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Marie Anne, la maman d'Emile Théophile
Émile Théophile avait 20 mois lorsque son petit frère Gustave Alphonse est né ; mais ce jeune enfant ne survivra pas plus de 14 mois. Deux mois plus tard, Gustave Joseph le remplaçait…
Promiscuité dans un tout petit appartement, insalubrité, maladie, défaut de soins….Ou tout simplement grande fragilité chez un tout petit...
IL est facile sur un arbre généalogique d’inscrire les noms, prénoms, dates de naissance et de mort… je pense à la détresse de Marie Anne et du chemin parcouru depuis son Alsace natale…
Lors de mes recherches, je m’attache toujours à respecter mes ancêtres et ne pas juger leurs actes ; il est trop facile de condamner lorsque nous sommes dans une situation confortable et bien aisée. Je ne me pose donc jamais la question : « qu’aurais-je fait à leurs places ? » ou « Aurais-je pu faire mieux ? »…
Je ne peux que constater que cette « famille ordinaire » m’est chère et que la vie n’a pas toujours été facile pour elle… Et que grâce à mes aïeux, je suis satisfaite d’être arrivée là où j’en suis...
Mais, revenons à Marie Anne… comme beaucoup de rémois de cette époque, la famille doit vivre dans un logement d’une seule pièce, peut-être deux tout au plus ; le couple élève ses sept enfants, dont Émile Théophile, l’enfant du milieu….
Les enfants étaient considérés comme un moyen d’alliances matrimoniales ; les garçons étaient non seulement les supports de la transmission du nom, des terres, des outils, d’un savoir-faire, mais ils offraient aussi la perspective d’une future main d’œuvre ; les enfants étaient également la garantie d’une vieillesse tranquille.
Marie Anne s’est mariée à 19 ans donc encore mineure ; Émile était très certainement un amour de jeunesse – du moins j’aime à le croire ! Le premier enfant Marie Thérèse est arrivée près de 5 mois après le mariage ; on peut donc aisément imaginer que l’enfant avait été conçue hors union et qu’il était impératif de régulariser au plus vite.
Les deux familles DEIBER – OSTRY se connaissaient de longues dates, car résidaient dans la petite commune d’Oberhaslach depuis plusieurs générations. Elles étaient de même condition sociale.
Pas toujours facile la vie d’une jeune fille au 19ème siècle ! Elle savait écrire son nom de famille, mais n’a certainement pas dû aller longtemps à l’école. L’instruction n’était pas obligatoire pour les filles ; elle devait s’affairer à la maison, apprendre la couture et composer son trousseau, préparer les repas, s’occuper de la basse-cour et aider sa mère dans toutes les tâches ménagères. Pas de place pour l’enseignement et l’oisiveté…
Vient ensuite l’épreuve de la maternité. La femme enceinte était considérée comme impure, emprunte d’animalité ; le ventre maternel était l’antre du diable et toute relation sexuelle était donc proscrite durant la grossesse. Lorsqu’un fils naissait, il était de coutume d’enterrer le cordon ombilical sous un arbre, afin de porter bonheur, tandis que celui d’une fille était tout simplement brûlé, car on n’en attendait rien.
Avant de quitter l’Alsace, Marie Anne a mis au monde deux enfants. Près de sept années séparent le second de la troisième enfant ; une longue pause entre deux grossesses peut témoigner soit de fausses couches naturelles – dues notamment aux travaux pénibles – soit d’avortements clandestins à base de recettes abortives. Les femmes ne connaissaient pas leur corps comme nous l’appréhendons aujourd’hui. Aussi j’imagine que Marie Anne a vécu des histoires traumatisantes durant son exode vers Reims. Elle a pu envisager d’agrandir sa famille dès qu’elle s’est sentie en sécurité, apaisée et que son mari Émile a stabilisé son emploi.
Si Émile travaillait à l’usine, il appartenait à Marie Anne de faire bouillir la marmite. Elle dû mettre la main à la pâte et prendre des travaux d’appoint à domicile, tout en surveillant les enfants. Etre mère, femme et épouse est un métier qui ne s’apprend pas…
Pour en savoir plus :
Tags : Marie Anne, Emile, Théophile, femme, conditions
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