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La branche DEIBER
La famille DEIBER est la branche paternelle de mon père :
une famille "ordinaire" qui a dû toujours se battre pour en arriver là où je suis....
Sans son histoire, je n'aurai peut-être pas eu la "niaque" d'y arriver,
Sans elle, je n'aurai peut être pas la chair de poule en écoutant le chant des Partisans...
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Par FANNOU93 le 27 Avril 2022 à 15:35
Tout commence dans la vallée de la Bruche, berceau de la famille DEIBER….. mais pas que, puisque la famille SIAT y a également élu domicile depuis des centaines d’années, et depuis bien plus longtemps que ma famille !
D’abord, il y a le père, Joseph SIAT, qui grâce à son grand-père maternel, adjoint du régisseur des forêts, a appris à aimer ces forêts de résineux, ces sentiers odorants et cette flore typique du massif alsacien.
Son grand-père paternel, Nicolas, est le petit frère de Françoise, mon aïeule lointaine...
A la Révolution, Joseph a épousé Thérèse et a ainsi rejoint la grande famille des meuniers de la région.
En 1818, il a déjà 53 ans lorsqu’il se lance dans l’achat d’un moulin à grains, à Oberhaslach au bord de la rivière Hasel. Son fils ainé, Joseph 27 ans, meunier de profession, l’aide de son mieux.
En 1824, Joseph-père installe donc une scierie en amont du moulin et Thérèse gère les finances ; comme beaucoup d’épouse, elle est une pièce maîtresse de l’entreprise. De 1831 à 1855, Joseph exerce la fonction de maire dans la petite ville d’Oberhaslach.
Son fils cadet, Florent, reste sur Urmatt et fait progresser la scierie familiale. En 1823, il épouse la fille du maire d’Urmatt, Marie Anne SCHULLER. Les mauvaises langues pourraient dire qu’il a pu obtenir ainsi des « facilités » pour l’entreprise, mais le métier est dur, très dur et Florent ne ménage pas sa peine…. Nous sommes bien loin des 35 heures !
La scierie d’Urmatt prend de l’ampleur d’autant plus que Jean-Philippe, le 5ème enfant de Florent prend les rennes de l’entreprise. Oberhaslach, puis Niederhaslach ne sont que des « succursales ». Les technologies s’accélèrent….
En 1877, alors que l’Alsace est abandonnée aux Allemands, la scierie brûle, mais la famille SIAT a des ressources et ne se laisse pas abattre ; ce sont bien des Alsaciens fidèles à leur réputation de travailleurs : ils ne lâchent rien et tout sera reconstruit !
Mais la pugnacité a des limites ; cette scierie restera la propriété de la famille SIAT jusqu'au violent incendie de 1934 qui la détruisit ainsi que ses dépendances.
Elle ne fut jamais reconstruite mais tous les salariés purent rejoindre le scierie familiale d'Urmatt.
Descendants ou pas, la famille SIAT a donné deux maires à Oberhaslach : Joseph SIAT de 1831 à 1855 et Joseph SIAT de 1917 à 1919...
La famille SIAT est devenue « le groupe SIAT »
Aujourd’hui encore, résident des familles DEIBER et SIAT sur les 3 communes d’Oberhaslach, Niederhaslach et Urmatt.
Au stade de mes recherches - je n’ai pas encore fait de cousinade - je n’ai pas trouvé de liens directs entre les deux familles depuis Françoise SIAT. A ma connaissance, le seul lien réel qui existe est notre prénom !
Mais je garde espoir d’aller faire un jour un voyage généalogique dans cette superbe région et de fouler, enfin ! la terre de mes ancêtres.
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Par FANNOU93 le 2 Avril 2022 à 21:30
En effectuant des recherches sur la commune d’Oberhaslach – parce que les archives de cette mairie n’a jamais répondu à aucun de mes messages ! - j’ai trouvé sur internet une scierie au nom de SIAT.
Il s’avère que dans une branche paternelle ce patronyme apparaît…. SIAT Françoise : qui est-elle ?
SIAT Françoise est mon numéro 263. Grâce à Geneanet, j’ai pu calculer le lien de parenté que j’ai avec cet ancêtre : « Françoise SIAT est une ancêtre à la 8e génération ».
Au stade de mes recherches, je peux dire qu’Émile Deiber est le 1er ancêtre à avoir quitté son Alsace natale à la suite de l’invasion de l’Allemagne. Je suis donc partie ce trisaïeul pour en connaître un peu plus sur la famille SIAT.
Dans la commune d’Oberhaslach, les documents de recensement font surtout état de sabotiers, charbonniers, forgerons, charrons, gardiens de troupeaux et surtout de tailleurs de pierres. La famille Deiber était tailleur de pierres de père en fils.
Dans différentes sources, il est écrit que Joseph SIAT est à l’origine de la 1ère scierie d’Oberhaslach ; Françoise SIAT était alors une grand-tante de Joseph.
Il va me falloir davantage investiguer pour faire des rapprochements....et arriver à Urmatt.
Mes sources :
Siat, saga d’une famille de scieurs
L’histoire de la commune d’Oberhaslach
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Par FANNOU93 le 5 Août 2021 à 09:11
Puisque mon AAgrand-père Émile était tanneur, que mon Agrand-père Emile-Théophille était tanneur-mégissier, et que ce dernier est parti vivre dès le début du XXème sur Paris, je me suis intéressée à cette profession, dont les ouvriers ont longtemps été dénigré et montré du doigt. IL faut avouer qu’avant de m’intéresser à la généalogie, j’ignorai tout de ce corps de métier…. Et de la Bièvre...
La Bièvre est en effet, l'une des causes les plus actives de l'empoisonnement parisien.
« La Bièvre était composée de deux bras, et entrait dans Paris par la Poterne des Peupliers pour se jeter dans la Seine au pont d'Austerlitz et rue de Bièvre.
Utilisés par les industries parisiennes, un des bras, canalisé, alimentait une série de moulins, l'autre diminué par cette prise de débit était un cloaque où les tanneurs, teinturiers et abattoirs jetaient leurs déchets ».A pied, la rue de Bièvre est à environ 20 mn de marche de la rue Broca, ancienne demeure de mon Agrand-père. Avec mon « ami google » il est aisé de se repérer….
Le 25 de la rue Broca est désormais un café-restaurant… Avant, c'était un porche qui s'ouvrait sur une courette...
