• Le regard de Jeanne ou la vie des photographes itinérants

    Le regard de Jeanne ou la vie des photographes itinérantsFin des années 1860. Jeanne, une orpheline de 16 ans, s'enfuit de la ferme où sa belle-mère l'a placée. Arrivée à Port-Dieu, en Dordogne, elle est embauchée comme fille de cuisine par une aubergiste. Le jour où Florimond, photographe ambulant, débarque dans le village avec sa roulotte et sa jument, la jeune fille est fascinée par ce drôle de personnage. Malgré leur différence d'âge, une relation forte naît entre eux. L’aventure commence…. Dans la région de Clermont-Ferrand.

    Je dis toujours qu’il y a deux façons de lire un livre : soit se contenter de lire une histoire bien sympathique, ou bien de « creuser » un peu plus loin pour approfondir l’environnement, les personnages et vérifier la véracité des faits.

    J’aurais pu me contenter de cette belle histoire entre une jeune femme qui chemine avec un photographe ambulant, sans me poser de questions ; pourquoi pas ! Mais voilà, je n’ai pu m’empêcher d’aller plus loin ; d’autant plus que l’auteur Jean-Guy SOUMY a reçu le prix d’Arverne 2022 pour ce superbe roman régional où il relate l’existence des photographes itinérants à la fin du XIXème siècle au travers des paysages auvergnats.

    Le prix Arverne a été créé en 2007 à l'initiative de la Ligue auvergnate et du Massif Central ; il est destiné à récompenser une publication littéraire, soit écrite par une personne originaire de l'un des sept départements que représente la Ligue auvergnate et du Massif Central, à savoir : l'Aveyron, le Cantal, la Corrèze, la Haute-Loire, le Lot, la Lozère et le Puy-de-Dôme, l'Allier et la Creuse soit qui traite d'un sujet concernant l'Auvergne (Wikipedia).

    Ce fut pour moi l’occasion d’allier deux passions : la photographie et la généalogie.

    Le regard de Jeanne ou la vie des photographes itinérants

    Jeanne découvre le métier de photographe ambulant, son savoir-faire, son savoir-être aussi, et le personnage que Florimond doit afficher pour être crédible :

    « … lorsque je m’approche d’un village, je mets un chapeau sur ma tête pour inspirer confiance, faire croire que je suis un « monsieur ». Mais je ne suis qu’un photographe ambulant. Un homme sans attache. »

    Elle apprend toutes les techniques, tout en restant concentrée, méthodique et très ordonnée ; elle qui était destinée à n’être qu’une simple fille de ferme, va se révéler :

    «… Florimond entre dans la tente percée d’une lucarne jaune et recouvre une plaque de collodion humide. C’est une opération qui demande de l’habileté, la couche de collodion devant être homogène, sans amas et sans manques. Il plonge alors la glace dans un bain d’argent puis la place dans un châssis de bois. A partir de maintenant, le temps lui est compté. Avant que le collodion ne sèche, il doit prendre la photographie et retourner dans la tente pour y révéler et fixer le négatif apparu sur le verre. »

    ……………..

    « Un scalpel, des entonnoirs, des éponges, une paire de pinces en corne. Sur le plancher, des caisses en bois pourvues de claies dans lesquelles sont stockées verticalement les plaques de verre. D’autres casiers, avec des trous pour maintenir droites des bouteilles étiquetées… Alcool, peroxyde, éther, iodure d’argent… pour le collodion. Et là, acide gallique, acide acétique, hyposulfite de soude pour la fixation de l’épreuve sur verre. Chlorure de sodium pour la préparation papierLe regard de Jeanne ou la vie des photographes itinérants

    Florimond est un artiste « magicien » ; il immortalise le regard de ceux qu’il emprisonne dans son boîtier photographique, tout en adéquation avec la lumière naturelle ; il nous initie aux temps de pause (très long pour l’époque), au choix du décor et de l’appareil ; il nous invite dans son atelier et nous familiarise avec les produits de son laboratoire. Il nous apprend la minutie, la rigueur et l’exactitude de son art, où l’approximation n’a pas sa place.

    « …. replié la tente, rangé le matériel, les bacs, les bassines, les flacons, les bouteilles d’acide, les châssis, la toile de fond, les piquets, la corde…. »

    Si ce roman aborde la vie d’un photographe ambulant, il aborde également la condition féminine au 19ème siècle, en passant par la syphilis (et la prostitution), l’environnement carcéral et les codes vestimentaires puisque Jeanne n’hésitera pas « porter la culotte » !

    Ce livre est un réel dépaysement et un excellent moment de lecture…. Enrichissante !

    Pour en savoir plus :

    La Ligue Auvergnate

    Mackenstein

    L'historique et l'évolution de l'art de la photo !

    Manuel opératoire de photographie sur collodion instantané / par Disdéri,... (Gallica)

    ALLOUEL Émile, Jacques, Étienne (Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du 19ème siècle)

    La Société HERMAGIS

    Loi de la presse sous le Second Empire et la Troisième République (Wikipedia)

    Histoire de la syphilis : son origine, son expansion (Gallica)

    Abrogation de l'interdiction du port du pantalon pour les femmes (Sénat)

     

    Le regard de Jeanne ou la vie des photographes itinérants

    « Qui est la soeur cadette de Pierre César ? (suite et fin)Salon de Généalogie PARIS 15 »
    Pin It

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :