• W comme Warmeriville

    W comme WarmerivilleAvant de faire des recherches sur Émile, le grand-père d’Henri, mon grand-père paternel, j’ignorai jusqu’à l’existence de cette petite ville française située dans le département de la Marne et à environ 17 km au nord-est de Reims, « cité des rois » où mes ancêtres directs alsaciens ont fui en 1871.

    Le dernier enfant d’Emile, Jules Victor Albert est né en 1883 à Warmeriville.

    Sur le recensement de 1886, je n’ai pas retrouvé la famille Deiber, mais j’ai cherché une nouvelle fois les témoins inscrits sur l’acte de naissance et tous deux ouvriers en filature, avec le vif espoir de trouver un lieu de travail ou une correspondance :

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    • Charles Moroy, domicilié rue de l’Église,

    • François Joseph Loos, introuvable sur le recensement ; par contre était inscrit « Loos Julien » un enfant de 11 ans, rue des Censes

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     Dans ce recensement, j’ai bien évidemment retrouvé toute la famille Harmel, famille emblématique de Warmeriville :

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    Léon Harmel, à l’image des idées de son père, a créé un gros bourg industriel : le tissage à la main périclite au profit d’une industrialisation patronale et chrétienne.

    Des cités ouvrières sont crées : « la cité Jeanne-d’Arc, la cité Sainte Virginie, la cité du Bon Père, la cité Saint-Joseph ou encore la cité Saint-Jacques.

    Lorsque Émile et sa famille est arrivée à Warmeriville, la corporation chrétienne du « Val-des-bois » existait depuis 1867. En 1883, de l’éducation sociale et professionnelle des ouvriers est né « le Conseil d’Usine » destiné à donner aux travailleurs une participation effective au gouvernement de l’Usine.

    La famille Harmel prend le contrôle de la ville : Félix Harmel est élu maire de 1896 à 1899, date de son décès ; son frère Maurice prend le relais jusqu’en 1915, puis Léon, fils de Maurice est nommé par les Allemands.

    W comme WarmerivilleLa religion a joué un rôle central dans la vie quotidienne des ouvriers de Warmeriville. Encadrer les ouvriers visait à promouvoir une éthique du travail basée sur des principes moraux et religieux. Les responsables d'entreprises croyaient souvent que « le culte » contribuait à maintenir un comportement éthique et à favoriser la loyauté envers leur usine.

    Le contrôle social, nous y voilà, le mot est lâché ! De tout temps, le « Pouvoir » a cherché à maintenir l’ordre social ; il fallait éviter les troubles potentiels au sein de la main-d'œuvre.

    « La bête noire de Léon Harmel est le « contremaître sans moralité » à qui l'organisation des usines modernes donne « la puissance terrible d'abuser des ouvrières ». Raison pour laquelle il ne veut que des contremaîtres chrétiens. Au nom de sa foi et aussi par simple humanité il veut la disparition du prolétariat qui est pour lui «un fléau et non un état normal... un phénomène morbide... contraire à tout ordre social chrétien », phénomène injustifiable puisque «les prétendues lois qui le créeraient sont contraires à tout ordre divin et humain».W comme Warmeriville 

    Les institutions religieuses ont souvent été impliquées dans des initiatives éducatives, jouant un rôle actif dans la défense des droits des travailleurs ; leurs « normes » servaient de base pour réguler le comportement individuel et/ou de masse ; les croyants pouvaient ainsi se sentir obligés de respecter ces « codes » sous peine de sanction divine. L’Église avait le pouvoir d’imposer une condamnation morale, une excommunication ou la menace d’un châtiment dans l'au-delà, en réponse à un comportement considéré comme déviant. 

    Rituels, pratiques religieuses et cérémonies devaient renforcer le sentiment d'appartenance à une communauté. Les ouvriers devaient donc se conformer à l’ordre établi par le « Bon Père », monsieur Harmel, pour ne pas le nommer. 

    Si au 19ème siècle, la vision du monde était fortement influencée par la religion, tous les ouvriers n’étaient pas favorables à cette intégration religieuse dans leur vie professionnelle. Alors, que s’est-il passé pour que la famille d’Emile quitte rapidement Warmeriville où les Filatures Harmel embauchaient de nombreux tisseurs : peu ou pas de liberté individuelle ? Des règles de conduite trop étriquées ? Un environnement trop moralisateur et paternaliste ?

    Il s’est forcément passé un « évènement » pour qu’Emile fuit ce bassin d’emplois si attrayant : ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions….

    *

    Pour en savoir plus :

    Warmeriville – Historique du village

    Léon Harmel (fiche Geneanet)

    Léon Harmel (Wikipedia)

    Règlement et statuts de l’Usine du « Val-des-Bois »

    22 mars 1917 : Le village de Warmeriville est militarisé par les Allemands (L’histoire en rafale)

    Mémoire des Monts de Champagne

    Un siècle d’avancée sociale dans la Marne (1850-1950)

    Association pour le Patrimoine Industriel de Champagne-Ardenne (APIC)

    Réalités et idéologie

    Un sujet de recherche

    La Suippe, vallée du textile

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