• Alexandra David-Neel

    Alexandra David-NeelPasser de Louise Michel à Alexandra David-Neel, rien de plus facile…

    Si Louise Michel est une figure emblématique de la Commune de Paris, Alexandra David-Neel est plus connue pour ses explorations et ses écrits sur le bouddhisme que pour ses sympathies anarchistes. Louise Michel a activement participé à la défense des droits des femmes et à leur éducation tandis qu’Alexandra David-Neel a défié les normes de son époque en voyageant seule à travers l’Asie et en narrant ses expériences.

    Louise et Alexandra ont toutes deux utilisé l’écriture comme un moyen de diffuser leurs idées et sensibiliser le public : Louise Michel a écrit de nombreux ouvrages sur ses convictions politiques et Alexandra David-Néel a décrit ses voyages et ses découvertes spirituelles.

    Quoiqu’il en soit, elles partageaient toutes deux un esprit de rébellion contre les injustices sociales et les normes établies, ce qui en fait, à mon sens, des femmes courageuses et avant-gardistes. Ce qui aujourd’hui peut nous paraître « banal », était une autre affaire à leur époque.

    En généalogie, il est important de s’immerger dans le contexte pour mieux comprendre les nuances et les détails d’une situation ; la vision est plus complète, plus précise ; on développe une meilleure empathie et une plus grande sensibilité ; concernant Louise et Alexandra, on peut mesurer les obstacles auxquels elles ont du se confronter ; les siècles précédents n’ont pas toujours été très tendres avec le « deuxième sexe ».

    Alexandra David-NeelSi j’ai tardivement découvert Louise Michel – tel que je l’ai présentée dans les articles précédents – j’ai dévoré les livres d’Alexandra David-Neel dès mon adolescence.

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    En 1924, Alexandra David-Neel fut la première femme occidentale à atteindre Lhassa, capitale du Tibet, une cité monastique dont l'entrée était interdite aux étrangers. Elle y parvient déguisée en mendiante après un périple de 2.000 kilomètres avec le jeune Aphur Yongden, son fils adoptif.

    Alexandra David-Néel (1868-1969) a été une exploratrice intrépide, écrivaine et adepte du bouddhisme.

    Sa vie a été marquée par une quête incessante de connaissance et de spiritualité, défiant les conventions sociales de son époque et inspirant des générations de chercheurs et de voyageurs.

    Très tôt dans mon adolescence, j’ai apprécié la lecture de ses récits ; son héritage perdure aujourd'hui, rappelant l'importance de la curiosité, du courage et de la persévérance dans la découverte de nouveaux horizons, tant géographiques que spirituels. Et d’autant plus lorsque l’on est une femme de la fin du XIXème siècle…..

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    Louise Eugénie Alexandrine Marie David est née le 24 octobre 1868 à Saint-Mandé (AD 94 n°77 page 78/164)

    Alexandra David-Neel

     

    Elle est la fille unique de

    • Louis Pierre David (Tours 1815 – Bruxelles 1904), franc-maçon issu d'une famille huguenote, instituteur, militant républicain lors de la révolution de 1848, ami de Victor Hugo et d’Elisée Reclus, célèbre géographe anarchiste,
    • Alexandrine Borgmans, 36 ans, sans profession, belge catholique, née de père inconnu;

    Son grand-père paternel Pierre (1780 – 1849) fut caporal au 47ème Régiment de ligne (1810), militaire (1815), officier en retraite (1849), instituteur en primaire (1849).

    Alexandra David-NeelSes parents étant déjà âgés, Alexandra passe une enfance isolée, férue de Jules Verne, et rêvant de quitter au plus vite sa famille. Un petit frère Jules Louis Alexandre Marie est né le 30 décembre 1872 ( AD94 n°148 page 71/248) pour décéder six mois plus tard : Alexandra avait alors 5 ans.

    La jeunesse d'Alexandra David-Neel est marquée par une curiosité insatiable et une soif de découverte. Elle grandit dans un environnement intellectuel et artistique, et dès son plus jeune âge, elle montre un intérêt pour l'exploration et les cultures étrangères, lisant avidement des récits de voyages et des ouvrages sur l'Orient.