Et vous, avez-vous retrouvé les lieux de vie de vos ancêtres ?
Pour en savoir plus :
http://memchau.free.fr/vieux_metiers.pdf
La Bièvre un courant porteur (plaques, médaillons et LéZarts).
Tannerie près d'un petit bras de la Bièvre, boulevard Saint-Jacques, 14ème arrondissement, Paris
Les mensonges des patrons mégissiers
Les secrets enfouis de la Bièvre, rivière parisienne
L’histoire tourmentée d’une rivière : de la Bièvre paysage à la Bièvre laborieuse
L'histoire du pressing / teinturerie
Le XIIIe de Huysmans. La Bièvre, les Gobelins
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Par FANNOU93 le 5 Août 2021 à 08:51
A force de pugnacité, j’ai réussi à remonter assez haut dans la généalogie de ma famille Deiber. Heureuse, mais frustrée à la fois….
Pour chaque ancêtre, j’effectue la recherche d’un acte de naissance, un acte de mariage et si possible un acte de décès. Si je reprends mon SOSA 32, Nicolas DEIBER, tailleur d’habits, j’ai pu retrouver tous les actes le concernant.
Seulement voilà, en remontant cette même branche, son père, également Nicolas DEIBER (sosa 64) mais tailleur de pierres, j’ai bien cru faire une confusion entre toutes les épouses :
Rechercher des actes dans les registres d’état civil, ce n’est pas très compliqué ; il existe une construction logique autour des « naissances – mariages - décès » ; mais lire les actes de baptèmes-mariages-sépultures dans les registres paroissiaux est une gageure !
Avoir parcouru les recensements des communes d’Oberhaslach et Niederhaslach m’a permis de me familiariser avec beaucoup de noms de famille ; les villages n’étaient pas très étendus et les familles naviguaient d’une commune à l’autre. A ma grande stupeur, en parcourant les pages du registre de la paroisse catholique de Niederhaslach, je découvre que les prénoms « Anna Maria » et « Maria Anna » étaient très souvent donnés aux petites filles. Pas facile de s’y retrouver !
Mais par chance, les actes sont rédigés en latin « classique » (pas très facile à déchiffrer tout de même car mes années d’étude latine sont très très loin…) puisque ma famille est de religion catholique ; pour les protestants, les actes sont écrits en dialecte allemand gothique.
Ma famille a fait le « choix » de s’exiler sur Reims en 1871 ; je n’ai donc pas été confrontée – pour le moment du moins et au stade de mes recherches – à cette écriture « Fraktur » bien difficile à maîtriser. Mais qui sait....
Pour en savoir plus :
Généalogie en Alsace : le B A BA
Particularités des recherches en Alsace
Histoire falsifiée : le langage des alsaciens
Essai de glossaire de patois et expressions propres à la Vallée de la Bruche
L’alsacien n’existe pas (AlterPresse68)
"Parlez le vrai alsacien ! C'est pas possible d'entendre ça, on ne comprend rien"
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Par FANNOU93 le 9 Juillet 2021 à 17:36
A la suite d'anomalies révélées par GENEANET (les enfants Rosine et Catherine Deiber ont des dates de naissance trop rapprochées), je m'empresse de faire une synthèse des fiches trouvées et de vérifier les informations :
Seulement, voilà : il y a deux Nicolas Deiber dans mon arbre et sur la même branche... IL va falloir jouer serrer, bien comparer les dates dans les différents actes, les générations et s'aider également des recensements....
Je pars donc de la dernière vérification sur acte, celle d'Emile Deiber, mon AAgrand-père paternel.
L’acte de naissance d’Emile, né en 1844 précise qu’il est le fils de Nicolas Deiber, 30 ans, tailleur d’habits et de Marie Anne Klein, 25 ans ; le couple est légitimement marié et réside sur Oberhaslach où il s’est d’ailleurs marié. Si Émile a quitté son Alsace natale en 1871 à la suite de l'invasion allemande, les générations précédentes se sont installées à Oberhaslach et à Niederhaslach, deux hameaux voisins du Bas-Rhin.
Je peux donc en déduire que Nicolas est né vers 1814 et Marie Anne vers 1819.
IL existe de nombreux "Deiber" sur les deux hameaux ; pour ne pas faire d'erreur, j'ai donc recensé les tables décennales de 1813 à 1842 sur Oberhaslach puis sur Niederhaslach. Ensuite j'ai repris chaque nom pour retrouver l'acte correspond... J'ai croisé les données avec les recensements sur Oberhaslach et sur Niederhaslach. Ca fait quelques heures de travail....
Mais que de bonheur lorsque l'on trouve !... seulement, voilà, en visualisant des "correspondances intelligentes", je m'aperçois que Nicolas Deiber aurait eu 10 enfants et que son épouse en aurait eu 12 ! Le compte n'y est pas....
Je vais donc devoir reprendre les tables décennales au-delà de 1813 sur la commune d'Oberhaslach mais aussi celles de Niederhaslach, pour ensuite vérifier la filiation de chaque personne en recherchant les actes de naissance correspondant.
Et si je réfléchis, la recherche me semble toute logique. Nicolas et Anna Maria se sont mariés le 31 décembre 1803 : leur premier enfant serait né quelques dix années plus tard ?! Peu vraisemblable.... Peut-être même ont-ils eu des enfants avant leur union ; dans ce cas, les enfants porteraient le nom de leur mère. Je vérifierai cette hypothèse, mais l'Alsace est une région où le respect des pratiques religieuses est très important et où l'on ne badine pas avec la tradition !
La suite : au prochain épisode !
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Par FANNOU93 le 28 Juin 2021 à 17:44
Voici un article de Retronews qui m'a fait écho ; en effet, ma famille a dû quitter son Alsace natale en 1871, lorsque la France a perdu cette région....
Après l'annexion de l'Alsace-Lorraine par la Prusse à la suite de la guerre de 1870, de nombreux habitants de la région choisissent de partir. La presse, habitée par l'esprit de revanche, va faire de leur exode une cause nationale.
1871. La France vient d'essuyer une défaite cuisante face à la Prusse. Le traité de Francfort spécifie qu'elle doit céder toute l'Alsace (sauf Belfort), et une partie de la Lorraine à sa rivale d'outre-Rhin. Une annexion qui va avoir une conséquence de poids pour les habitants : la Prusse autorise ces derniers à garder la nationalité française... À condition qu'ils quittent le territoire avant le 1er octobre 1872.
