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Un cousinade célèbre... ou pas ! (5) ou qui est Marcel BARBEAULT ?
Loin de moi l’idée de dresser le profil psychologique de Marcel BARBEAULT - notamment parce que je n’en ai pas les compétences, n’étant ni professionnelle de la santé mentale ni criminologue – mais surtout qu’en matière de généalogie, je n’y trouve pas grand intérêt.
Je chercher à repérer les éventuels « dysfonctionnements » de son arbre pour mieux comprendre le « personnage ». Par dysfonctionnement, j’entends des relations familiales compliquées comme les divorces, les remariages ou les adoptions, des secrets de famille, des relations illégitimes ou des demi-frères et sœurs….
Si la psychogénéalogie est une approche qui explore les liens entre les événements familiaux passés, les schémas familiaux, elle n'est pas une science exacte ; aussi il est important d'adopter une approche critique lors de l'interprétation des résultats.
Il va sans dire qu’il appartient à chacun de faire son évaluation car la préservation de la vie privée en généalogie est importante ; vous ne verrez donc pas sur ce blog le moindre génogramme personnalisé...
Chaque personne a le droit à la vie privée, et la collecte d'informations généalogiques ne doit pas compromettre ces droits ; je suis consciente que la divulgation d'informations sensibles peut causer des préjudices à la famille.
Et Dieu sait que la famille a dû souffrir ; d’abord, l’épouse pour la révélation des actes commis par son mari, puis le regard des autres, la protection des enfants et les paparazzi… toujours plus assoiffés d’anecdotes « croustillantes ».
Et pourtant, j’ai envie de savoir, de comprendre. Non pas pour excuser – comment justifier des crimes aussi abominables ! - mais pour expliquer, concevoir que Marcel BARBEAULT devait être un tueur en grande souffrance ; j’ai toujours à l’esprit que, pour être profondément méchant – ou psychologiquement malade ? - il faut être sacrément malheureux.
Bien que décrit comme un « individu renfermé et banal », Marcel BARBEAULT n’a pas été reconnu comme porteur de troubles mentaux : ni borderline, ni schizophrénie, ou toute autre aliénation mentale. Surnommé « le tueur fou à la carabine », « le maniaque » ou encore« le tueur de l’ombre » il avait une carrure imposante voire colossale avec ses 1, 85 m et ses 100kg ; ses voisins de quartier le décriront comme un père de famille, grand et costaud, « très serviable » et « bricoleur », avec toutefois une curieuse fascination pour les cimetières.
Marcel BARBEAULT a été arrêté le 14 décembre 1976 après une enquête de grande ampleur, pour avoir commis des meurtres entre 1969 et 1976 dans les alentours de Nogent-sur-Oise. Il a fallu plus d’une année à l’inspecteur principal de la PJ, Daniel Neveu, pour remonter la piste du tueur : tout d’abord l’arme du crime qui semblait correspondre à celle utilisée pour tuer les huit personnes assassinées, puis l’expertise balistique, les cambriolages et surtout, le mode opératoire. « Il surveille d’abord ses futures victimes. Puis il va les neutraliser, pas forcément mortellement. Il transporte ensuite les corps inertes pour se retrouver dans des endroits plus calmes, à l’abri. Il dénude ensuite les femmes, souvent violemment avant de s’adonner à un jeu autour du sexe, parfois avec des pénétrations. Certains diront avec le canon de son arme. Il les exécute ensuite d’une balle dans la tempe avant de voler leur sac, comme un motif pour justifier son horrible meurtre ».
Alors, que penser ? Marcel BARBEAULT est-il un maniaque sexuel, un sadique à la violence gratuite ? Etait-il prédestiné….
Marcel BARBEAULT est né le 10 août 1941 à Liancourt ; il est l’aîné d’une fratrie de six enfants, cinq garçons et la petite dernière. Lorsque ses parents se sont mariés le 8 mars 1941, sa mère était enceinte de cinq mois. Mais 1941, à Liancourt, comme partout ailleurs, c’est l’Occupation, avec son lot de restrictions, de pénurie, de sévices, de peurs… et d’envois de colis pour les travailleurs expédiés en Allemagne.