    À l'âge de 18 ans, elle se rebelle contre les attentes sociales de l'époque, refusant un mariage arrangé et choisissant de poursuivre ses propres aspirations. Elle commence à voyager, explorant l'Europe et développant un intérêt particulier pour l'Inde et le bouddhisme. Elle se lance intensément dans les études, apprenant plusieurs langues étrangères, notamment le sanskrit et le tibétain, ainsi que des disciplines telles que la philosophie et la théosophie. Il semble que cette période de formation a jeté les bases de ses voyages futurs et de son engagement envers la spiritualité orientale.

    A 21 ans, elle est donc une inconditionnelle des arts asiatiques, qu’elle a découvert au musée Guimet à Paris ; elle se convertit au boudhisme ; elle apprend le sanskhit et le tibétain.

    « Alexandra Myrial » est le pseudonyme qu’elle a utilisé durant sa carrière d’artiste ; elle a chanté dans différents pays, y compris en Indochine, où elle était la chanteuse principale à l’Opéra de Hanoï pendant les saisons 1895-1897.Alexandra David-Neel

    Sa carrière de cantatrice a duré dix ans.

    Elle a interprété le rôle de Laure de Noves dans l’opéra Pétrarque d’Hippolyte Duprat à Toulon en janvier et février 1899. Elle a joué dans La Traviata de Verdi, Les Noces de Jeannette de Victor Massé, Faust et Mireille de Gounod, Lakmé de Delibes, Carmen de Bizet, Thaïs de Massenet ; elle a même écrit un drame lyrique en un acte en collaboration avec le pianiste-compositeur Jean Haustont.

    Lors d’une excursion à Tunis, elle rencontre Philippe François Neel, brillant ingénieur de la Compagnie des Chemins de Fer Bône-Guelma ; ils se marient le 4 avril 1904 à Tunis ; Alexandra a près de 36 ans et Philippe 43 ans. Mais leur union est particulière ; Alexandra est avide de liberté et réfractaire à la vie conjugale et Philippe est quelque peu bourgeois et volage. Au bout de quelques mois de mariage, Alexandra commence à voyager…. Philippe ne s’y oppose pas – a t-il vraiment le choix ?! - et une correspondance régulière s’instaure entre les deux époux ; Philippe sera le meilleur confident d’Alexandra… et son banquier…

    On peut s’interroger sur cette union peu conventionnelle. Alexandra a décrit leur mariage comme étant « par défi et par méchanceté ». Ils se sont mariés plus par provocation que par amour, ce qui a donné le ton à leur relation. Bien qu’ils aient eu des différences majeures, ils ont entretenu un respect mutuel ; Philippe a soutenu Alexandra dans ses explorations et ses travaux intellectuels, même s’il ne partageait pas toujours ses convictions ; Alexandra a poursuivi ses voyages et ses recherches, tandis que Philippe menait sa propre vie, soutenant moralement et financièrement les expéditions de son épouse.

    Alexandra David-NeelEn tant qu’ingénieur en chef des chemins de fer tunisiens, Philippe Neel avait un esprit analytique et curieux ; Alexandra, avec ses études sur le bouddhisme et les cultures asiatiques, partageait cette curiosité intellectuelle, lors de longues correspondances. Philippe Neel était très engagé dans son travail ; il a d’ailleurs supervisé la construction de plusieurs lignes ferroviaires en Afrique du Nord. Durant les absences très prolongées de sa femme, il aimait passer du temps en mer, sur son yach « l’hirondelle », où il « sociabilisait » ses conquêtes...

    Alexandra David-Neel est surtout connue pour son esprit aventureux et ses contributions significatives aux études orientales. Elle a rencontré en 1914 un jeune moine tibétain de 14 ans, Aphur Yongden ; au fil de ses expéditions, il est devenu son compagnon de voyage, traducteur, co-auteur et finalement son fils adoptif.

    Durant la Première Guerre, Alexandra David-Neel n’a pas échappé au conflit mondial : Après l’invasion britannique de 1904, la chute de la dynastie Qing en 1911, le Tibet a expulsé les autorités chinoises et a proclamé son indépendance en 1913 sous le 13ème dalaï-lama (1876 – 1933) ; toutefois, cette indépendance n’a pas été reconnue internationalement, et la Chine a continué à revendiquer le territoire tibétain.