Une décision relativement clémente, comme le reconnaît à contrecœur une presse française profondément anti-germanique, qui vit la perte de l'Alsace-Lorraine comme un traumatisme. Le Petit Journal commente ainsi :
Pourtant, l'exil des quelques dizaines de milliers d'Alsaciens-Lorrains qui choisissent la France (les « optants ») va rapidement devenir un symbole de l'iniquité prussienne, cristallisant le désir de revanche de la nation française humiliée.
Parmi les migrants, nombreux sont ceux qui s'installent autour de Belfort, ou à Nancy, restée française. Mais un certain nombre d'entre eux iront plus loin, à Paris, au Havre, à Lyon, à Bordeaux, voire même en Argentine et au Québec. Promus cause nationale, les optants vont voir leur sort fortement médiatisé pendant les années qui suivent l'annexion.
Neuf jours après la date limite du 1er octobre, Le Petit Journal écrit :
La Société de protection des Alsaciens-Lorrains, dans le journal conservateur Le Gaulois, peint un tableau accablant de l'exode :
À Lyon, des mesures spéciales sont prises par la municipalité :
Aux « optants », on va même donner des territoires en Algérie, alors colonie française. Ce qui va créer quelques problèmes, comme l'indique Le Journal des débats du 17 décembre :
À Noël, tandis que le sapin devient l'emblème de la diaspora alsacienne [voir notre article], on se presse, à Paris, pour recueillir des jouets à offrir aux petits exilés :
L'esprit de revanche et le souvenir de l'humiliation de 1871 se perpétueront jusqu'à la Première Guerre mondiale, et avec eux le rappel régulier de la situation des migrants. En 1911, un journal, L'Alsacien-Lorrain de Paris, est créé, promettant dans son premier édito de faire revivre « l'âme de la petite patrie perdue » en délivrant nouvelles du pays et actualités des Alsaciens-Lorrains exilés.
L'Alsace-Lorraine redeviendra française en novembre 1918, à la signature de l'Armistice. Environ 200 000 Allemands résidant sur le territoire seront contraints de le quitter. Et de nombreuses familles d'Alsaciens-Lorrains, ayant fui après 1871, effectueront le chemin inverse.
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En 1871, ma famille a fait le choix (mais était-ce un réel choix ou de la survie ?) de partir sur Reims, puis Mouy et ensuite Paris ; je pense qu'elle a toujours privilégié son travail et le bien-être de ses enfants : n'aurai-je pas fait la même chose ?
Très certainement. En tous les cas, nous n'avons jamais quitté la région parisienne. Qui sait si, un jour peut-être, je ne reviendrai pas en Alsace, reprendre ma place dans le berceau familial.... je sais qu'il existe encore des "Deiber" sur Oberhaslach...
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Par FANNOU93 le 3 Juin 2021 à 16:19
Lorsqu’Emile Théophile était mobilisé, qui s’occupait des trois garçons : André 13 ans, Charles 11 ans et le jeune Henri 7 ans, mon grand-père paternel ? Que sont-ils devenus durant ses quatre terribles années ?
Marie Clémence, mon Agrand-mère paternelle est décédée le 13 janvier 1914….Cet hiver-là, nul ne se doute que la guerre va éclater, du moins nul n’imagine qu’elle durera...
Le 1er août 1914, la mobilisation générale est décrétée ; une loi prévoit même une allocation pour les familles nécessiteuses dont le soutien est mobilisé ; les hommes doivent partir et les veufs qui élèvent seuls leurs enfants doivent trouver rapidement une solution.
Si cette solution est souvent familiale, la solidarité peut également s’organiser avec le voisinage.
Il me faudra alors « éplucher » les recensements, difficiles à trouver en cette période de guerre…. Et puis rechercher les oncles, tantes et grands-parents. Au cours de mes investigations, j’ai pu lire que certains « pères sont amenés à mettre leurs petits en « dépôt » à l’Assistance publique (AP). La plupart ne les reprennent alors qu’après leur démobilisation en 1919 ». Je ne peux pas envisager cette solution…
Les trois enfants viennent de perdre leur mère et ils partiraient en « foyers » ou « familles d’accueil » : c'est une solution que je ne souhaite pas envisager....
Certes, je peux envisager une « cassure » des équilibres familiaux et la confrontation à la violence, aux bombardements….
Si je reviens sur les grands-parents, Émile Théophille a perdu sa mère Anne-Marie en 1911 et n’aurait plus de nouvelle de son père ; j’ai recherché dans les TD de Mouy, (1873-1902 / 1903-1912 / 1913-1922) dernier lieu de résidence, et je n’ai rien trouvé… Pas plus sur les recensements de cette commune. Sur l’acte de décès d’Anne-Marie il n’est pas précisé qu’elle était veuve mais aucun renseignement n’était indiqué pour Émile, son mari ; est-il parti sans laisser d’adresse… aurait-il rejoint son Alsace natale… ? C’est une piste qu’il me faudra explorer plus tard… je sais que la famille « Deiber » est particulièrement attachée à ce joli coin de France !
Du côté de Marie-Clémence, son père Charles Alfred Delarue semble être resté sur Mouy jusqu’à son décès en 1917. Son épouse, Julie Rosa, est décédée en 1929, également à Mouy ; on peut imaginer qu’Emile Théophille ait hébergé sa belle-mère , sur Paris, pour s’occuper de ses petits-enfants, tout en la protégeant des attaques allemandes ; on sait que l’Oise a payé un lourd tribut dans cette terrible guerre. Mais ce ne sont que des suppositions, n’ayant aucun écrit pouvant me l’affirmer...
« Dans une vision de la guerre où chacun doit être à son poste, la place de l’enfant est au pupitre, comme la femme est à l’usine et l’homme au front : l’école devient, dans ce discours de guerre, le terrain où se gagnent les « batailles » de l’enfance, et notamment celle du certificat d’études (…) la main-d’oeuvre enfantine est réquisitionnée » : si les filles cousent, tricotent pour les poilus, les garçons sont embauchés pour la confection de colis, des collectes d’argent…
Les enfants sont souvent les victimes collatérales de ce conflit ; certains adolescents d’à peine 16 ans sont enrôlés dans une armée qui manque toujours de bras….
Veuf et chargé de famille, Émile Théophile reviendra souvent à la maison ; pour cette situation non enviable, il restera sur les arrières et retournera dans ses foyers, dès que possible. Mais dans quel état…. En 1919, il a déjà 40 ans...
