• Vidocq (1/2)

    Vidocq « Il y a 200 ans, François Vidocq (1775-1857) réussissait la plus sensationnelle des évasions du bagne de Toulon et entrait dans la légende. Il n'en est jamais ressorti. Toute sa vie, il échappa aux classifications comme à ses poursuivants. Roi de l'évasion, il vécut plusieurs vies palpitantes et dangereuses, passant du pré des duels aux champs d'honneur de Valmy. Il défia constamment la société et eut autant de talents que de métiers : marin, acrobate, soldat, marchand, inventeur, imprimeur, auteur et, surtout, grand précurseur de la police moderne. Un tel surhomme fascina les plus grands écrivains de son temps : Balzac en fit son Vautrin, Hugo son Jean Valjean et Dumas le mit magistralement en scène dans Les Mohicans de Paris puis Le Fils du forçat... »

    L’acteur Claude Brasseur a longtemps incarné pour moi le personnage caméléon de Vidocq ; tout en charme, on pourrait dire « une main de fer dans un gant de velours ».

    Mais qu’en est-il du véritable Vidocq ? Quel personnage est-il réellement ?

    « Comme il se sent différent de ces hommes qui ne pensent que rapines et assassinats. Certains égorgent un homme comme ils avaleraient un bock et n’y pensent même plus la minute d’après. Il a pu être au bagne, jamais il n’a été un bagnard. Il les a vus de trop près pour ne pas s’y tromper. Lorsqu’ils parlent d’honneur, ce n’est qu’hypocrisie. Aucune solidarité entre ces rebuts de la société. Ils se volent entre eux, se dénoncent, ne méritent plus le nom d’homme. Le monde interlope des marginaux lui fait horreur. Lorsqu’il lit dans les journaux les crimes commis, il se dit que malgré quelques individus encore récupérables, la majorité devrait être anéantie. Seule la pensé que certains d’entre eux, peuvent comme lui être innocents, nuance son jugement. »

    Vidocq

    Marie-Helène PARINAUD, historienne de formation - a soutenu son doctorat à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales- revisite l’Histoire à travers des enquêtes policières véridiques. Elle a été conseillère historique pour le film Vidocq réalisé par Pitof et dont les deux acteurs principaux sont Gérard Depardieu et Guillaume Canet.

    Elle a écrit des romans policiers historiques, dont Meurtres à Venise, qui se déroule au Moyen Âge et « explore les aspects fascinants de cette cité interdite aux étrangers ».

    Ce récit est donc une biographie d’Eugène-François Vidocq, aventurier et détective français. Et au demeurant, n’est plus tout aussi sympatique qu’il en a l’air ! Successivement délinquant, bagnard, indicateur (opportuniste?), policier et enfin détective privé, il est surtout connu pour avoir fondé la première agence de détectives privés et pour avoir révolutionné le travail de la police en France.

    Passionnée d’histoire et de généalogie, vous pensez bien que je n’ai pu résister à l’envie de vérifier les propos de l’auteure. Je salue par ailleurs son travail considérable.

    *

    Eugène-François Vidocq est né à Arras le 24/07/1775. Il est le fils de Nicolas Francois Joseph VIDOCQ (1743-1799) maître boulanger et marchand de blé à Arras, et de Henriette Françoise Joseph DION (1744-1824) ; il est le quatrième enfant d’une fratrie de huit :

    • Nicolas Francois Joseph VIDOCQ (1767-1767), décédé à 29 jours,
    • Guislain Joseph VIDOCQ (1771-1771), n’a vécu que 2 jours,
    • Francois Guislain Joseph VIDOCQ (1772- ?)
    • Eugéne François VIDOCQ 1775-1857, notre « héros »
    • Aimé Fidel Joseph VIDOCQ (1777-1782), décédé à l’âge de 4 ans,
    • Henriette Victoire Joseph VIDOCQ (1779-1780) n’aura vécu que quelques semaines
    • Henriette Augustine Joseph VIDOCQ 1782-1874
    • Francois Joseph Constant VIDOCQ (1783-1787), décédé à l’âge de 4 ans.

