• N comme Neveu

    N comme Neveu

    Mon grand-père Henri est le neveu de Jules Victor Albert, frère de Théophile, mon Agrand-père paternel.

    Jules Victor Albert est le dernier de la fratrie :

    • Marie Thérèse, née en 1869 à Oberhaslach, mariée le 6 mars 1886 à Reims, avec Joseph Ernest TRANSINNE
    • Jean Joseph, né en 1871 à Oberhaslach et décédé 6 mois plus tard à Reims,
    • Florentine Marie, née en 1878 à Reims, mariée le 22 octobre 1898 à Mouy avec Jules Alexandre LEBLOND,
    • Emile Théophile, né en 1879 à Reims, marié le 23 décembre 1899 à Mouy, avec Marie Clémence DELARUE (1883-1914),
    • Gustave Alphonse Hubert, né en 1880 à Reims, mais décédé 14 mois plus tard,
    • Gustave Joseph, né en 1882 à Reims et marié à Mouy avec Juliette Emilie GOURVAIN.

     

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    Tous ses frères et sœur sont nés à Reims, dans la Marne, sauf Marie Thérèse mais elle a quitté le domicile parental alors qu'il n'était qu'un tout petit enfant ; Jules Victor Albert Deiber est né le 11 avril 1883, à Warmeriville, à 20 km plus près des Ardennes.

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    Toute la famille a quitté Reims : pourquoi ? Warmeriville est une petite localité dans la périphérie de Reims et un industriel - Jacques Joseph Harmel – est l’heureux propriétaire d’une grande filature ; Émile est tisseur et a vraisemblablement saisi l’opportunité d’un meilleur emploi. Reims est une grande ville et Warmeriville se rapproche – de par sa taille et sa configuration – de sa bourgade natale Oberhaslach.

    La famille n’a fait qu’un bref passage car elle s’est très vite orientée vers Mouy, dans l’Oise ; elle ne figure d’ailleurs sur aucun recensement. Une sage décision d'Emile lorsque l'on connaît tous les désastres que Warmeriville a subi durant la 1ère guerre mondiale.

    N comme NeveuEn cette période de commémoration du 11 novembre connue sous le nom de « Armistice de 1918 » ou simplement « Jour du Souvenir », j’ai souhaité me pencher sur la situation militaire de Jules Victor Albert, puisque je suis sa nièce à la 3ème génération.

    Certes, dans les manuels d’histoire et tels que les évènements m’ont été enseignée à l’école – il y a maintenant fort fort longtemps ! - la fin de la Première Guerre mondiale est marquée par l’arrêt des combats le 11 novembre 1918 à 11 heures.

    Mais dans les faits, l’authentique traité de paix n’a été négocié qu’en 1919, lors de la Conférence de paix ; le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, sera LE traité qui officialisera la fin de la guerre, imposant d'importantes clauses à l'Allemagne, notamment des dispositions territoriales, des réparations financières, et des restrictions militaires. Ces conditions auront un impact significatif sur l'Allemagne et contribueront, entre autres, aux tensions politiques et économiques conduisant à la Seconde Guerre mondiale. Mais revenons à Jules Victor Albert.

    Dans les AD 60, j’ai aisément retrouvé sa fiche matricule ; dans la 1ère partie, je peux vérifier son identité, sa filiation, son signalement physique :

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    Il s'agit donc bien de Jules Victor Albert Deiber, né le 11 août 1883 à Warmériville, dans l'Oise, demeurant à Mouy, fils d'Emile (absent et j'ajouterai disparu depuis quelques années) et de Marie Anne Ostry ; il exerce le métier de « coupeur de chaussures ».

    Pour sa description physique, j'apprends qu'il est brun, chauve (? curieux pour l'époque) qu'il mesure 1,60 m et qu'il a « un grain de beauté poilu à la joue droite » ; par contre, je n’ai aucune information concernant son niveau d’instruction.

    N comme NeveuIl a tiré le numéro 12 à Mouy.. La pratique du tirage au sort a été utilisée de 1804 à 1889, mais il faudra attendre 1905 pour sa suppression totale.

    Tous les hommes ayant atteint l'âge de 20 ans révolus doivent s'inscrire sur les tableaux de recensement ; ils appartiennent alors à une même classe de recrutement. Cette classe permet de retrouver la fiche matricule, elle ne change jamais (n°177). Par contre, la classe de mobilisation est la classe avec laquelle marchent les hommes. La classe de mobilisation (ici 1903) correspond bien à la classe de recrutement. 

