• S comme STO

    S comme STOLe STO ou Service du Travail Obligatoire a été institué en France durant la Seconde Guerre mondiale par le régime de Vichy, gouvernement collaborationniste en place sous l'Occupation allemande. Il a été instauré en application de la loi du 16 février 1943, qui obligeait les hommes français nés entre 1920 et 1922 à travailler en Allemagne dans le cadre de l'effort de guerre allemand.

    Certains vous diront que beaucoup d’hommes sont partis volontaires et qu’ils ont « collaboré » ; d’autres ont tenté d'échapper à cette obligation en se cachant ou en fuyant pour rejoindre la Résistance. Ah, la Résistance, ces résistants de la dernière heure, ils étaient bien nombreux à la fin de la guerre…. S’il y en avait eu autant qu’on voudrait le croire, la France aurait été libre bien avant de faire toutes ces victimes ! Mais loin de moi l’idée de critiquer qui que ce soit : je trouve assez facile d’épiloguer, assise confortablement dans mon fauteuil, sans prendre en compte le contexte.

    L’Allemagne nazie avait un besoin grandissant de main-d'œuvre pour soutenir son effort de guerre, et en particulier après la défaite de l'armée allemande à Stalingrad ; elle a acheminé des travailleurs français en Allemagne, dans les usines, les fermes et d'autres secteurs stratégiques, pour produire des armes et/ou du matériel indispensable à la poursuite du conflit.

    Ce recrutement forcé a été très impopulaire en France ; il y a eu plusieurs manifestations et des grèves en signe de protestation ; certains boycotts se sont organisés contre les autorités allemandes ; des actes de sabotage ont été perpétrés contre les infrastructures utilisées pour le STO, comme les bureaux de recrutement, les lignes de chemin de fer et les installations liées à la mobilisation forcée. Si certains ont dû partir par crainte de représailles à l’encontre de leur famille, d’autres ont été raflés à la sortie des usines tandis qu’une poignée s’échappait vers la zone non occupée, au péril de sa vie.

    N’oublions pas le « contexte » : un gouvernement sous le joug allemand, des lois répressives et discriminatoires, une « milice française » à la solde de la Gestapo, les arrestations, les détentions, les tortures et les exécutions….. les dénonciations.

    A ce climat de peur omniprésente et entretenue par l’armée d’occupation, s’ajoutent les difficultés économiques, les pénuries alimentaires, la peur de l’autre ; un voisin, un collègue ou même un membre de la famille pouvait moucharder. Des nouvelles règles, des nouvelles lois perturbent le quotidien des français ; ces derniers sont accaparés par la vie matérielle et l’anxiété : survivre coûte que coûte. S comme STO

    Et qui oubliera les sirènes annonçant les bombardements, le bruit des bottes sur les pavés….. Ce n’est certainement pas ma grand-mère, qui, traversant la rue hors des clous, s’est vue refaire le chemin inverse, après un monstrueux coup de pied au c…

    Un environnement d’insécurité perpétuelle supporté par tous les français de la zone occupée, et notamment les Montreuillois.

    Située dans la banlieue-Est de Paris, Montreuil-sous-Bois est associée à une longue tradition politique de gauche et, historiquement liée au Parti communiste français (PCF). Par exemple, de nombreux Montreuillois se sont associés aux Communards de 1870. Au début du XXe siècle, une importante activité ouvrière s’est développée et le PCF s'est souvent positionné comme le parti politique qui défendait les intérêts des travailleurs et des classes populaires. Montreuil est devenue tout naturellement le théâtre d'un militantisme ouvrier et syndical dont les idées étaient largement partagées par Henri, mon grand-père paternel. Ce qui d’ailleurs lui a valu sa déportation en 1943…. et 1943, les cadences de travail augmentent pour le IIIème Reich.

    S comme STOLongtemps, je me suis demandée pourquoi Henri n’avait pas été envoyé se battre sur le front. Il n’a jamais été « soutien de famille » ; certes sa mère Marie Clémence était décédée alors qu’il n’avait que 7 ans, mais sa belle-mère Francine résidait quelques rues plus haut avec son mari, sa femme travaillait et n’avait qu’un pré-adolescent de 12 ans à s’occuper ; la petite Yolande ne naîtra qu’un peu plus tard.

    Ma grand-mère Marie Jeanne « mémé Jeannette » m’a toujours laissé entendre que son mari n’avait rien fait d’extraordinaire, mais qu’elle avait souvent très peur « des hommes en colère avec le poing levé » ; elle faisait bien évidemment référence au Front Populaire et aux grèves de 1936. Elle savait que l’on n'arrête pas facilement des hommes en colère….

    Les banlieusards ont un peu le sang chaud, mais faut-il rappeler que « Montreuil est la première ville de la région parisienne à être libérée le 18 août 1944 par plusieurs centaines de membres de la Résistance intérieure française » (Wikipedia)

    Mais Henri n’a pas pu participer à la libération de sa ville : il était trop faible….

    Bien avant de commencer ce challenge, j’ai effectué un très grand nombre de recherches ; certaines ont abouti, d’autres pas ; hier matin, j’ai enfin reçu par voie postale l’acte de décès de mon grand-père :

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    Pour en savoir plus :

    Les origines du nom de Montreuil (Site officiel de la ville de Montreuil)

    La CGT et la répression antisyndicale (août 1939-décembre 1940) (Cairn)

    Les grandes dates de l’histoire de la CGT (Institut d’Histoire Sociale)

    Front Populaire : 80 ans d'avancées sociales en images (France Info Culture)

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  • Commentaires

    1
    Mardi 2 Janvier à 14:46

    Bel article et un acte de décès qui arrive in extremis

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