• C comme CLAVE Jean

    C comme CLAVE JeanJe suis une arrière-petite-fille d'un cousin de Jean CLAVE, puisque Jean est le neveu de Jean Luc, mon SOSA 28 landais.

    Jean est né le 28 novembre 1873 à Benquet ; il est le fils de Bernard, cultivateur et de Jeanne CADILLON son épouse, tous deux résidant à Fauquette, un hameau de Benquet. Quatre ans plus tard, naîtra François. A ma connaissance, Jean et François sont les seuls enfants du couple.

    Jean sera cultivateur comme son père et son grand-père avant lui ; les paysans landais vivent dans des conditions difficiles ; leurs habitations sont rudimentaires et ils ont un accès limité aux ressources et aux services de base ; ils sont totalement  dépendants des propriétaires terriens pour les terres qu’ils exploitent. Ainsi, le système de métayage les oblige à partager une partie significative de leurs récoltes, réduisant ainsi leurs revenus nets. Les techniques agricoles traditionnelles limitent la productivité et les rendements.

    C comme CLAVE Jean

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    A ses 20 ans, il est recensé et fait ses classes dans le 14ème régiment d’artillerie, à Tarbes. Et à 24 ans, il épouse la jeune Pauline LABIDALE, seulement âgée de 19 ans : nous sommes le 8 février 1898 (AD 40 n°1 page 231/238)

    Dans les Landes, au 19ème siècle, on ne parle pas de hameau, mais de maisons et de métairies. Si Jean vient de « Fauquette », avec Pauline, il s’installe à « Lagnoton », toujours à Benquet, puis le couple se retire à Bretagne-de-Marsan aux « Mousses ». Il aura deux garçons : Henri né en 1899 et Henriette en 1904.

    Oui, je sais, ma famille n’a jamais été très originale dans le choix de ses prénoms...

    Lors de la mobilisation générale, il est rappelé à l’activité ; Jean a déjà 41 ans ! Il sait lire, écrire et compter, donc il est bon pour reprendre du service au 14ème régiment d’artillerie de campagne.

    Contrairement aux soldats d’infanterieengagés dans les combats rapprochés, Jean est consigné à l’artillerie et soutient les opérations de combat à distance avec des tirs de précision. Avec ses compagnons, il fournit un appui à distance, utilisant des pièces d’artillerie - canons, obusiers, mortiers - pour bombarder les positions ennemies et soutenir les troupes d’infanterie.

    On pourrait penser que l’artillerie ne recrutait que des soldats « âgés » ou, tout au moins, moins véloces pour se confronter en direct avec l’ennemi ; mais les soldats de l’artillerie devaient être en excellente condition physique, car le travail d’artilleur nécessitait de soulever des charges lourdes - obus pouvant peser jusqu’à 100 kilos - pour alimenter leurs machines de guerre ; une certaine aptitude technique était également requise pour manipuler et entretenir les pièces d’artillerie. Les soldats devaient être aussi capables de comprendre et d’exécuter des calculs balistiques pour viser correctement. Et la résistance mentale, on en parle ? Les artilleurs étaient également exposés à des conditions de combat intenses et devaient maintenir leur concentration sous le feu ennemi.

    Jean appartient à cette catégorie de soldat « transparent », « ordinaire », où presque rien ne figure sur sa fiche matricule si ce ne sont les régiments successifs et les dates de transfert.

    Après la bataille de Guise en Picardie, ce sont les combats de la Marne…. des affrontements les plus décisifs et violents de la Première Guerre mondiale ; les troupes françaises et britanniques se mobilisent pour contrer l’offensive des Allemands, qui tentent une avancée rapide en contournant Paris par l'ouest et ainsi encercler les armées alliées.

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    Les troupes sont constamment exposées à des bombardements massifs. Les obus d'artillerie creusent des tranchées, détruit des villages entiers et causent d'énormes pertes parmi les soldats des deux camps. Les barrages d’artillerie, continus, déchiquettent les lignes ennemies. En première ligne, des soldats doivent engager des combats rapprochés à la baïonnette et à la mitrailleuse dans des conditions terribles. Après plusieurs semaines de marche et de combats intenses, les troupes des deux camps sont épuisées. Malgré cela, les commandants exigent des attaques incessantes. L’épuisement des soldats aggrave la souffrance physique et mentale des combattants, qui luttent dans des conditions désastreuses, sans répit.