    Jules Victor Albert Deiber est donc enregistré pour effectuer ses 3 années de service militaire réglementaire, de 1903 à 1906. Mais à la lecture de cette fiche, je peux lire qu'il a été ajourné pour un état de « faiblesse » en 1904 mais qu’il reviendra en 1906. dès que son état sera satisfaisant. Quoiqu’il en soit, il sera jugé apte pour partir au front en 1914.

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    A l'issue de ce service, il est envoyé « en congé » avec un certificat de « bonne conduite » le 12 juillet 1907 ; et le 1er octobre de la même année, il passe dans la réserve de l’armée active.

    Le 18 avril 1908, il épouse Léontine Philippe, alors encore mineure. Au stade de mes recherches, je n'ai trouvé aucun enfant issu de cette union.

    Après cette partie administrative, je m'attarde sur son parcours militaire.

    Le 2 août 1914, un ordre de mobilisation générale réquisitionne tous les hommes valides ; Jules Victor Albert n’y coupera pas !

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    Il est affecté au 251eme régiment d'infanterie (251e RI), régiment de l'Armée de terre française constitué en août 1914 avec les bataillons de réserve du 51eme RI. Jules Victor Albert appartenait à une unité composée de réservistes, c'est-à-dire de soldats qui n'étaient pas en service actif à temps plein mais qui étaient appelés à servir en cas de besoin, notamment pendant les périodes de mobilisation liées à des conflits.

    Pour les férus de tactique militaire, il sera aisé de suivre les combats de chaque régiment (le chtmiste).

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    «  Le Soupir »... la bataille de Vailly : fin du chemin pour Jules Victor Albert le 29 octobre 1914. Il est d'abord porté disparu, puis retrouvé, blessé et prisonnier. Les hommes étaient partis la fleur au fusil, persuadés qu'ils seraient rentrés pour Noël... Jules Victor Albert s'en sortira vivant, mais N comme Neveuestropié ; des plaies multiples à la suite d'un éclat d'obus, des interventions chirurgicales d'urgence et la perte d'un testicule gauche, mais vi-vant !

    La perte d'un testicule est un traumatisme important pour un individu ; c’est une blessure génitale grave et particulièrement perturbante. Elle entraîne une séquelle physique indéniable, mais surtout des répercussions psychologiques. Jules Victor Albert a pu devenir anxieux, dépressif…. Le retour à la vie civile a certainement été très compliqué ; la stigmatisation sociale associée aux blessures génitales était sans doute présente, car la virilité et la masculinité étaient souvent étroitement liées à la capacité reproductive : une rumeur qui touche encore certaines mentalités de nos jours !

    Sur sa fiche matricule, j'ai également pu suivre les différents lieux de résidence, ce qui m'a d'ailleurs permis de retrouver les épouses sur les recensements.

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    Pas de recensement numérisé sur Paris en 1941, pour cause de guerre, mais j'ai pu retrouver son acte de décès le 4 novembre 1943... il résidait toujours avec Julienne, dans ce même quartier de la Chapelle, au 6 rue l'Olive, mais.....

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    Sur cet acte, Jules Victor Albert est mentionné comme le fils de « Jean-Baptiste Deiber » et de Marie Anne Ostry, sa mère : qui est ce Jean-Baptiste ? Est-ce une erreur de transcription ? Marie Anne était-elle en ménage avec un cousin (?) lors de la disparition de son mari Émile ???

    Encore une énigme à percer : décidément, avec la généalogie, on va de surprise en surprise !

    Pour en savoir plus :

    Histoire de Warmeriville (Genealexis)

    Warmeriville en 1914-1918 (site de la commune de Warmeriville)

    Centenaire 14-18 à Warmeriville (51)

    14-18 : L'Oise se souvient - Le film (Conseil départemental de l’Oise)

    29 et 30 octobre 1914 : la bataille de Vailly (Aisne) (Forum PAGES 14 18)

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 6 Décembre 2023 à 16:21

    Encore un homme traumatisé à jamais par la guerre. Il arrivait que des femmes se marient avec le frère ou le cousin de leur défunt mari. Si celui ci est parti quand les enfants étaient petits, peut être un frère ou un cousin a accepter de prendre en charge la famille

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