• Louise Michel, la vierge rouge (1/3)

    Louise Michel, la vierge rouge (1/2)Louise Michel a été surnommée la « Vierge rouge » en raison de son engagement fervent et inébranlable pour la cause révolutionnaire et anarchiste. « Vierge » fait référence à sa pureté d’intention et à son dévouement total à la lutte pour la justice sociale, tandis que « rouge » est la couleur du sang versé pour la cause.

    A cette image de militante passionnée et incorruptible, prête à tout sacrifier pour ses idéaux, d’autres symboles lui sont associés : les oeillets rouges des mouvements révolutionnaires et socialistes ou bien encore le drapeau noir de l’anarchisme.

    Après la Commune de Paris, Louise Michel a embrassé les idées anarchistes, prônant une société sans État, basée sur l’entraide et l’autogestion. Elle a milité pour l’égalité entre les hommes et les femmes, défendant les droits des femmes à l’éducation, au travail et à la participation politique. Elle a toujours défendu les opprimés et les marginalisés, s’opposant à l’injustice et à l’exploitation sous toutes ses formes. Elle croyait fermement en l’importance de l’éducation et a ouvert plusieurs écoles libres pour offrir une éducation accessible à tous, indépendamment de leur origine sociale. Et durant son exil en Nouvelle-Calédonie, elle a soutenu les Kanaks dans leur lutte contre la colonisation française.

    *

    Louise est née le 29 mai 1830 au château de Vroncourt-la-Côte, une petite commune située dans le département de la Haute-Marne, en région Grand Est (AD 52 n°4 page 51/70), qui ne compte par ailleurs que 169 vroncourtois et vroncourtoises en 1836.

    Louise Michel, la vierge rouge (1/2)

     « Le nid de mon enfance avait quatre tours carrées, de la même hauteur de bâtiment, avec des toits en forme de clochers. Le côté sud, absolument sans fenêtres, et les meurtrières des tours lui donnaient un air de mausolée ou de forteresse, suivant le point de vue.

    Autrefois, on l’appelait la Maison forte ; au temps où nous l’habitions je l’ai souvent entendu nommer le Tombeau. »

    Elle est la fille naturelle de Marie Anne MICHEL, femme de chambre au château de Vroncourt.

    Le propriétaire de ce domaine est Étienne Charles DEMAHIS (1762 – 1845) ; avec son épouse Louise Charlotte Maxence PORQUET, il a eu trois enfants :

    Louise Agathe (1798 – 1847) qui deviendra Baronne de Kinkelin par son mariage avec Jules de KINKELIN-PELLETAN, médecin, dont le père fut secrétaire interprète auprès du duc de Raguse, haut dignitaire à la Chambre des Pairs sous Louis XVIII, puis Etienne Charles (1802 – 1811) qui décédera à l’âge de 9 ans, et enfin Laurent ( 1799 – 1847), le père présumé de la petite Louise.

    Bien que le père ne soit pas nommé dans son acte de naissance, Louise MICHEL est vraisemblablement la fille de Laurent DEMAHIS ; d’ailleurs, le grand-père s’occupera de l’éducation de sa petite-fille. Ce ne sont bien évidemment que des suppositions puisque Louise en parle peu dans ses Mémoires… que de secrets derrière ses murs de pierres ! Nos familles « ordinaires » n’ont donc rien à envier à ces notables….

    Louise Michel, la vierge rouge (1/2)

     Louise est une petite fille très entourée : de sa mère, sa tante, ses deux grands-mères « l’une lisant tout haut, les autres tricotant ou cousant. » Et puis son grand-père « racontant les grands jours, les luttes épiques de la première République, il avait des accents passionnés pour dire la guerre des géants où, braves contre braves, les blancs et les bleus se montraient comme meurent les héros : tantôt, ironique comme Voltaire, le maître de son époque, gai et spirituel comme Molière... ».

    Ce grand-père décède en 1845, suivie de sa grand-mère paternelle en 1850. Le château a été vendu et a changé de propriétaires plusieurs fois. « Faute d’entretien, le vieux château à tourelles inhabité, finira par s’écrouler et ses pierres seront réutilisées pour diverses constructions dans la région ».

    Dans ses Mémoires, Louise MICHEL parle avec affection de ce lieu hors du commun : «  dans un bastion du mur du jardin était un banc, où ma mère et ma grand-mère venaient pendant l’été, après la chaleur du jour. Ma mère, pour lui faire plaisir, avait empli ce coin de jardin de rosiers de toutes sortes. Tandis qu’elles causaient, je m’accoudais sur le mur. Le jardin était frais dans la rosée du soir. Les parfums, s’y mêlant, montaient comme une gerbe ; le chevrefeuille, le réséda, les roses exhalaient le doux parfums auxquels se joignait l’odeur pénétrante de chacune. »

    Elle a coulé des jours heureux, mais au décès de ses grands-parents, la famille MICHEL a dû quitter les lieux. Louise prépare ses examens d’institutrice, et commence à enseigner en 1853 à Audeloncourt, où résidait une partie de la famille maternelle ; puis elle s’en est allée sur Chaumont et Paris où elle était « sous-maitresse » jusqu’en 1866. C’est à cette période qu’elle s’essaye à l’écriture et envoie « des vers à Victor HUGO ».