Pour en savoir plus :
La Madelon - Version originale de 1917 - Marcell
Les causes de décès à Paris depuis le début du siècle
Bombardements de Paris et de sa banlieue durant la Première Guerre mondiale
Les secours de l’Assistance publique de Paris pendant la Grande Guerre
Les enfants pendant la Grande Guerre
Dossier thématique 14 -18 (Assemblée Nationale)
Les enfants à l’ombre de la Première Guerre mondiale (France Culture)
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Par FANNOU93 le 29 Mai 2021 à 18:07
Nous sommes nombreux à avoir lu ce texte sur le web....
"Imagine un moment que tu sois né en 1900.
Quand tu as 14 ans commence la Première Guerre Mondiale et celle-ci se termine quand tu as 18 ans, avec un solde de 22 millions de morts.
Peu de temps après, une pandémie mondiale, la grippe espagnole, tue 50 millions de personnes. Tu en ressors vivant et indemne, tu as 20 ans.
Puis à 29 ans, tu survis à la crise économique mondiale qui a commencé avec l'effondrement de la bourse de New York, provoquant l'inflation, le chômage et la famine.
À 33 ans, les Nazis arrivent au pouvoir.
Tu as 39 ans quand commence la Seconde Guerre Mondiale et elle se termine quand tu as 45 ans. Pendant l'Holocauste, 6 millions de Juifs meurent. Il y aura plus de 60 millions de morts au total.
Quand tu as 52 ans commence la guerre de Corée.
Quand tu as 64 ans, la guerre du Vietnam commence et se termine quand tu as 75 ans.
Un enfant né en 1985 pense que ses grands-parents n'ont aucune idée à quel point la vie est difficile, mais ils ont survécu à plusieurs guerres et catastrophes.
Un enfant né en 1995 et aujourd’hui âgé de 25 ans pense que c’est la fin du monde quand son colis Amazon prend plus de trois jours à arriver ou quand il n’obtient pas plus de 15 « likes » pour sa photo publiée sur Facebook ou Instagram ...
En 2020, beaucoup d’entre nous vivons dans le confort, avons accès à plusieurs sources de divertissement à la maison, et pouvons grâce aux aides gouvernementales survivre paisiblement à une nouvelle pandémie.
Mais les gens se plaignent parce que pendant plusieurs semaines ils doivent rester confinés chez eux. Ils ont pourtant de l'électricité, le téléphone, de la nourriture, de l'eau chaude et un toit sur la tête.
Rien de tout cela n'existait autrefois. Mais l'humanité a survécu à des circonstances beaucoup plus graves et n'a jamais perdu sa joie de vivre.
Et depuis des jours, nous nous plaignons parce que nous devons porter des masques pour entrer dans les supermarchés, faire les boutiques, prendre le transport en commun ...
Il serait peut-être temps d’être moins égoïste, d’arrêter de se plaindre et de perdre les pédales".
Je ne peux alors m'empêcher de faire le parallèle avec ce grand-père paternel, Henri, que je n'ai pas connu....
Toi, Henri, tu es né en 1907 à Mouy, une petite ville de l’Oise, où l’industrie textile est bien implantée ; ton père est tisseur-mégisseur mais...
Dès 1912, toute la famille part s’installer à Paris, au 25 rue Broca, dans le 5ème arrondissement, très certainement pour une vie meilleure.
En 1914, alors que la guerre éclate, tu n’as que 7 ans ; on dit que c’est l’âge de raison ; mais peut-on garder la raison lorsque l’on vient de perdre sa mère….
En 1919, tu as déjà 12 ans ! Tes frères André 18 ans et Charles 16 ans ne sont plus vraiment là… Ton père, lui, est rentré plus tôt de la guerre : « emphysème pulmonaire » qu’ils ont dit les militaires. Tu es encore trop jeune pour savoir que ce sont les gaz moutarde ont qui attaqué ses bronches.
En 1929, tu as enfin sauté le pas et épousé Marie Jeanne, ma grand-mère, une femme que l’on qualifie de « dure »... Mais tu sais que la vie ne l'a pas épargnée, elle non plus....
En 1933, tu es l’heureux « papa » d’un petit Roland, mon père, alors âgé de 2 ans.
En 1939….. Que c'est moche la guerre !
En 1943, le 13 mai, tu arrives à Munich, déporté « kommunistische » tandis que ma grand-mère mettait au monde son deuxième enfant, une petite fille que tu connaîtras peu….
En 1948, alors que tu avais pu t’enfuir du camp avant la fin de la guerre, que ta famille t’a cachée au péril de sa vie, tu es mort des suites de cette terrible déportation….
A 25 ans, moi, la petite-fille que tu n’as jamais connue ne peut oublier tous ces hommes de 1936 avec le poing levé pour manifester leur colère… Ma grand-mère avait tellement peur... La Gauche est au pouvoir et je suis sûre que tout va changer !
A 35 ans, moi, la petite-fille que tu n’as jamais connue, a dû reprendre ses études, face à la précarité de sa situation ; je suis persuadée que tu serais fière de moi…. Même si dans cette famille-là, on ne parle pas….
Le temps a passé tellement vite…
A 60 ans, moi, la petite-fille que tu n’as jamais connue, est totalement désenchantée ; certes, la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie !
Pour toi, pour eux... il faut avancer... et arrêter de se plaindre !
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Par FANNOU93 le 14 Avril 2021 à 11:46
Si la province s’épuise, Paris éblouit… Est-ce pour cette raison qu’Émile Théophile part avec femme et enfants s’installer rue de Broca dans le 5ème arrondissement. IL y vivra d’ailleurs jusqu’à ses derniers jours.
Les recensements en ligne de Paris ne commence qu’en 1926. Je peux toutefois y lire qu’Émile Théophile exerçait toujours sa profession de « mégisseur » pour l’entreprise LEGENDRE puis l’entreprise LEMOINE ; en effet la Bièvre, un affluent de la Seine « passait par les 5e et 13e arrondissements ; longue de 33 km, elle prenait sa source dans les Yvelines et se jetait dans le fleuve au niveau de la gare d'Austerlitz » / Source Retronews.
