• F comme FROMENT Georges Victor

    F comme FROMENT Georges VictorJe suis une nièce à la 3e génération de l’épouse de Georges Victor FROMENT ; en effet, Rosalie Angèle DEROUILLON est la petite sœur de Marie, mon Agrand-mère maternelle et mon SOSA 13.

    Voici l’histoire de Georges Victor, un soldat de la Première Guerre Mondiale, un soldat « ordinaire » comme tant d’autres…. Ordinaire ? Et bien, pas tant que ça….

    Georges Victor est né le 25 février 1896 à Croisilles, une commune du Pas-de-Calais, lourdement rackettée par l’occupation allemande jusqu’en 1917.

     

    F comme FROMENT Georges Victor

    Fils de Léonie et de père inconnu – il est le dernier né d’une fratrie de 3 garçons. Léonie vit chez sa mère avec ses enfants ; tout comme elle, sa mère est ce que l’on appelle aujourd’hui une « mère célibataire » ; à l’époque, la société n’appréciait pas ces « filles-mères », stigmatisées et marginalisées. Rejetées par leur propre famille pour avoir apportées le déshonneur, elles se retrouvaient en situation de grande précarité.

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    L’abandon d’enfants était alors courant ; mais mère et fille semblent s’être soutenues face à l’adversité et ont donné l’éducation qu’elles pouvaient ; la vie n’a pas dû être très facile…

    En 1911, les deux frères de Georges Victor sont déjà mariés :

    - André Joseph – son aîné de 12 ans - a épousé Germaine Justine DUPONT : au moment de la mobilisation de 14, il laissera son épouse avec un petit garçon de deux ans ;

    - Marcel Isidore – son aîné de 7 ans - s’est uni à Jeanne Marie MARTINOT ; c’est un peu l’enfant terrible de la famille, un « baroudeur » tatoué « au bras, à la poitrine et aux jambes » qui devra toutefois laisser sa femme, une petite fille de 3 ans et demi et un bébé de quelques mois pour partir à la guerre.
     

    Et Georges Victor, que fait-il ? Il est condamné le 7 novembre 1911, une condamnation qui sera amnistiée….Dans le Pas-de-Calais comme beaucoup d’autres régions industrielles de France, les mouvements sociaux et des grèves importantes ont fleuri ça et là, un peu comme des graines qui germent ; les ouvriers des mines et des usines revendiquaient de meilleures conditions de travail et des droits sociaux.

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    Face à cette déferlante contestataire, le gouvernement a fortement réprimé, mais très vite, il s’est vu dans l’obligation d’amnistier pour apaiser les tensions sociales. L’amnestie a été utilisée comme un « outil » pour réintégrer les ouvriers et les mineurs dans la société : effacer les condamnations pouvaient alors permettre de retrouver une place dans le monde du travail.

    Août 1914, les soldats français sont partis la fleur au fusil, persuadés de rentrer dans leurs foyers pour Noël ; ils étaient prêts à casser du « boche » et ce fut la débâcle. Mais Georges Victor est trop jeune pour partir sur le front…

    Et pourtant, le 9 avril 1915, Georges Victor intègre le 67ème RI : il n’a alors que 19 ans…. Il est classé dans « le service auxiliaire » suite à une « double otite avec perforation du tympan ».

    Au regard des lourdes pertes subies, la France a dû mobiliser un grand nombre d’hommes. Il fallait combler les rangs et soutenir l’effort de guerre. Il est vrai que la mobilisation générale a concerné tous les hommes aptes au service militaire, c’est-à-dire ceux de 20 ans au moins ; mais au fur et à mesure que la guerre se prolongeait et que les pertes augmentaient, les classes d’âge plus jeunes ont été appelées… Je me suis demandée si Georges Victor n’avait pas menti sur son âge pour partir et participer à l’engouement patriotique…. Ou tout simplement échapper à une nième condamnation...

    Le 3 octobre 1915, il intègre le 26ème régiment d’artillerie, en pleine offensive de Champagne.

    L’artillerie, c’est du lourd… Si l’infanterie est le soldat qui marche, court, se bat, souvent au corps à corps, toujours en première ligne face à l’ennemi, se réfugiant dans les tranchées boueuses et nauséabondes, l’artillerie manie les gros calibres, les canons, les obusiers. Elle est en deuxième ligne, mais son rôle est essentiel ; elle calcule les trajectoires, ajuste les tirs, et inonde de projectiles les champs ennemis.

    Le 25 novembre 1915, Georges Victor revient au 67ème RI : il est maintenu aux services auxiliaires par la Commission de Réforme de Dreux, en date du 25 janvier 1916.

