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1932 : Généralisation des allocations familiales
A la lecture d’un article de Retronews, j’ai souhaité partagé mes quelques connaissances et trouvailles.
Pendant longtemps, j’ai cru que les allocations familiales dataient d’après la Seconde Guerre Mondiale ! Il m’a si souvent été raconté que les « alloc » n’existaient pas et « qu’avant il y avait moins d’aide » ; alors j’ai fait quelques recherches….
A la fin de la Première Guerre mondiale, l'État français esquisse les premières mesures de soutien aux familles ; mais ces aides sont sporadiques et loin de faire l’unanimité sur le territoire français :
- en 1917, l’État verse aux seuls fonctionnaires des allocations temporaires pour leurs enfants âgés de moins de 16 ans
- en 1918, l’État accorde des indemnités pour charge de famille à tous les fonctionnaires non soumis à l’impôt sur le revenu ; ces allocations sont croissantes à partir du 3ème enfant, versées jusqu’au 16 ans du dernier enfant, voire 18 ans si poursuite des études…
Il faudra donc attendre le 11 mars 1932 : la loi Landry généralise les allocations familiales pour tous les salariés de l'industrie et du commerce, mentionnant l'adhésion obligatoire des employeurs à une caisse de compensation.
Nous sommes entrés dans l’ère des usines chrétiennes et du paternalisme.
Le 24 mars 1932, L’Ouest-Éclair se fait l'écho d’un évènement historique qui se doit d’améliorer les conditions de vie de nombreuses familles françaises de l’entre-deux-guerres :
Toutefois, l’idée d'un salaire familial n'est pas récente. Dès 1860, pendant le Second Empire, une circulaire impériale avait instauré une rétribution complémentaire pour les marins, sous la forme d'une indemnité de 10 centimes par jour et par enfant de moins de dix ans. Une première qui ressemble bien à de la charité….
Cette initiative sera reprise, à la fin du XIXe siècle, par quelques patrons philanthropes, notamment Émile Romanet, directeur des établissements Joya à Grenoble, qui décide, en 1916, de créer la toute première « caisse de compensation » au bénéfice des salariés de son usine.
Mais c’est véritablement à partir de 1919, suite à la saignée démographique occasionnée par la Grande Guerre, que les premiers suppléments salariaux publics accordés aux travailleurs en charge d’une famille voient le jour. Il s'agit de relancer au plus vite la natalité dans un contexte économique très difficile. Seules les familles les plus modestes y ont droit, et selon des critères très précis.
En 1920, Maurice Bokanowski, député de la Seine et membre de l'Union républicaine et sociale, souhaite étendre ce complément de revenus à toutes les familles de France. Il dépose un premier projet de loi visant à rendre obligatoire pour chaque employeur l'adhésion aux caisses de compensation. Sans succès.
Après deux autres tentatives infructueuses, le projet de loi déposé par le député radical socialiste Adolphe Landry est voté au Sénat le 11 mars 1932. Les allocations familiales pour tous sont nées.
Dans son édition du 3 mai, le Courrier de Saône-et-Loire précise les conditions de paiement de ces allocations :
Aujourd'hui, 85 ans après le vote de la loi Landry, les allocations familiales jouent toujours leur rôle essentiel de compensation salariale.
Depuis 1932, de nombreuses mesures sont venues compléter le dispositif, comme l'allocation de rentrée scolaire en 1974, ou celle concernant les parents isolés en 1976.
Pour en savoir plus :
Des aides aux familles aux politiques familiales 1870-1914
Premiers jalons d’une politique familiale
Le journal officiel du 12 mars 1932
Les débuts des allocations familiales (1860-1945)
Contexte de Thierry Sabot un guide chrono-thématique
La politique de la famille depuis 1932 : chronologie
Histoire et pouvoir d’achat des allocations familiales (UDAF de la Meuse – UDAF de la Lorraine)
Tags : allocation, familial, famille, 1932, enfant
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