Grâce à l’afflux des mégissiers, cordonniers, blanchisseurs, tisserands, le quartier de la rue Broca (Val de Grâce) s’urbanise très vite mais ce déferlement excessif « aura raison de la rivière puisque cette source d’eau potable devint un bourbier pollué et sale dans une période accablée par les épidémies ». Sur les quelques gravures retrouvées sur le web, on peut aisément imaginer la densité de population et la promiscuité qui y régnait ; les familles résidaient juste au dessus de la rivière, à la merci de toutes les mauvaises odeurs toxiques.
Marie Clémence, mon AGMP, n’y survivra pas. Le mois de janvier 1914 est particulièrement rude ; une vague de froid, de neige et de tempête s’abat sur Paris. L’épidémie de typhoïde fait également des ravages sur la capitale.
Marie Clémence décède le 13 janvier à son domicile ; elle avait seulement 30 ans….
Pour surajouter à la douleur de perdre son épouse, Émile Théophile est rappelé à l’activité au 119ème régiment d’infanterie territorial (RIT) le 1er août 1914….Il a alors 36 ans et est le père de 3 garçons, André 13 ans, Charles 11 ans et le jeune Henri 7 ans, mon grand-père paternel.
Dans les AD60, il m’a été facile de retrouver sa fiche matricule, comportant de nombreuses informations susceptibles de m’en apprendre beaucoup plus sur mon AGPP.
Cette fiche comporte :
- son état civil : ce qui me permet de confirmer sa filiation, sa profession et son adresse,
- son signalement : une description physique me permet de le visualiser, un petit blondinet aux yeux bleus-pales
- son niveau d’instruction me précise qu’il sait lire et écrire, peut-être pas compter correctement ; il n’a pas son certificat d’étude et il n’a pu faire de grandes études ; je suis partie d’ailleurs du postulat qu’il a effectué un apprentissage auprès de son père, afin de suivre ses traces,
- la décision du conseil de révision m’informe qu’il a été apte à réaliser le service militaire,
- le détail des services et mutations permet de retracer son parcours de jeune conscrit
- dans la colonne de droite, sont inscrites ses adresses successives
- et dans la dernière partie, sont retracées toutes les étapes de son parcours militaire (mutations, décisions, sanctions…).
Les régiments territoriaux avaient pour mission de défendre les places fortes, les tranchées de première ligne et garder des voies de communication... mais ne devaient pas coopérer aux opérations en rase campagne; les bataillons des régions du Nord et de l’Est se trouvèrent engagés d’emblée dans la bataille pour défendre villes et villages. Les hommes de l'armée territoriale avaient entre 35-45 ans.
Suite à la mobilisation générale, Émile Théophile se voit donc affecté au 119ème RIT ; sur son carnet militaire, et avec l’aide des différents sites internet (en référence ci-dessous), j’ai pu retracer son parcours, malgré quelques incohérences sur les dates :
Rappel à l’activité le 4 août 1914 :
- En service armée du 08/08/1914 au 13/11/1916
- Malade évacué pour « emphysème pulmonaire » du 14/11/1916 au 09/12/1916
- Hôpital de Compiègne du 09/12/2016 au 12/02/1917 puis convalescence de 21 jours
- Rejoint le corps armée le 23/02/2017 jusqu’au 04/03/1918
- Malade évacué le 04/03/1918 vers hôpital auxiliaire
- Hospitalisation du 08/03 au 27/03/1918 dans hôpital auxiliaire
- Hospitalisation au Tréguier (Côtes du Nord) du 27/03/1918 au 18/04/1918
- Hospitalisation à l’ hôpital de Guimgamp à dater du 21/04/1918
Le 4 juin 1918 Comité de Réforme de Privas pour « emphysème pulmonaire base gauche » et classé service auxiliaire : pour rappel, « le service auxiliaire représentait les hommes en moins bonne santé qui ne pouvaient faire un service actif dans l'armée mais qui étaient quand même soumis au service militaire »
Affecté en réserve du 22/05/1918 au 16/11/1918
Classé service armée par le Comité de Réforme de Reims le 03/12/1918
Mise en congé de mobilisation le 27 mai 1919
Même s’il n’a pas combattu dans les tranchées, sous le feu des armées ennemies, dans l’armée active et en première ligne, cette guerre fut un enfer pour Émile Théophile, alternant hospitalisations et retour sur le front. Sa profession de « mégissier » lui a très certainement atteint soit les poumons soit la peau de part l’utilisation de produits toxiques en tannerie ; la Grande Guerre a complété ces altérations par les gaz suffocants, irritants, vésicants….
La Grande Guerre fut terrible sur les fronts, mais qu’en était-il des enfants restés à Paris… ?
Pour en savoir plus :
La Bièvre dans le 5ème arrondissement
Ancienne mégisserie (Square Adanson 5ème)
Le service militaire en 1900 en France
Le 119ème régiment d’infanterie territorial
Guerre de 14-18 : Vis ma vie de poilu
La gangrène gazeuse pendant la Première Guerre mondiale (Front occidental)
1914-1918, le gouvernement de guerre
Le parcours du combattant de la guerre 14 1
Tanneries et mégisseries (INRS)
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Par FANNOU93 le 31 Mars 2021 à 22:33
Contrairement à ce que les plus jeunes pourraient penser, la majorité n’a pas toujours été fixée à 18 ans ! Sous l’Ancien Régime, elle était même à 30 ans !!!
Comme tous les garçons de son époque, Émile Théophile avait atteint la majorité civile à 25 ans ; mais dès 20ans, tous les jeunes hommes avaient l’obligation de se faire recenser pour le service nationale. La loi Cissey du 27 juillet 1872 fixe la durée du service militaire de 6 mois à 5 ans.
Soldat de 2ème classe, Émile Théophile est incorporé à dater du 15 novembre 1900; il est envoyé en disponibilité le 19 novembre 1903 avec un certificat de bonne conduite; mon arrière grand-père a effectué son service militaire d’une durée de 3 ans. Comme tout «libéré» il passe dans la réserve de l’armée active.
Mais le 1er août 1914, il sera rappelé à l’activité au 119ème régiment d’infanterie territorial (RIT)….
Pour le moment, nous sommes en 1899 et, outre son incorporation à l’armée, il va également épouser Marie Clémence….
Mariage d’amour ou de raison ? Marie Clémence DELARUE est la fille de Charles Alfred DELARUE et de Julie Rosa HUBERT ; le couple est originaire de l’Oise depuis quelques générations. Si Julie Rosa est mentionnée comme « journalière ouvrière en chaussures » sur les actes d’état civil, Charles Alfred exerce la profession de « cordonnier ». Pour la petite histoire, mon grand-père paternel, Henri Alfred DEIBER, 3ème fils d’Emile Théophile sera également « cordonnier » et son 2ème prénom est celui de son grand-père paternel. Quant à son prénom Henri, rappelons en toute modestie qu’il fut celui d’un certain nombre de souverains français et allemands.