    En 1914, la convention de Simla a été signée entre les Britanniques et les Tibétains, redéfinissant le statut du Tibet et la frontière entre le Tibet et la Chine ; mais cette période reste marquée par des tensions et des négociations continuelles entre les deux pays et la puissance coloniale de la Grande-Bretagne.Alexandra David-Neel

    Le Tibet a été touché par des pénuries de nourriture et autres ressources en raison des perturbations causées par la guerre.

    Et pourtant, en 1924, Alexandra David-Néel sera la première femme occidentale à pénétrer dans Lhassa, la capitale du Tibet, interdite aux étrangers.

    On peut dire qu’Alexandra David-Neel était une femme libertaire. Orientaliste, tibétologue, chanteuse d’opéra, féministe, journaliste, romancière, féministe, elle est restée déterminée.

    En 1925, elle rentre en France avec son fils adoptif ; Ils s’installent à Digne-les-Bains, où elle a acheté une maison « Samten Dzong » . Aphur Yongden l‘accompagne dans ses tournées de conférences en France et en Europe.

    Puis ils sont repartis en Asie entre 1937.

    Durant la Seconde Guerre mondiale, le Tibet a maintenu une position de neutralité, mais son isolement géopolitique a rendu difficile l’obtention du soutien international et la reconnaissance de son indépendance ; le Tibet a également été le site d’expéditions étrangères, notamment l’expédition allemande de 1938-1939, qui avait des objectifs géostratégiques et racistes sous le patronage du Troisième Reich.

    En 1946, Alexandra et son fils adoptif reviennent en France définitivement, dans la grande maison de Digne-les-Bains. Philippe Neel est décédé le 8 février 1941 à Saint Laurent d’Aigouze dans le Gard : le couple n’a jamais divorcé.

    Et puis, Aphur Yongden est tombé malade et est décédé à son tour en 1955 d’une crise d’urémie foudroyante….

    Alexandra David-NeelAlexandra David-Néel a été profondément affectée par le décès de son fils adoptif, mais elle a continué à vivre dans sa résidence à Digne-les-Bains, ; elle a poursuivi ses travaux d’écriture et de recherche. Et malgré la douleur de cette perte, elle a trouvé la force de continuer grâce à sa détermination et à son engagement envers ses projets intellectuels et spirituels.

    En tant que bouddhiste pratiquante, d’une grande force intérieure et d’une détermination remarquable, Alexandra a probablement trouvé du réconfort dans ses pratiques méditatives ; elle a également été soutenue par Marie-Madeleine Peyronnet, devenue son assistante, son amie dévouée, et une compagnie précieuse durant les dernières années de sa vie.

    Alexandra David-Néel s’est éteinte le 8 septembre 1969 à Digne-les-Bains.

    Elle était une femme de conviction, féministe, pacifiste et anticolonialiste. Elle s’est battue pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes et pour la paix dans le monde. Ses travaux d’érudits, accessibles au plus grand nombre, ont largement contribué à faire connaître l’Orient.

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    Pour en savoir plus :

    Le siècle d'Alexandra David-Néel (France Culture)

    Wikipedia

    Geneastar

    Accueil – Alexandra David-Neel - Site officiel (alexandra-david-neel.fr)

    Alexandra David-Neel / Bouddhisme et drapeau noir (Cairn)

    La maison Alexandra David-Neel (site de Dignes les Bains)

    The Lost Ones : Alexandra David-Néel (Arte)

    Au milieu de l'Himalaya, avec Alexandra David-Néel une émission de Guillaume Gallienne

    Alexandra David Neel = Une parisienne à Lhassa (Arte)

    Le Maitron

    Alexandra David-Néel, exploratrice et musicienne (L’influx)

    Alexandra David-Néel / d'Éric Le Nabour | Gallica (bnf.fr)

    Le sortilège du mystère : faits étranges et gens bizarres rencontrés au long de mes routes d'Orient et d'Occident / Alexandra David-Néel (Gallica)

    Toutes les œuvres d’A. David-Neel (Wikipedia)

    Alexandra David-Neel

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