• P comme POCHON

    P comme POCHOND’après le dictionnaire des noms de famille de Jean Tosti ce patronyme « est surtout porté dans les départements de la Loire et de la Somme. Deux possibilités : soit un toponyme, sans doute avec le sens de petit pont (cf. la commune de Ponchon, dans l'Oise). Soit un diminutif de l'ancien prénom Pons, Ponce (un lieu-dit s'appelle Saint-Ponchon à Carpentras) ».

    Geneanet complète en précisant les variantes : Pouchout / Pouchou / Pouchous / Le Pouchous / Le Pouchoux / Pauchont / Pochont / Ponbchon / Ponchau / Ponchaux / Poncheau / Ponchon / Ponchont / Ponchou / Ponchoux / Poschon / Pouchou / Pouchoux / Pounchon / Pounchoun / Punchon….. en ajoutant qu’il « est surtout porté dans la Corrèze (…) toponyme fréquent dans le Sud-Ouest, qui semble désigner une petite colline (diminutif de l'occitan puech). A noter cependant qu'en occitan le pochon est une mesure pour le vin ».

    J’ai peu de famille dans le Sud – exception faite des Landes – mais pour ce patronyme, nous irons dans le Pas-de-Calais.

    Je vais vous parler d’Angeline Marie Joseph POCHON, épouse de François MATHE. A ce titre, elle est une descendante à la 4ème génération d’un cousin de François :

    P comme POCHON

    Angeline est née le 2 janvier 1851, à Favreuil, petit village de l'Artois dans le Pas-de-Calais, limitrophe de Bapaume au sud et situé à 40 km de Lens, au nord.

    François et Angeline ont eu de nombreux enfants :

    • Angeline en 1872
    • François en 1874P comme POCHON
    • Séraphine en 1876 mais qui décédera en 1877
    • Louis en 1878
    • Moise ne 1880
    • Alexandre en 1881
    • Eugène en 1883
    • Héléna en 1884, décédée en 1886
    • Georges en 1887
    • Un enfant né sans vie en 1889
    • Arthur en 1891
    • enfin Berthe en 1892.
    • Il faudra également ajouter la petite Elise, née en 1865, d’une précédente union entre François et Henriette GRILHOT.

    Soit 13 enfants, dont seulement 2 n’atteindront jamais l’âge adulte. Dans leur majorité, les naissances sont espacées de deux ans. Pour mettre un enfant au monde, il faut neuf mois de grossesse ; des naissances trop rapprochées peuvent entraîner des risques pour la maman et son bébé : petit poids, prématurité et décès.

    Oh mon Dieu, tous ces enfants ! Quel travail, et quelle responsabilité !

    Si mes aïeules ne savaient pas toutes comment un enfant était conçu, elles ne devaient pas ignorer le phénomène de « retour de couches », sans en maîtriser pleinement le mécanisme ; peut-être savaient-elles à quelle période elles étaient le plus fertiles, donc le « plus à risque ». N’oublions pas que les mères de « nos familles ordinaires » allaitaient leurs enfants ; les biberons existaient depuis longtemps mais leur usage était réservé aux plus aisés.

    Les femmes qui n’allaitaient pas – ou plus – connaissaient un retour de fertilité plus rapide.

    L’industrialisation ouvre la voie à une nouvelle classe sociale : les ouvriers. Hommes, femmes et enfants travaillent à la mine et aucune législation ne réglemente le droit du travail en cette moitié du XIXème siècle. Le « patronat » a besoin de bras….

    L’avortement est un « crime contre la Nation ». Gouvernement et Eglise condamnent le contrôle des naissances (art. 317 du Code Pénal de 1810) ; le repeuplement de la France devient une « question vitale » face à l’envahisseur prussien.

    Nous sommes encore bien loin de « la libre disposition de son corps » et Angeline l’ignorait probablement. Avait-elle le temps de penser, la liberté de penser, la possibilité de se rebeller ou tout simplement les capacités à s’opposer…..

    P comme POCHONLorsque je recense mes ancêtres – et en particulier celles du Pas-de-Calais – j’image toute l’angoisse de ces femmes, qui année après année, acceptent des maternités successives, au gré du bon vouloir de leur conjoint… sans garantie de leur survie. Éduquer les enfants, faire bouillir la marmite – et laisser les meilleurs morceaux à ceux qui travaillent – se prémunir des maladies et de la mort.

    Certaines femmes osent revendiquer le droit du choix, le droit à opter pour une autre voie que la maternité en ébranlant « les fondements moraux traditionnels ». Mais ces femmes ont souvent reçu une éducation ; les « mères de nos familles ordinaires » ont simplement fait ce que l’on attendait d’elle, ce que le « père » leur avait inculqué, ce que le conjoint avait imposé.

    Angeline - comme bien d’autres d’ailleurs - est décédée en 1925 et n’a jamais eu la possibilité de dire NON ! « au primat de la sexualité reproductrice » ou bien au « un enfant, quand je veux, si je veux ».

    Les femmes d’aujourd’hui ont fait un long chemin… Rien n’est jamais gagné et la lutte ne doit pas s’arrêter si l’on ne veut pas perdre nos droits.

    Ne les oublions pas.

    Pour en savoir plus :

    Entraves aux théories et aux activités du mouvement pour le contrôle des naissances en France et aux États-Unis (1873-1940) – Itinéraires

    La valeur émancipatrice du contrôle des naissances

    P comme POCHON

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