Au moment de son mariage, Marie Clémence n’a que 16 ans ; sa mère a déjà perdu deux enfants, Rose Euphrasie à 1 mois et Mathilde Charlotte à 3 mois.
Les deux jeunes gens ne sont encore que des adolescents, même si Émile Théophile est un homme, autonome semble t-il et qui gère la maison en l’absence de son père.
L’acte de mariage de Marie Clémence et Émile Théophile vient confirmer des informations déjà trouvées :
- Émile Théophile a 20 ans et 8 mois, il est tisseur et vit avec sa mère,
- son père Émile est absent (voir commentaire ci-dessous pour explication) et qu’un acte de notoriété a été adressé par le Juge de paix (sur l’acte de mariage de Marie Thérèse DEIBER, une sœur d’Emile Théophile, le père Émile était présent en 1886 ; la famille résidait alors sur Reims au 23 cité Bethény à Reims),
- sa mère Marie Anne est ménagère et présente pour l’union,
- Marie Clémence est âgée de 16 ans et 5 mois, tisseuse de profession,
- les deux familles se sont accordés pour le mariage et la publication des bancs ont bien été respectés,
Les témoins sont pour le conjoint :
- Arthur LEBLOND, 27 ans et tisseur à Mouy, également le beau-frère d’Emile Théophile ; en effet, son frère Jules LEBLOND a épousé en 1898 sa sœur Florentine
- Albert DEVOSSE, 34 ans, cordonnier et ami d’Emile Théophile
Les témoins sont pour la mariée :
- Julien DUSUEL, 31 ans, manouvrier – qui épousera en 1894 Rosa Adèle DELARUE, sœur ainée de Marie Clémence
- Charles MOURET, 23 ans et ébéniste – qui épousera en 1897 Euphrasie Stéphanie, la 2ème sœur de Marie Clémence
Dans un acte de mariage – le plus important à mon sens – outre les témoins et la filiation des mariés, il est important de se pencher sur les signatures. Je peux voir aisément qu’ Emile Théophile et Marie Clémence savent bien écrire leur nom et prénom ; par contre Charles Alfred Delarue, le père de M. Clémence, est en difficulté pour écrire et Marie Anne a signé « Deibur »
On pourrait légitimement penser que le jeune couple s’est rapidement marié car ils allaient devenir « parents » mais leur 1er enfant, André, ne naîtra qu’en avril 1901…. ou bien la naissance programmée a été douloureusement interrompue
Je pense que le couple était follement amoureux, et cette idée me plaît bien !…
Les deux familles Deiber et Delarue résidaient dans la même commune ; les femmes étaient tisseuses et les hommes tanneurs ou cordonniers.
Pour en savoir plus :
Le service militaire en France
Évolution de l'âge de la majorité en France à travers les siècles
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Par FANNOU93 le 31 Mars 2021 à 14:43
Aux derniers recensements des AD 51, la famille résidait sur Reims jusqu’en 1881….
… mais le petit dernier de la famille, Jules est né en 1883 à Warmeriville, toujours dans la Marne. Les recensements sont effectués tous les 5 ans ; les recensements sur la commune de Warmeriville ont été effectués en 1881 (la famille était encore sur Reims) et 1886 (la famille était déjà partie sur Mouy, dans l’Oise).
Pourquoi la famille est partie sur Mouy ? Peut-être pour y trouver un emploi mieux rémunéré, peut-être pour un logement plus grand et plus salubre...Le docteur Nicolas Noël (1746-1832) décrivait déjà des appartements surpeuplés ; car Reims est une ville prospère qui a toujours attiré. Avec les Juifs d’Europe fuyant les pogroms et les réfugiés Alsaciens-Lorrains, la crise du logement s’est encore accélérée, d’autant plus que les plans d’urbanismes augmentent mais que les conditions de vie des ouvriers se dégradent.
Les années 80 sont terribles… Si en 1882, le médecin allemand Robert Koch met en évidence l’existence de la bactérie responsable de la tuberculose, cette même année voit le krak de l’Union générale provoquer un terrible marasme dans de nombreuses industries, notamment celles du textile et du cuir. 1884 sera l’année de la reconnaissance syndicale et du développement de l’esprit d’association. En 1885, le scientifique Louis Pasteur vaccine un jeune alsacien contre les effets redoutables de la rage, et dès 1887 « le paternalisme industriel ». 1889 voit le parti ouvrier de Jules Guesde prendre de l’envergure.
Je pars souvent des recensements pour connaître la fratrie (arrivée et décès dans la famille) mais aussi les métiers et le nom des rues où mes ancêtres ont pu résider. Je m’intéresse également aux « collatéraux », mais j’y reviendrai plus tard...
Sans pouvoir le prouver, j’ai la certitude qu’Émile et Anne Marie sont passés, même brièvement, par Warmeriville ; il existe notamment une filature dans cette petite commune ; si Émile était tanneur (mégissier) – et il existait un certain nombre de tanneries sur Reims – Anne Marie exerçait la profession de tisseuse.
A Mouy, le couple a pu trouver logement et emploi : il existe encore une ancienne tannerie sur le Thérain et Anne Marie a pu s’occuper des enfants tout en s’investissant dans des travaux de tisseuse. Nous savons tous que les femmes sont "multi-tâches", mais ont-elles le choix ?....
La commune de Mouy jouit d’un « développement industriel considérable grâce au Thérain qui fournit la force motrice nécessaire à l'implantation de l'industrie textile relayée dans les années 1860 par celles des cuirs et peaux et de la brosserie ».
En 1889, les instituteurs d’écoles primaires deviennent des fonctionnaires d’État : Émile Théophile a donc suivi un cursus scolaire ordinaire pour ensuite suivre les traces de son père : en apprentissage ? Très certainement car les Grandes Écoles n’étaient pas gratuites.
L’apprentissage commence à l’âge de 13 ans ; peut-on alors parler de l’adolescence, des loisirs ? Les jeunes issus des milieux populaires n’ont pas d’autres possibilités de suivre le rythmes effrénés des ateliers ; les adultes font des journées de près de 15 heures et les enfants sont souvent l’objet de brimades et de sévices. J’espère qu’Émile Théophile a été préservé de ces abominables corvées et que l’éducation alsacienne de ses parents lui ont permis de supporter….