    Vidocq

    Il est en effet le quatrième enfant d’une fratrie de huit, mais le seul survivant de tous ses frères et soeurs… le destin en a décidé autrement…. Au XVIIIème siècle, la mortalité infantile était très élevée. Tout jeune, Vidocq a donc cottoyé la mort au quotidien.

    Ah, le Pas-de-Calais, voici un département que je connais bien pour avoir des ancêtres mineurs dans la région lensoise. Arras se situe à moins de vingt kilomètres, au sud de Lens.

    En 1775, la France traverse une période économique difficile, notamment une série de crises agricoles, « la guerre des farines » provoquée par une mauvaise récolte en 1774 et la spéculation des marchands de grains. Ni Lens, ni Arras, ne seront épargnées par les pénuries de grains et les hausses des prix des denrées alimentaires. Lens n’était alors qu’une petite ville rurale aux habitations en bois et en torchis, avec des toits de chaume ou de tuiles, entourées de remparts médiévaux et de douves protectrices ; au XIXème siècle, elle exploitera son riche bassin minier, pour se développer de manière exponentielle et faire la fortune d’un petit nombre de privilégiés.

    Chef-lieu de la région d’Artois, Arras est déjà une ville plus grande et plus développée, servant souvent de centre dapprovisionnement pour les habitants de Lens et ses environs, jouant également un rôle administratif important. Arras est aussi une position militaire renforcée, avec des fortifications et des infrastructures militaires importantes.

    Vidocq (1/2)En 1775 les arrageois ont donc faim, comme la plupart des Français d’ailleurs. Maximilien Robespierre, origine d’Arras, l’une des figures les plus emblématiques de la Révolution Française, ne s’y trompera pas ; après le collège d’Arras où il fait de brillantes études, il part pour la capitale perfectionner ses études de droit. Vidocq se battra également contre les injustices, mais en empruntant des chemins de traverse…. Gardons toutefois à l'esprit que Robespierre est le descendant d'une famille d'avocats au Conseil Supérieur d'Artois, à Arras, tandis que Vidocq appartient à une famille de marchands et d'artisans : sans commune mesure.

    Fils de boulanger, Vidocq commet plusieurs larcins au cours de son enfance. De forte corpulence, il est un adolescent rebelle, et contraint de fuir Arras à 16 ans, après avoir volé dans la caisse de son père. Il s'engage dans l'armée révolutionnaire, soucieux d’échapper aux corrections paternelles, car monsieur Vidocq-père avait la main leste ; nous sommes en 1791, il entre dans la compagnie des chasseurs – régiment de Bourbon-Infanterie, puis déserte….

    « les villes se livrent sans combattre et accueillent les royalistes prussiens comme des libérateurs »

    (...)

    « A l’arrière, le gouvernement utilise la Terreur pour éliminer tous les ennemis et nomme des proconsuls tels que Carrier à Nantes, Fouché à Lyon, Talien à Bordeaux et Lebon à Arras »

    Commence alors une vie tumultueuse d’escroqueries entre Arras et Paris, entrecoupées d’incarcérations. Le 8 janvier 1794, il est emprissoné à la prison des Baudets d’Arras pour avoir provoqué un duel au sabre pour les beaux yeux d’une blonde.Vidocq

    « Vidocq retrouve celle des Baudets. Son père l’y avait fait enfermer, alors adolescent, histoire de lui apprendre à être sage » et ne plus voler dans la caisse !

    Vidocq est aussi un joli cœur et ne sait rien refuser aux belles ; il se mariera toutefois trois fois :

    • le 8 août 1794, à Arras,  avec Marie Anne Louise CHEVALIER ( AD 62 n°84 page 571/882) dont il divorcera le 16 novembre 1805

    • le 6 novembre 1820 à Paris,  avec Jeanne Victoire GUERIN  (acte reconstitué ci-contre), qui décédera quatre années plus tard,

    • le 28 janvier 1830, à Saint-Mandé, avec Fleurine Albertine MANIEZ  
      (AD 94 n°3 page 163/217) ;

    Berné par son 1er mariage - la jeune citoyenne avait annoncé être enceinte pour mieux le berner - il se sauve à Paris le 2 mars 1795.

    Continuant ses activités, il est incarcéré au bagne de Brest, dont il échappe, puis au bagne de Toulon, dont il s'échappe encore….. (la suite)

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