A 43 ans, son grand-père Auguste BARBEAULT, et Lucien, son père, 23 ans ont été contraint de partir travailler en Allemagne.
Marcel BARBEAULT grandit au sein d’une famille modeste ; son père est cheminot et sa mère est femme au foyer ; Marcel n’était pas un très bon élève, quittant le circuit scolaire à 14 ans et sans le certificat d’études. A 16 ans, il travaille dans les ateliers de la Clouterie Rivierre. Il est Cœurs vaillants, puis militant à la Jeunesse ouvrière chrétienne. À 19 ans, le 13 décembre 1960, il s'engage dans l'armée, soucieux de changer de vie. Il est alors mobilisé durant la guerre d'Algérie : il sera brancardier. Mais il rêvait d'être parachutiste....
À son retour, il reprend un emploi d’ouvrier spécialisé ; il essaie de devenir gendarme, mais c’est de nouveau l’échec….
En 1964, il épouse Josiane VANDEPONSELLE, dont il aura deux enfants.
Ensuite, c’est la chute… irrémédiable.
Il perd sa mère d’un cancer en juin 1968. En janvier 1972 son frère Jean Louis, alors âgé de 25 ans, se tue dans un accident de la route. Son frère Roger se suicide en février 1974 en se jetant sous un train : il avait 29 ans. En juillet 1976, c'est sa grand-mère paternelle qui décède.
Commencent alors une série de 15 cambriolages ; Marcel BARBEAULT écope de 18 mois de sursis avec 5 ans de mise à l’épreuve. Et le premier meurtre remonte à l’hiver 1969….
Marcel BARBEAULT est donc un tueur en série, organisé, qui planifie ses crimes, traque et choisit ses victimes selon un type spécifique : une femme, aux cheveux bruns, à l’image de sa mère.
A chacune de mes lectures, j’ai pu croiser mes informations et j’en reviens toujours à ce constat : « les crimes trouveraient leur origine dans une enfance traumatique avec sévices ou dans le cadre d’une famille dysfonctionnelle, un père absent, une mère dominatrice, une problématique psychologique, une agression sexuelle subie ».
Certes, Marcel BARBEAULT a été choqué du décès de sa mère, qu’il a tenu dans ses bras jusqu’au dernier soupir, une mère qu’il tuait à chaque nouvel assassinat, une mère qu’il punissait pour l’avoir quitté, l’avoir abandonné… Chaque femme avait le visage caché, le corps à nu et en position de soumission, à sa merci.
Mais comment expliquer les sévices sexuels ? Il a vécu des événements traumatiques dans son enfance, mais aurait-il subi des abus physiques, sexuels ou émotionnels, ce qui pourraient contribuer au développement de comportements violents. Dans sa famille ? Durant la guerre d’Algérie ? Il s’est passé tant de sévices innommables…..
Pour les meurtres de 7 femmes et d’un homme, dans les alentours de Nogent-sur-Oise, Marcel BARBEAULT, après avoir échappé de justesse à la peine de mort, sera condamné en juin 1981, à la prison à perpétuité
Marcel BARBEAULT est un cousin au 6ème degré d'un parent éloigné ; il paraît que l’on ne choisit pas sa famille…. Alors, avoir un roi ou un mendiant comme ancêtre, sincèrement, est-ce pire que d’avoir un sociopathe ?
Je referme donc ce chapitre comme un mauvais livre que l’on n’a pas envie de relire. FIN
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Pour en savoir plus :
La mémoire refoulée des appelés d'Algérie (Le Monde)
La Guerre d'Algérie (Le Labo d’Histoire Geo)
Psychose, rites sexuels et meurtres en série : retour sur l’affaire Barbeault 40 ans après son procès (Planet.fr)
Le tueur en série : qui est-il ? (Psychologie et Criminologie)
Le mode opératoire (Profilage)
Pourquoi certains individus deviennent-ils des tueurs en série? (Slate)
Tags : barbeault, crime, Algérie
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