J'aime à penser qu'il n'est pas tomber à terre... comme l'Abbé Miroy de Reims...
Portail du patrimoine culturel Grand Est
Ancienne filature de laine (inventaire à Mouy)
La commune de Mouy (Wikipedia)
L’histoire industrielle de l’Oise
Le travail des enfants en 1900
Le travail des enfants en images
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Par FANNOU93 le 16 Mars 2021 à 18:49
Émile Théophile avait 20 mois lorsque son petit frère Gustave Alphonse est né ; mais ce jeune enfant ne survivra pas plus de 14 mois. Deux mois plus tard, Gustave Joseph le remplaçait…
Promiscuité dans un tout petit appartement, insalubrité, maladie, défaut de soins….Ou tout simplement grande fragilité chez un tout petit...
IL est facile sur un arbre généalogique d’inscrire les noms, prénoms, dates de naissance et de mort… je pense à la détresse de Marie Anne et du chemin parcouru depuis son Alsace natale…
Lors de mes recherches, je m’attache toujours à respecter mes ancêtres et ne pas juger leurs actes ; il est trop facile de condamner lorsque nous sommes dans une situation confortable et bien aisée. Je ne me pose donc jamais la question : « qu’aurais-je fait à leurs places ? » ou « Aurais-je pu faire mieux ? »…
Je ne peux que constater que cette « famille ordinaire » m’est chère et que la vie n’a pas toujours été facile pour elle… Et que grâce à mes aïeux, je suis satisfaite d’être arrivée là où j’en suis...
Mais, revenons à Marie Anne… comme beaucoup de rémois de cette époque, la famille doit vivre dans un logement d’une seule pièce, peut-être deux tout au plus ; le couple élève ses sept enfants, dont Émile Théophile, l’enfant du milieu….
Les enfants étaient considérés comme un moyen d’alliances matrimoniales ; les garçons étaient non seulement les supports de la transmission du nom, des terres, des outils, d’un savoir-faire, mais ils offraient aussi la perspective d’une future main d’œuvre ; les enfants étaient également la garantie d’une vieillesse tranquille.
Marie Anne s’est mariée à 19 ans donc encore mineure ; Émile était très certainement un amour de jeunesse – du moins j’aime à le croire ! Le premier enfant Marie Thérèse est arrivée près de 5 mois après le mariage ; on peut donc aisément imaginer que l’enfant avait été conçue hors union et qu’il était impératif de régulariser au plus vite.
Les deux familles DEIBER – OSTRY se connaissaient de longues dates, car résidaient dans la petite commune d’Oberhaslach depuis plusieurs générations. Elles étaient de même condition sociale.
Pas toujours facile la vie d’une jeune fille au 19ème siècle ! Elle savait écrire son nom de famille, mais n’a certainement pas dû aller longtemps à l’école. L’instruction n’était pas obligatoire pour les filles ; elle devait s’affairer à la maison, apprendre la couture et composer son trousseau, préparer les repas, s’occuper de la basse-cour et aider sa mère dans toutes les tâches ménagères. Pas de place pour l’enseignement et l’oisiveté…
Vient ensuite l’épreuve de la maternité. La femme enceinte était considérée comme impure, emprunte d’animalité ; le ventre maternel était l’antre du diable et toute relation sexuelle était donc proscrite durant la grossesse. Lorsqu’un fils naissait, il était de coutume d’enterrer le cordon ombilical sous un arbre, afin de porter bonheur, tandis que celui d’une fille était tout simplement brûlé, car on n’en attendait rien.
Avant de quitter l’Alsace, Marie Anne a mis au monde deux enfants. Près de sept années séparent le second de la troisième enfant ; une longue pause entre deux grossesses peut témoigner soit de fausses couches naturelles – dues notamment aux travaux pénibles – soit d’avortements clandestins à base de recettes abortives. Les femmes ne connaissaient pas leur corps comme nous l’appréhendons aujourd’hui. Aussi j’imagine que Marie Anne a vécu des histoires traumatisantes durant son exode vers Reims. Elle a pu envisager d’agrandir sa famille dès qu’elle s’est sentie en sécurité, apaisée et que son mari Émile a stabilisé son emploi.
Si Émile travaillait à l’usine, il appartenait à Marie Anne de faire bouillir la marmite. Elle dû mettre la main à la pâte et prendre des travaux d’appoint à domicile, tout en surveillant les enfants. Etre mère, femme et épouse est un métier qui ne s’apprend pas…
Pour en savoir plus :
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Par FANNOU93 le 16 Mars 2021 à 17:13
Au moment de la naissance d’Emile Théophile, le président Mac-Mahon a démissionné ; c’est désormais Jules GREVY, qui est président de la république : il est le 1er républicain a exercé cette fonction. Nous sommes en IIIème république, sachant que la Ière a été proclamée en 1792 (la Convention Nationale) et la IIème en 1848 avec Louis-Napoléon Bonaparte qui se prononcera Empereur ! Nous sommes bien loin de la Révolution française et les anciens communards se recueillent devant le mur des Fédérés.
Les journaliers quittent le monde rural pour les villes, austères et insalubres mais susceptibles de leur donner plus de travail. Nous entrons dans l’ère de l’industrialisation lourde. Pourtant, si illettrisme est encore de 14 % dans la population française, les « petits fonctionnaires » tels que instituteurs, facteurs ou percepteurs voient leur nombre augmenter.
Et Reims dans tout cela ?
L’immense essor de l’industrie textile entraîne le débordement de la ville de Reims ; les mutations techniques précipitent la disparition des artisans travaillant chez eux avec leurs propres outils et favorisent la concentration ouvrière. Reims n’échappe pas à la paupérisation ; devant l’afflux de population, des lotissements sont construits par les ouvriers eux-mêmes, à la hâte et non loin de leur lieu de travail. Ces quartiers, comme celui de Laon, dépourvus de voirie, d’égouts et de fondations, ont été totalement réhabilités aujourd’hui.
Sur les recensements de 1872, je n’ai pas trouvé Émile et ses enfants ; pas plus que sur les recensements 5 ans plus tard. Peut-être n’habitait-il pas encore la rue du mont d’Arène…
En arrivant sur Reims, le couple a très certainement pu trouver en emploi ; la ville est en pleine croissance. Son père Émile était mégisseur (ou mégissier) puis tisseur et sa mère Marie Anne était journalière tisseuse.