    Le 1er avril 1916, Jean est transféré au 11ème régiment d’artillerie à pied. C’est alors Verdun, Douaumont, le Chemin des Dames et toutes les horreurs que l’on connaît…. une guerre de tranchées longue et destructrice, qui allait caractériser le reste de la Première Guerre mondiale.

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    Le 1er août 1917, il rejoint le 68ème Régiment d’Artillerie à Pied (68ème RAP) un régiment principalement impliqué dans la construction et l’exploitation des voies ferrées étroites (voie de 60 cm) utilisées pour transporter des munitions et des fournitures vers les lignes de front. Ces voies ferrées sont cruciales pour assurer un approvisionnement continu en matériel nécessaire aux troupes situées en première ligne.

    Jean ne rentrera dans son foyer que le 8 janvier 1919…. Il ne reverra jamais sa femme : Pauline est décédée le 31 octobre 1918, peut-être de la grippe espagnole qui sévit à cette période en France, ou tout simplement de faim, de froid ou d'épuisement. Dans les Landes, comme dans de nombreuses régions rurales, l’épidémie de grippe a frappé durement au regard des conditions de vie difficile et de l’absence d’infrastructures sanitaires. Les symptômes incluent de fortes fièvres, des courbatures, et des complications respiratoires graves. Mais la pénurie de nourriture est plus probable...

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    Après des années de combats, d'épreuves et de souffrances, Jean franchit enfin le seuil de son foyer. Épuisé, son visage marqué par les horreurs, il arbore pourtant un sourire ; il est enfin rentré chez lui…

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    Il retrouve sa fille Henriette 15 ans, mais Henri 20 ans a lui aussi été mobilisé ; depuis le 16 avril 1918, le jeune homme est incorporé en qualité de soldat de 2ème classe ; en juillet 1918 il est envoyé au 123ème RI, puis à partir de novembre au 206ème RI, dans l’Oise, là où les combats sont encore intenses ; il passe plusieurs mois à la 11ème Section d'Infirmiers Militaires (11e SIM). Henri est accablé, mais heureux d’être renvoyé à la maison le 25 mars 1921….

    Après la guerre, Jean reprend son travail de cultivateur : Henri épouse Armandine le 10 avril 1923 et Henriette se marie avec Fernand le 31 janvier 1925.

    Dans le tumulte de la guerre, alors que tant de familles ont été dévastées par la perte et la douleur, il est une chance inestimable pour Jean et Henri d’être rentrés sains et saufs à la maison, malgré les cicatrices invisibles du traumatisme ; bien que marquée à jamais par les horreurs vécues, la famille se retrouve réunie dans une réalité où l'espoir est encore possible.

    Mais Jean ne vivra pas suffisamment longtemps pour connaître son petit-fils, né en 1929 et qui porte son prénom. Il ne saura pas non plus que son seul fils, Henri, sera de nouveau mobilisé le 4 septembre 1939.

    Mais, ça, c’est une autre guerre, et pas des moins glorieuses….

    *

    Pour en savoir plus :

    XIXe siècle - Utopies et grands aménagements - Atlas des paysages des Landes

    La transformation des Landes de Gascogne (xviiie-xixe), de la mise en valeur comme colonisation intérieure ? (openedition.org)

    Histoire du département des Landes (région Aquitaine) (france-pittoresque.com)

    Ecomusée de Marquèze, un voyage dans la Grande Lande du 19ème siècle (francetvinfo.fr)

    Visite de l'écomusée de Marquèze à Sabres dans les Landes | Kinda Break

    La métairie, cette inconnue - Persée (persee.fr)

    Empreintes landaises - Les cinquante ans de la loi sur le métayage dans les Landes (ina.fr)

    La mule et l'attelage au joug "landais" ;1° Histoire - attelage-patrimoine

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