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    Au vu de ses problèmes de santé, il reste malgré tout mobilisé, mais pour effectuer des tâches non combattantes. Et pourtant, à l’arrière, on ne chôme pas : travaux administratifs (gestion des dossiers, correspondance, et autres tâches de bureau nécessaires au bon fonctionnement des unités militaires), logistique (transport et distribution de matériel, de nourriture, et autres fournitures essentielles aux troupes sur le front), maintenance et réparation (entretien et réparation des équipements militaires, des véhicules, et des infrastructures), gestion des stocks de médicaments et de matériel médical, surveillance des dépôts, des casernes, et des infrastructures stratégiques à l’arrière du front, etc….

    Affecté au service auxiliaire, un soldat pouvait demander à passer dans le service actif, mais cette décision nécessitait une nouvelle évaluation par une commission de réforme.

    Le 16 août 1916, il passe au 1er groupe d’aviation et le 2 octobre de la même année, il est orienté vers l’Ecole d’Aviation du Crotoy. Créée en 1910 pour former des aviateurs civils, cette école a très vite évolué vers la formation des pilotes pour des missions de reconnaissance, de chasse et de bombardement. Le 24 juillet 1917, il entre à l’Ecole d’Istres.

    L’École d’Aviation d’Istres a été créée en avril 1917 ; située sur la plaine de la Crau, près d’Istres, elle a été établie pour répondre à la demande croissante de pilotes militaires. Les premiers élèves ont commencé leur formation sur des avions Caudron G3 ; ils ont ensuite participé activement aux combats, notamment lors de la bataille de la Somme en 1918. 

    Il intégrera le 2ème groupe d’aviation le 26 mars 1918, après une hospitalisation à Dijon pour une otite purulente, du 12 janvier au 2 février 1918.

    Le 10 décembre 1919, il est mis en congé de démobilisation ; libéré de ses obligations militaires, il restait toutefois disponible en cas de reprise des hostilités. Du 29 avril au 31 juillet 1919, il est envoyé aux Mines de Bessèges, dans le bassin houiller des Cévènes, un bassin tristement célèbre par la catastophe des mines de Lalle le 11 octobre 1861 ; une violente inondation a entraîné la mort de 106 mineurs.F comme FROMENT Georges Victor

    A la fin de la guerre, Bessèges s’est diversifiée en devenant un site de production en tube d’acier pour l’industrie aéronautique.

    Du 19 janvier 1921 au 24 août 1924, Georges Victor est envoyé en sursis aux mines de Bruay ; sentant la défaite, les allemands ont programmé la destruction du bassin minier en inondant tous les puits ; il a donc fallu pomper et redonner vie à cette mine.

    Quel parcours… Georges Victor ne savait que lire et écrire, mais c’était un grand gaillard (1,78m), aux cheveux châtains clairs, aux yeux bleus et qui, vraisemblablement, savait ce qu’il voulait. Au départ, mineur, puis chauffeur d’automobiles et enfin aviateur militaire.

    Côté cœur, les choses ont été bien différentes…

    Le 10 avril 1920, il épouse Rosalie Angèle DEROUILLON, sœur de Marie, mon Agrand-mère maternelle ; le 5 mai de l’année suivante, nait un petit garçon Roger Victor qui décédera à l’hôpital Trousseau à l’âge de 16 mois…. Le couple ne résistera pas à ce malheur et le mariage sera dissout par « jugement de divorce rendu par le Tribunal civil d’Arras le 10 octobre 1923 ».

    Le 9 janvier 1926, Georges Victor se marie à Montreuil-sous-Bois, avec Louise Valentine PRIET, une manutentionnaire native de Romainville,. De cette union, naîtront deux enfants Josiane et Christian.

    Georges Victor a 43 ans au début de la Seconde Guerre Mondiale…. Mais ça, c’est encore une autre histoire, et pas moins douloureuse.

    Je le retrouve à Istres, le 7 décembre 1946, il a épousé Juliette Mélanie LAGET…..

    *

    Pour en savoir plus :

    Unités Aéronautique militaire 1912-1920 (traditions-air.fr) 

    1918… Les avions de la paix recouvrée | Le blog de Gallica (bnf.fr) 

    Caudron G.3 - Musée de l'Air et de l'Espace (museeairespace.fr) 

    Voler pour la patrie. Recrutement et formation des pilotes français entre 1914 et 1918 – Nacelles (univ-tlse2.fr) 

    La Première Guerre mondiale et le déclin du contrôle social dans les mines du Gard (1914-1922) - Persée (persee.fr) 

    Éloge des efforts des mineurs - Bruay-la-Buissière - Lettre B - Recherche par commune - Archives - Pas-de-Calais le Département (archivespasdecalais.fr)

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