peu, voire pas du tout accès à la connaissance ; très jeunes, les enfants devaient aller travailler pour soutenir leurs parents. Il faut dire que les salaires étaient si maigres (à peine quelques francs par semaine) que tous travaillaient pour la mine, hommes, femmes et enfants….
Il y avait peu de place pour les loisirs et la préoccupation première de mes AAgrands-parents n’étaient très certainement pas de faire de longues études… faute d’argent ! N’oublions pas non plus, que la Compagnie des Mines pourvoyait (ou presque !) aux besoins de ses mineurs, qui avaient notamment obligation d’envoyer toute leur famille travailler dans les carrières, sinon, ils se retrouvaient tous à la rue !
Nos aïeux n’avaient pas de congés payés (il faudra attendre 1936 et le Front Populaire !) ; les journées de travail étaient pénibles et longues (près de 14h pour certains) ; aucune place pour les conditions de travail et de sécurité ! Quant aux 35 heures hebdomadaires, même pas en rêve ! A l’arrivée de leur unique repos de la semaine, le dimanche, ils devaient être épuisés, au-delà de tout entendement….
L’excès de travail n’engendre pas à la réflexion : il abrutit ; et sans vouloir faire de politique, je dirai qu’il est aisé de dominer un peuple harassé et courbé ; les objecteurs de conscience n’ont jamais eu bonne presse… et pourtant...
Pour en savoir plus :
Comment prévenait-on les naissances avant la contraception moderne ?
Evolution des idées dans les méthodes de contraception
Edit d'Henri II de février 1556 contre l'infanticide
Nos ancêtres dans l’Histoire – Atelier enfants trouvés, abandonnés, assistés (1)
Tags : travail, famille, Elisa, contraception, enfants, HERBEZ
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