-
Mai 2024 - Double généalogique (2/3)
Mon second double généalogique est né en 1832 à Oberhaslach, dans le Bas-Rhin.
Pas très original, me direz-vous, mais avec un nom de famille tel que le mien, soit je suis alsacienne, soit je suis allemande ! Je l’ai entendu tant de fois durant ma scolarité….
Françoise est donc la fille de Joseph et de Anne Marie WEBER, et la petite-fille de Jean, mon SOSA 128.
Je suis une descendante à la 4e génération d'un cousin issu de germains de Françoise DEIBER. Même scénario que précédemment : Jean DEIBER (1739-1800) est le premier aïeul commun, arrivé de sa Bavière natale à la fin du 18ème siècle.
Françoise est la seconde enfant d’une fratrie de 11.
Elle a 15 ans lorsque la Révolution de Février 1848 éclate à Paris : une partie du peuple se soulève et parvient à prendre le contrôle de la capitale, contraignant Louis-Philippe à abdiquer. S’intéresse t-elle à la politique ? Sait-elle au moins lire et écrire ? Est ce qu’elle a pu aller à l’école ? Suis-je donc idiote : une jeune fille n’a pas besoin d’éducation pour tenir une maison, torcher des gamins et faire bouillir la marmite….
Sait-elle que Louis-Napoléon Bonaparte, élu au suffrage universel est le Président de la République française ; ce qu’elle sait sûrement, c’est qu’il a vendu sa terre aux Allemands.
Même s’ils avaient le choix de partir, beaucoup d’Alsaciens sont restés. Les parents de Françoise n’ont pas quitté Oberhaslach ; son père Joseph y est décédé en 1862 ; sa mère partira le 23 octobre 1874 tandis que sa sœur Anne Marie se mariera le 26 novembre de la même année pour la seconde fois avec François Xavier Martin GOETZ, son précédent conjoint Marin BRAUN étant mort en 1873.
Autre temps, autres mœurs. La vie continue coûte que coûte ; il faut survivre et que la famille ne manque de rien. Il faut également rester unis contre l’adversité. Françoise restera donc au foyer d’Anne Marie jusqu’en 1880.
Quand a t-elle quitté sa ville natale ? Je suis dans l’incapacité de le dire aujourd’hui… il semblerait toutefois qu’elle soit décédée à Saint-Dié-des-Vosges en 1897 ; mais les archives des Vosges ne sont pas encore numérisées jusqu’à cette date…. Donc impossible de vérifier l'information de Geneanet !
Et puis, coup de théâtre, une nouvelle trouvaille : la généalogie, c’est un peu comme la préparation d’une brioche, il faut laisser reposer la pâte pour qu’elle lève doucement…..
Bien sûr, après l’annexion de leur territoire, les Alsaciens ont eu la possibilité d’opter pour la nationalité française ou allemande. Ceux qui voulaient conserver la nationalité française – comme la plupart de mes ancêtres directs partis sur Reims - devaient déménager en France ou dans les colonies françaises. Avaient-ils raison ou bien tort, nul ne peut le dire et je me garderai bien de porter un jugement...
En 1885, Françoise n’est plus sur le recensement d’Oberhaslach ; si je pars du postulat qu' elle a suivi sa sœur Anne Marie et son beau-frère, qui ont par ailleurs demandé leur réintégration à la nationalité française, elle s’est installée à Saint-Dié dans les Vosges. Pourquoi une décision aussi tardive ? Un désir de maintenir des liens avec la France ? Une opportunité familiale ? Professionnelle ? Ou tout simplement échapper à la pauvreté et à la malnutrition...
Certains alsaciens ont choisi le Nord ou Paris, d’autres s’engouffreront dans les Vosges. Saint-Dié accueille une multitude de rapatriés ; grâce à leurs savoir-faire ancestraux, ils vont faire face à l’Empire germanique et reconstruire la ville.
Après plusieurs heures à éplucher toutes les pages du recensement de l’année 1886 à Saint-Dié, j’ai retrouvé la famille : Françoise est bien au domicile de sa sœur Anne Marie.
Françoise a dû être une aide et un soutien précieux auprès de sa mère ; en effet, décédée en 1874, Anne Marie a subi le décès de la presque totalité de ses 11 enfants :
-
Odile, l’ainée de la famille, après avoir épousé Alexandre – meunier à Oberhaslach – est décédée à 30 ans, quelques jours après la naissance de son 1er enfant Jacques, en 1861,
-
Hélène est décédée en 1840, à l’âge de 5 ans,
-
Ferdinand est décédé en 1860, à l’âge de 22 ans,
-
Anne Marie, dont je connais un peu l’histoire désormais, mais qui mériterait d’être approfondie,
-
Hubert, qui demandera la nationalité française et partira s’installer à Saint-Dié avec femme et enfants,
-
Ambroise, décédé en 1843, à 13 mois,
-
Véronique, décédée en 1863, à 18 ans,
-
Basile, caporal au 63ème régiment en ligne, décède des suites de ses blessures à l’hôpital Saint Nicolas de Verdun en 1870 : il a 23 ans,
-
Joseph, décédé en 1849, n’aura vécu qu’une seule journée,
-
et enfin Louis, qui n’est plus sur les recensements d’Oberhaslach en 1880 et dont je n’ai pas encore retrouvé la trace….
Si Françoise a appris à assumer des responsabilités dès son plus jeune âge, sa petite sœur Anne Marie la soutiendra en lui offrant un toit et une famille.
Sur le recensement de 1886 à Saint-Dié (dates de naissance très approximatives), la famille est réunie au grand complet :
-
les 4 jeunes adolescents de la première union de son mari : François Xavier, Marie, Auguste et Dorothée,
-
Charles et Hélène, les enfants du couple.
Son premier enfant Franz Joseph Ferdinand n’a vécu que 2 mois et le dernier de la fratrie, Franz Ferdinand est décédé à 14 mois en 1884.
Françoise a désormais 54 ans ; Anne Marie a 46 ans tandis que son mari en a 3 de plus et la vie ne les a pas épargné…..
*
Pour en savoir plus :
Connaître le décret de naturalisation de vos ancêtres avec Gallica (Genealogiques)
Quelques grandes dates de l'histoire de l'Alsace (Persée)
Alsace – La région – l’histoire (Alsace GenWeb)
Histoire de l’arrondissement de Saint-Dié (Philomatique Vosgienne)
Pauvreté rurale et dynamisme économique : le cas de l'Alsace au XIXe siècle (Persée)
Le siège de Verdun en 1870 (Gallica)
Tags : francoise, mortalité, Vosges, misère
-
-
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment
Suivre le flux RSS des commentaires
Vous devez être connecté pour commenter