• P comme Place

    Mon grand-père Henri était le dernier-né d’une fratrie de 3 garçons ; ce dernier enfant est souvent perçu comme le « bébé » de la famille : ses parents peuvent être plus indulgents et protecteurs et les frères plus âgés peuvent parfois adopter un rôle de « grand frère » protecteur.

    André, né en 1901, est son aîné de 6 ans ; il est ce que l’on appelle « l'enfant du bonheur » ; c’est un enfant précieux car il est la joie d’une première paternité. L'arrivée de cet enfant est le début d'une nouvelle étape dans la vie de ses parents, pleine de promesses et d'opportunités. C’est la 1ère expérience de Marie Clémence, qui s’est d’ailleurs rapprochée de sa mère car son mari, Émile, fait son service militaire sur Beauvais.

    Tout naturellement, l'aîné est le premier à accomplir son premier sourire, son premier mot, sa première marche sans les bras de maman…..

    Charles Alfred, né en 1904, est « l'enfant du milieu », une place souvent difficile à supporter. On vous dira que souvent cet enfant développe des stratégies pour attirer l'attention, car il peut se sentir « négligé » entre « l’enfant du bonheur » qui ouvre la voie et le cadet qui est le « bébé » de la famille. Cet enfant peut être amené à cultiver sa propre identité pour se différencier par des compétences sociales, une adaptabilité et une flexibilité accrues en raison de la nécessité de naviguer entre les relations avec les frères. Quoiqu’il en soit, Charles sera le seul survivant de la fratrie…. Son frère aîné André est décédé en 1947 et son petit frère Henri le suivra l’année suivante.

    Peut-être qu’en fin de compte, Charles a trouvé la force – ou la chance – de survivre dans les méandres d’une vie souvent injuste….

    En raison de sa position, Henri a du bénéficier d'une certaine indulgence et d'une attention particulière de la part de ses parents. Cela peut parfois conduire soit à une surprotection, soit à une plus grande liberté dans certains aspects de la vie quotidienne. En sa qualité de « petit dernier », il a pu avoir souvent l'avantage d'observer et d'imiter ses grands frères.

    Il a été le dernier a quitté le nid parental ; aussi a-t-il connu Noémie, qui s’est occupée de lui au décès de sa mère, juste avant la Grande Guerre ; Noémie, qu’il connaît depuis longtemps puisqu’elle résidait deux porches plus loin dans la rue Broca.

    Etre le dernier de la fratrie peut avoir aussi l’inconvénient de devoir se surpasser, de ressentir une pression pour « performer » ou pour être exceptionnel ; son frère aîné André a été un élément remarquable dans l’Armée ; Henri, lui, n’aimait pas la guerre.

    Peut-être Henri a ressenti le besoin irrésistible de se démarquer de ce grand frère qui l’a aidé à surmonter son désarroi lorsqu’il a perdu son premier-né ; Marie-Jeanne était inconsolable, et heureusement, le petit Roland, mon père, est arrivé peu de temps après. André au n°4 de l’impasse Damesne et Henri au n° 8, cela ne pouvait plus durer ; Henri et sa petite famille sont partis s’installer sur Montreuil.

    La dynamique entre les frères a évolué avec le temps ; avant la guerre, André est parti vivre à Pessac, dans le sud-ouest de la France ; Charles et Henri sont restés dans la région parisienne.

    Et la guerre a tout bousculé….

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  • Commentaires

    3
    Lundi 11 Décembre 2023 à 19:32

    bravo pour cet article sur la place des enfants

    2
    Samedi 18 Novembre 2023 à 18:49
    Dominique Lenglet

    un joli texte sur la place des enfants, tout en délicatesse

    1
    christiane Bruneau
    Samedi 18 Novembre 2023 à 18:32
    christiane Bruneau

    J'adore votre Blog et Henri !

     

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