• DEAD STILL ou la photographie post-mortem

    DEAD STILL ou la photographie post-mortemJe viens de découvrir une nouvelle série qui m'a interpelée ; j'ai donc fait des recherches sur la photographie post-mortem.

    « Memento mori » est une locution latine qui signifie littéralement « souviens-toi que tu vas mourir »Pas très gai, me direz-vous, mais la mort est bien la dernière étape de notre existence et nos ancêtres l’ont trop souvent côtoyée de près ; pour beaucoup, elle était une « compagne » du quotidien ; je pense bien évidemment aux maladies, aux guerres, aux conditions de vie difficiles, aux mortalités infantiles ou aux décès de femmes en couches.

    Cette expression est souvent utilisée pour rappeler la nature éphémère de la vie et l’inévitabilité de la mort. En art, un « memento mori » peut être représenté par des objets comme des crânes, des sabliers ou des fleurs fanées, symbolisant la fugacité de la vie. Mais également par la photographie.

    Les photographies post-mortem, également connues sous le nom de « memento mori », étaient une pratique courante au XIXe siècle, particulièrement à l’époque victorienne. Ces photographies étaient prises pour commémorer les défunts, souvent peu de temps après leur décès. Elles servaient de souvenirs tangibles pour les familles en deuil.DEAD STILL ou la photographie post-mortem

    L’époque victorienne correspond à la période du règne de la reine Victoria au Royaume-Uni, de 1837 à 1901, une période faste marquant l’apogée de la révolution industrielle britannique, avec des avancées significatives en ingénierie, en technologie et en production industrielle. Est-il nécessaire de préciser ici que des réformes importantes ont vu le jour, comme l’extension du droit de vote à de nouveaux secteurs de la société, bien que les femmes soient, une fois de plus, largement exclues.

    L’époque victorienne a été une période florissante pour la littérature, avec des auteurs célèbres comme Charles Dickens, les sœurs Brontë ou bien Oscar Wilde.  Cependant, malgré les progrès, l’époque victorienne reste marquée par de grandes inégalités sociales….

    DEAD STILL ou la photographie post-mortem

    En France, nous n’avons rien à envier à nos amis anglais ; même si l’époque victorienne n’a pas de correspondance directe car spécifique au règne de la reine Victoria, la période correspondante couvre une partie de la Monarchie de Juillet (1830-1848), la Deuxième République (1848-1852), et le Second Empire (1852-1870) sous Napoléon III, suivie par la Troisième République (à partir de 1870). A l’image du royaume britannique, la France a connu une industrialisation rapide, avec des avancées technologiques et une croissance économique plus que significative. Cette période a vu l’émergence de nombreux artistes et écrivains célèbres, tels que Victor Hugo, Gustave Flaubert ou encore Édouard Manet.

    Sous le Second Empire, le baron Haussmann a transformé Paris, modernisant la ville avec de larges boulevards et de nouveaux immeubles.

    La photographie post-mortem était souvent la seule image que la famille gardait de leur être cher, surtout à une époque où les portraits photographiques étaient rares et coûteux. Cette image servait à commémorer le disparu et à atténuer la douleur du deuil.

    L’invention du daguerréotype en 1839 (voir l’article NIEPCE, le père de la photographie) a rendu la photographie plus accessible et moins coûteuse, permettant à un plus grand nombre de personnes de se faire photographier, y compris après la mort. Le photographe mettait en scène le corps, imitant une posture la plus naturelle possible ; le visage pouvait être maquillé pour donner une apparence plus vivante ; le défunt, habillé de ses plus beaux vêtements, pouvait être photographié avec des objets familiers qui lui étaient propres, comme des jouets pour les enfants ou des livres pour les adultes, afin de renforcer l’impression de vie.DEAD STILL ou la photographie post-mortem

    Si la photographie post-mortem a commencé à être utilisée en France au milieu du 19ème siècle, son utilisation pour la justice a pris de l’ampleur un peu plus tard ; c’est vers la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle que la photographie a commencé à jouer un rôle important dans les enquêtes criminelles et la médecine légale ; les photographies de scènes de crime et de victimes seront utilisées pour documenter les preuves et aider à résoudre les affaires.

    Mais avant cette pratique, les morts étaient exposés….. et pour le plus grand plaisir des parisiens !

    Quoiqu’il en soit la pratique était largement acceptée et faisait partie intégrante du processus de deuil ; d’ailleurs, des ateliers parisiens - comme celui de Frascari - proposaient dès 1842 des portraits à domicile de personnes décédées.

    Les mœurs ont évolué, et ce qui était autrefois une pratique courante est devenu un sujet de curiosité historique. D’ailleurs, de nombreuses personnalités se font faites immortalisées dans leur sommeil éternel : Victor Hugo, Émile Zola, Lénine, Staline, Abraham Lincoln, John F. Kennedy, Elvis Presley, Mickael Jackson et même François Mitterrand.

    *

    Pour en savoir plus :

    Photographie post-mortem — Wikipédia (wikipedia.org)

    Le regard de Jeanne ou la vie des photographes itinérants - Généalogie d'une famille ordinaire (eklablog.com)

    La Photographie Mortuaire | Entre Fascination et Tabou (arnography.fr)

    La mort à l’œuvre - La photographie post mortem - Presses universitaires de Provence (openedition.org)

    Comprendre la tradition victorienne de la photographie post-mortem (familytreemagazine.com)

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