    Sa mère fut nommée tutrice, et Maître GIRAULT, notaire à Bourmont, subrogé tuteur, pour « l’empêcher de dépenser de suite les huit ou dix mille francs (en terres) » dont elle avait hérité.Louise Michel, la vierge rouge (1/2)

    « Dans ma carrière d’institutrice, commencée toute jeune dans mon pays, continuée à Paris tant comme sous-maîtresse chez Mme VOLLIER, 16 rue du Château-d’Eau, qu’à Montmartre, j’ai bien vu des jours de misère ; toutes celles qui ne voulaient pas prêter serment à l’Empire en étaient là. Mais je fus plus favorisée que bien d’autres, pouvant donner des leçons de musique et de dessin après les classes ». Les biens seront d’ailleurs vendus durant son séjour en Calédonie pour régler les dettes de Louise durant le siège de la Commune.

    Installée à Paris, elle travaille donc comme institutrice, une profession-passion qui ne la quittera jamais. Elle s’exerce à l'écriture, à la poésie et très vite, s'engage dans des causes politiques, notamment dans la défense des droits des femmes et des ouvriers et bien évidemment l’éducation pour tous.

    Paris l’attire comme un aimant : « c’était là seulement qu’on pouvait combattre l’Empire. Et puis Paris vous appelle si fortement qu’on en sent l’impression magnétique. »

    Depuis le 2 décembre 1852, date de la proclamation de Louis-Napoléon Bonaparte, désormais empereur des Français sous le nom de Napoléon III, le peuple parisien connaît l’austérité d’un régime autoritaire. La vie quotidienne est marquée par des pénuries alimentaires et des difficultés économiques, exacerbées par le siège de Paris par les troupes prussiennes.

    Le 18 mars 1871, une émeute éclate ; sur la butte Montmartre, le peuple se soulève contre le gouvernement d’Adolphe Thiers - chef du gouvernement provisoire de la République - qui veut négocier la paix avec les Prussiens.

    La Commune de Paris de 1871 ne durera que deux mois, du 18 mars au 28 mai 1871 ; pourtant, les femmes et les hommes étaient déterminés….

    Louise Michel, la vierge rouge (1/2)Un « conseil de la Commune », composé de 92 membres élus parmi des miliciens, des ouvriers, des hommes politiques républicains et des bourgeois opposés à la restauration de la monarchie avait mis en place plusieurs commissions pour gérer une république fondée sur l’égalité sociale.

    Malgré sa courte existence, la Commune a pris plusieurs mesures :

    • La séparation de l’Église et de l’État le 2 avril,
    • Un système d’éducation laïque et gratuit pour tous les enfants,
    • Une politique de protection sociale pour aider les plus démunis,
    • Des fonctionnaires élus par le peuple,
    • Une armée permanente remplacée par une Garde nationale composée de citoyens,
    • La création de coopératives ouvrières pour promouvoir l’autogestion des travailleurs,
    • et enfin, un système de planification économique pour assurer la production et la distribution de biens essentiels.

    Mais durant la « semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871, la Commune a dû faire face à la violente offensive du maréchal Mac-Mahon à la tête de ses troupes versaillaises ; car ne voulant réprimer la Commune, Adolphe Thiers avait fui à Versailles…

    Louise est très active sur les barricades et participe à plusieurs combats contre les forces de l’État ; elle prononce des discours enflammés et encourage les Parisiens à résister ; elle organise des services de santé pour les combattants et s’improvise infirmière.

    Son dévouement, son courage et son engagement militaire lui vaudront de fortes représailles.

    La semaine sanglante est sans précédent ; des milliers de communards sont assassinés ; les survivants sont arrêtés, jugés, condamnés à la déportation, voire fusillés.

    La suite, nous la connaissons tous : Louise MICHEL est condamnée à la déportation dans une enceinte fortifiée, une mesure répressive à l’encontre d’une communarde, pour la punir, pour la briser…..

    Louise Michel, la vierge rouge (1/2)

    Mais, c’est mal connaître Louise…. En Nouvelle-Calédonie, elle fera preuve d’une résilience incroyable, dotée d’un esprit indomptable et rebelle. Pourtant, Louise s’adapte, demeure fidèle à ses convictions et continue à militer pour ses idéaux révolutionnaires.

    Sa seule raison de vivre….

    *

    Pour en savoir plus :

    Louise Michel (Partage Noir)

    Louise Michel (Geneastar)

    Enterrement de Louise Michel en 1905 (INA)

    Louise Michel (1830-1905) | Service historique de la Défense (defense.gouv.fr)

    Louise Michel, militante anarchiste – L'Histoire par les femmes

    L’invention de Louise Michel – 1 – La Commune de Paris (macommunedeparis.com)

    MICHEL Louise [Dictionnaire des anarchistes] - Maitron

    La Semaine sanglante, 21-28 mai 1871 - France (lacommune.org)

    Les 150 ans de la Commune : les lieux emblématiques - Ville de Paris

    Louise Michel, la vierge rouge (1/2)

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