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Jacques, l'enfant caché
Emmanuelle Friedmann a voulu témoigner sur ce que son père a vécu enfant, un enfant innocent et victime de la folie meurtrière des nazis ; dans ce roman historique, l’auteur n’a ménagé ni l’émotion ni la gravité de l’Histoire.
Paris 1943. Le petit Jacques, 7 ans, est seul à la maison lorsque les nazis frappent à la porte pour arrêter sa maman, encore au travail. Ils ont dit qu’ils repasseront le soir…. Alors Jacques attend Bilma à la sortie du métro pour la prévenir ; il a bien compris, malgré son jeune âge, que leur vie est en danger ; ils doivent fuir.
En 1941, Jacques avait déjà perdu son père, héros de la résistance, fusillé par les Allemands. Alors il n’est pas prêt à perdre sa mère….
« Jacques avait dû apprendre à vivre avec cette peur terrible de voir les gens qui l’entouraient disparaître . Mais tant qu’il était près de sa mère, il avait du courage. Il était persuadé qu’il ne pourrait pas survivre sans elle. Dans son esprit, la perdre signifiait mourir ».
Pour éviter des hébergements successifs et précaires, la maman de Jacques confie son enfant aux bons soins du pasteur Jousselin. Ainsi rassurée de mettre son enfant à l’abri, Blima pouvait travailler : « ces quelques heures travaillées étaient l’occasion d’oublier un instant la guerre ».
Jean Jousselin est un pasteur protestant, adepte du Baden-Powell, le scoutisme dont la devise «Toujours prête » emprunte les initiales du Fondateur (dans le texte britannique "Be Prepared") et pratique des objectifs éducatifs. Mais le scoutisme de Jean Jousselin applique essentiellement l’hébertisme, cette doctrine qui permet « aux enfants de développer au mieux leur corps en s’appuyant sur dix thèmes principaux : la marche, la course, le saut, le grimper, le lever, la quadrupédie, le lancer, l’équilibre, la défense, la natation. »
Jean Jousselin était intimement persuadé que « cette guerre était atroce et la doctrine nazie, un fléau pour l’humanité. Résister à l’occupant était une nécessité absolue si l’on voulait respecter son prochain. Il pensait que les Français en prendraient conscience progressivement et qu’ils apporteraient leur pierre à l’édifice de la solidarité. »
Quoiqu’il en soit, tout en continuant son activité de directeur à la Maison Verte dans Paris, le pasteur Jousselin créé un centre de vacances au château de Cappy, à Verberie, dans l'Oise, où de nombreux enfants juifs attendent des jours meilleurs.
Dès son arrivée à Cappy, le petit Jacques ne pensait qu’à s’enfuir…Mais l’enfance reprend ses droits ; et pourtant, il n’oublie pas….
« Et lorsqu’il serait assez grand, il se battrait, comme les résistants, comme son père, contre l’obscurantisme et l’injustice, contre les bourreaux, d’où qu’ils viennent.
Avec le temps, Jacques découvrait que la peur n’empêchait pas le courage. Il aurait été stupide de nier qu’il avait tout le temps peur, mais jusqu’à maintenant, cela ne l’avait pas empêché d’agir et de se montrer brave quand il le fallait. Dès qu’il sentait une menace, il savait d’instinct ce qu’il avait à faire ».
Un livre émouvant qui m’a rappelé le triste épisode où mon père s’est retrouvé face à la police de Vichy, un soir que ma grand-mère travaillait tard. Mon grand-père s’était enfui d’un camp et était recherché. Il était caché quelques maisons plus haut… Mon père avait alors 13 ans et il n’a rien dit.
Pour en savoir plus :
Jean Jousselin (AJPN) et Paris en 1939-1945
L’épopée de Cappy sous l’occupation de 1943 à 1944
Robert Baden-Powell (Wikipedia)
La Maison Verte durant la Seconde Guerre mondiale (AJPN)
Le château de Cappy (histoire du scoutisme)
Des Juifs d’Afrique du Nord au Pletzl ? Une présence méconnue et des épreuves oubliées (1920-1945) – 1ère partie et 2de partie
Etoile jaune : le silence du Consistoire central
Tags : jousselin, resistants, juif, enfant, juste
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