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J comme JOIE
Ce patronyme est présent 15 873 fois sur Geneanet et connaît de nombreuses variations aussi surprenantes les unes que les autres : Dejoua / Joa / Joay / Joayo / Joeije / Joi / Joice / Joies / Joisse / Jouar/ Jouas / Joues / Joy / Joyce / Joye / Joyes / Joyo / Joys / Joysse / Juais / Juas /Juasse....
Cette fois-ci, nous quittons le Grand-Est pour la chaleur du Sud ; côté maternel, nous voici dans les Landes.
J’aurai pu vous parler de Marie JOIE, fille de Bernard et de Catherine, née à Campet-et-Lamolère, dans le canton de Mont de Marsan, et dont je suis une descendante à la 5ème génération. Non, je vais vous parler de son frère Jean.
J’ai mis un peu de temps avant de me pencher sur le sud-ouest ; les AD 40 sont très peu numérisées et ma mère ne m’a jamais parlé de sa famille… ou si peu ! Si Mont-de-Marsan est une belle ville fortifiée, Campet-et-Lamolère est toujours un village. Pour moi, les Landes, c’était une immense étendue de forêts aux pins maritimes et le chemin de Jacques de Compostelle.
Je suis donc une nièce de Jean… à la 5ème génération :
Jean est né le 7 décembre 1808, une grande année pour Napoléon Ier, à l’apogée de son règne.
Jean est l’aîné de la fratrie, viennent ensuite
- Jean, né le 17 janvier 1811
- Marie, née le 27 juillet 1812, ma descendante directe, et mon SOSA 61
- Anne, née le 5 juillet 1816, qui a essentiellement vécu avec sa famille dans une commune voisine, Saint-Martin-d'Oney,
- Jean en 1819, cultivateur qui n’a jamais quitté sa ville natale, jusqu’à son décès en 1885
- Marie, née le 23 septembre 1825 et qui s’éteindra à l’âge de 10 ans,
- et puis Jean, le petit dernier, né le 27 janvier 1829.
Le 1er mai 1833 il perd son père, décédé à l’âge de 47 ans. Laissons-le s’exprimer et raconter son histoire, aussi triste soit-elle, mais avec l’air chantant du midi.
« J’suis pas souvent allé à l’école, ma mère disait toujours que les gosses étaient élevés au cul des vaches ; on est tous laboureurs de père en fils et pas de temps à perdre à lire ou à écrire ; je sais pas signé non plus….
A la maison on manquait de rien, mais fallait travailler ; si tu veux ta soupe, faut bosser, petit, qu’y disait le père... Alors on y allait. J’ai deux bras, alors faut tailler dans la butte. On n’est pas des feignàs chez nous : fallait bien gagner sa croûte, ah que non, on est pas des feignàs chez nous !
Et puis, y avait Jeanne, Jeanne GOURGUES, je l’aimais bien Jeanne, té pardi, même qu’on s’est mariés le même jour que ma sœur Marie, le 27 février 1834. Ouais, je m’en souviens...Ca c’était une belle fête même si Jeanne pensait toujours à la pitchoune. »
Mais Jean n’avait pas prévu de perdre son épouse huit mois plus tard le 4 octobre 1834. Dans les recensements de Campet-Lamolère, il y a de nombreux décès de femmes et de remariages : des mariages par amour ? Je crois qu’à cette époque, les gens se posaient moins de question qu’aujourd’hui ; des bras étaient indispensable pour travailler la terre, les landais étaient des gens rudes et courageux, et il fallait assurer la pitance pour tous les enfants ; la mortalité était très importante.
De cette première union – hors mariage - est née une petite fille, Catherine, qui n’a vécu que douze jours ; quel désarroi... On image aisément le drame que la famille a subi, d’autant plus que la maman est partie à son tour moins d’une année plus tard, le 4 octobre 1834 : fausse couche, septicémie, grande faiblesse ? Je n’ai pas retrouvé de nouvelle naissance…..
Près de 6 mois plus tard, le 8 mai 1835, Jean perd sa petite sœur Marie.
En 1831 une terrible épidémie de variole déferle sur la France ; puis arrive la première pandémie de choléra en 1832. Que c’est-il donc passé dans les années suivantes : famine, malnutrition, accidents… J’ai donc effectué quelques recherches.
Les Landes étaient essentiellement des marais, et qui dit « marais » dit « eaux stagnantes » et par extension « moustiques » ; au bout de cette suite logique, apparaît le paludisme.
Après des pluies incessantes en automne 1833, l’hiver s’annonce très doux avec toujours des pluies torrentielles ; le printemps 1834 voit arriver de fortes gelées et l’abondance de grêle vient détruire les récoltes. Il ne fait pas bon vivre dans les chaumières des Landes. Même près de la cheminée, à l’abri des murs de pierres, l’humidité est tenace et annonce de beaux jours aux fièvres persistantes. Les médecins sont peu nombreux dans la région et il faut plusieurs heures avant que le professionnel de santé n’arrivent en campagne.
Alors la population se meure, les naissances succèdent aux décès : c’est un éternel renouvellement….
Le 27 janvier 1837, il épouse Marie LABARERRE ; il a déjà 40 ans….
La famille de Jean est pauvre ; il propose sa force de travail au gré des demandes ; aussi sur les recensements, on peut suivre les familles de lopin de terre en concession, les départs et les arrivées de nouvelles personnes.
Par exemple, sur le recensement de 1841, Jean et Marie vivent sous le même toit que
- la grand-mère paternelle Catherine,
- leurs 4 enfants,
- le couple Marie et François (mes SOSA 61 et 60) et leur premier enfant Jean et par conséquent mon AAgrand-père maternel (mon SOSA 30),
- une jeune sœur de Marie dont la mère Marie LAFONT est décédée et que le couple JOIE a gardé auprès d’eux : elle ne travaille pas aux champs, elle est domestique.
Les recensements sont un excellent outil pour trouver tous les membres d’une famille ; ici, je m’aperçois que, contrairement au tradition du nord-pas-de-calais, les familles vivent ensemble, dans le même demeure ; c’est une façon de résister aux éléments extérieurs, de réduire les coûts, mais aussi de propager les maladies.
La promiscuité est souvent un vecteur de transmission…..
Pour en savoir plus :
Le traitement des fièvres dans les Landes au XIXe siècle (Persée)
“Landes avant-après” : plus d’un siècle d’histoire en images (Sud-Ouest)
Tags : jean, marie, famille, landes, joie
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