• O comme OBEISSANCE

    O comme OBEISSANCEJe trouve ce « mot » très vilain ; il fait référence à « autorité » un autre vilain mot, mais qui vont si bien ensemble….

    Si la loi du 18 février 1938 signe la fin de l’incapacité civile des femmes mariées, il faudra attendre les années 1960-1970 pour que l’obéissance soit contestée par les femmes... L’obéissance au père, l’obéissance à la mère… une obéissance inconditionnelle.

    Les femmes de ma génération ont très certainement été les premières à se rebeller face au pouvoir patriarcal, voire marital. Les hommes, dans leur grande majorité, n’ont pas attendu le Code Civil pour nous imposer leur loi.

    Je me demande si Eléonore a été une enfant  obéissante, une femme soumise et/ou bienveillante, soucieuse de reproduire à l’identique le modèle éducatif et maternel de sa mère. Si elle a étéO comme OBEISSANCE heureuse…

    Mariée à 23 ans, mère de 10 enfants – avec toutes les souffrances des grossesses, des maladies et des deuils – elle s’est retrouvée veuve à 42 ans…. IL a dû en falloir du courage et de la volonté pour continuer à avancer dans une époque pas très tendre avec les femmes…

    Loin de moi l’idée de porter la pierre à celles qui ont « exposé » leur enfant, mais j’admire Éléonore de n’avoir jamais abandonné les siens.

    Dans les milieux mondains, les jeunes filles apprennent les bonnes convenances, ce qu’il faut dire et ne pas dire, apprennent à danser - bien évidemment avec un chaperon - et à bien « se tenir en société » en vue d’un mariage « bien comme il faut ». Mais dans les milieux ouvriers, les petites filles n’ont pas le temps de flâner ! Il existe bien de rares moments de loisirs et de jeux dans la cour.

    O comme OBEISSANCEDans le cercle bourgeois, accoucher d’un enfant de sexe féminin apportait la désolation dans la famille ; seul le garçon était le garant de la pérennité du nom... et des terres !

    Dans nos « familles ordinaires » la fille devait seconder sa mère. Très vite, elle était affectée aux tâches ménagères, et au 19ème, il y avait fort à faire. Par contre, en sortant de l’usine, le garçon pouvait se reposer : il était libre !

    Contrairement au modèle du libre-arbitre protestant, l’éducation à la française est celle de « l’oie blanche » ; les femmes font perdurer l’ordre social auquel elles se plient, et notamment elles transmettent à leurs filles les silences qui leur ont été imposé ; on ne parle pas des règles, de la nuit de noces et encore moins de sexualité ou du danger des maladies vénériennes… Le corps est un sujet tabou qui a longtemps perduré. Combien de nos ancêtres ont été « livrées » en pâture lors de leur premier rapport avec leur mari !

    Très jeune, Éléonore a dû suivre l’enseignement de sa mère pour apprendre la broderie à la dentelle. Elle a dû également la suivre dans chacun des actes de la vie quotidienne : aller chercher l’eau au puits, s’occuper des petits frères, aller faire des courses, balayer la maison….

    Au stade de mes recherches, les enfants de la fratrie MATHE-LECOINTE (les parents d’Eléonore) ne sont qu’au nombre de 5, ce qui me semble peu pour l’époque….

    O comme OBEISSANCE

    La mère d’Éléonore avait dix frères et sœurs. Éléonore a également mis au monde dix enfants, dont trois seulement atteindront l’âge adulte ; Angélique est l’aînée des survivants.

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    Inévitablement, Angélique a été mise à contribution… Elle a peut-être été à l’école ; mais l’école maternelle n’existe pas encore en 1856 et les religieux enseignaient aux filles essentiellement les travaux d’aiguille et le maintien d’une maison… ben voyons ! L’école républicaine aura bien du mal à s’imposer !

    Dans les documents que j’ai pu trouver, Angélique est toujours mentionnée comme « journalière » (ou ménagère) et non « dentellière » comme sa mère et sa grand-mère. GENEANET a mentionné neuf enfants mais je n’ai pas encore vérifié ces renseignements ; donc je ne peux les utiliser. Toutefois, je peux supposer qu’avec autant d’enfants (recensement 1886), il est fort difficile d’aller travailler au quotidien ; avec certitude je sais qu’elle a épousé Edmond Delobel, ouvrier mineur et nous savons tous le labeur des femmes de mineur.

    Alors oui, il faut un peu d’obéissance et un peu d’autorité, sinon, ce serait l’anarchie ; les extrêmes ne sont pas des modèles à suivre.

    Et fort heureusement, nos filles ont désormais accès à la lecture et à l'éducation !

    Pour en savoir plus :

    Épisode 3 : L’empire des mères et la filiation au féminin au XIXème

    Raconte-moi l’histoire

    Le panier de l’ouvrier

    La socialisation des filles au XIXe siècle (Persée)

     Pour suivre ce challenge et lire tous les articles publiés, c'est ICI !

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    « N comme NE PAS OUBLIER....P comme PRENOMS autour d’Eléonore »
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