Mais en quoi consistait leur travail ?
Un mégisseur est un « tanneur » spécialisé dans la peau des ovins. C’est un ancien métier qui date au moins du Moyen Age et nécessite un grand savoir-faire , « la mégisserie est un métier tout à fait particulier de l'industrie du cuir, aussi dur sans doute que celui de tanneur de grandes peaux, le mégissier traitait "en blanc" les petites peaux (parfois achetées aux bouchers) pour approvisionner les artisans du cuir souple. Elle emploie l’alun pour obtenir des peaux "mégis" douces et blanches utilisées dans la ganterie, la cordonnerie et la reliure de luxe » (blog Poussières de siècles).
Son père Emile était mégissier, mais les contremaîtres de filature embauchaient « la famille » ; la « paie collective », donnée le jeudi, jour de marché à Reims, était versée au chef de famille en personne ; n’oublions pas que « la femme » était « quantité négligeable »… Marie Anne, la mère d’Émile Théophile est également tisseuse, mais avant tout journalière et travaillait peut-être à domicile pour continuer à s’occuper des enfants. Mais je vous parlerai de Marie Anne un autre jour : la condition des femmes du 19ème siècle était bien différente de celles d’aujourd’hui, même s’il reste encore beaucoup à acquérir !
Un ouvrier journalier est payé à la tâche. Le travail d’Émile en usine n’en est pas moins pénible : aucune garantie d’emploi, un patron exigent et au dessus de toute loi, quant aux conditions de travail, n’en parlons même pas ! Il faudra encore attendre un siècle avant que n’émerge le CHSCT….
Le métier de mégissier est difficile : pour transformer la peau des animaux, il faut utiliser des produits caustiques (cendres et vapeurs toxiques), les balles de peaux exigent de lourdes manutentions ; une chute par glissage n’est pas exclue car les peaux sont lavées dans des bains successifs. L’activité est salissante et malodorante ; de ce fait, mégisseur et tanneur font souvent l’objet de rejet et de risée de la part des autres ouvriers.
Et pourtant, Emile Théophile suivra les traces de son père....
Le métier de mégissier est difficile : pour transformer la peau des animaux, il faut utiliser des produits caustiques (cendres et vapeurs toxiques), les balles de peaux exigent de lourdes manutentions ; une chute par glissage n’est pas exclue car les peaux sont lavées dans des bains successifs. L’activité est salissante et malodorante ; de ce fait, mégisseur et tanneur font souvent l’objet de rejet et de risée de la part des autres ouvriers.
Et pourtant Émile Théophile suivra les traces de son père….
En attendant, Émile Théophile ira à l’école. La Loi Ferry a instauré la gratuité de l'école primaire publique, l'instruction obligatoire pour tous les enfants, garçons et les filles, de 6 à 13 ans. L’État a cessé de subventionner les institutions religieuses. Son père sait signer son nom (image 1) mais Émile Théophile sait lire et écrire (image 2).
Il a certainement joué dans la cour de l’école Clairmarais, rue du Mont d’Arène ; peut-être a-t-il connu madame Marie-Clémence Fouriaux, la directrice de l’établissement scolaire….
Sur son livret militaire, Émile Théophile est décrit avec un visage ovale, un nez moyen, des yeux bleu pâle, des sourcils et des cheveux blonds ; il est un enfant ordinaire, parmi d’autres enfants de son âge, notamment sa sœur Florentine, d’un an son aînée. Mais tout le monde sait que les petits garçons ne jouent pas avec les petites filles !
Et les filles, justement, que font elles ?
Pour en savoir plus :
- sur le métier de mégissier
Chamoiseur et mégissier, l’affinité de ces deux professions
- sur le métier de tisseur
Différence entre tisseur et tisserand
- d’autres sources :
Jules Grevy (le blog de Gallica)
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Par FANNOU93 le 22 Février 2021 à 17:59
En août 1872, Émile Deiber, le père d’Émile Théophile, et sa famille arrive sur Reims.
Son grand-père Nicolas Deiber est décédé le 23 octobre 1882 à Reims, alors qu’il résidait au 21 impasse Saint-Thierry, une ruelle située non loin de la rue du Mont d’Arène, domicile où est né Émile Théophile. La famille habitait déjà sur cette commune, et je pense que c’est une bonne raison pour qu’Émile ait choisi cette destination en 1872.
Que de changement ! Passer d’une petite commune – Oberhaslach avait 1074 habitants en 1872 – à une grande ville industrialisée ( Reims avait 17 434 habitants à la même époque!) a dû être un bouleversement total….
Les métiers de la famille Deiber sont mégissiers, tanneurs, tisseurs… Reims, à cette époque s’ouvre sur l’industrie textile : « L’industrie rémoise des laines s’achemine à grands pas vers une période de prospérité inouïe. Le commerce réalise de gros bénéfices sur ses produits manufacturés la vente du tissu prend de l’extension et des firmes nouvelles se créent ou se transforment » (source : la vie rémoise en 1872)
(…) c’est ce 22 septembre que les Alsaciens-Lorrains mis en demeure d’opter pour une nationalité ou l’autre, et les premiers Messins commencèrent aussitôt leur exode, par un froid intense. Ceux d’entre nous qui ont connu les amertumes de l’exil forcé, en 1914 et les années suivantes, prendront en souvenir et pitié leurs précurseurs. Beaucoup d’entre les uns et les autres, des deux générations, ne devaient plus revoir le sol ni respirer l’air de la patrie perdue. Ah ! ces crimes ne seront jamais châtiés au prorata des douleurs morales et des souffrances physiques dont ils accablent notre pitoyable Humanité ! Le délai d’option avait été prorogé au 30 septembre, mais nombre de nos concitoyens des provinces perdues ne profitèrent point de ce délai et nos rues virent apparaître les avant-gardes et les premiers détachements des réfugiés. La rue Petit-Roland qui s’achevait, et dont beaucoup d’immeubles étaient encore inoccupés, fut l’une des premières à recevoir cet afflux de concitoyens nouveaux. Leurs groupes larmoyants, mais réconfortés par un accueil ému et bienveillant, s’essaimèrent un peu ça et là, partout où l’on pouvait leur prêter un asile : les Grand’Barbe furent parmi les tout premiers de ce flot d’émigrants et prirent pied à Reims dans la rue Large, 52, propriété des Malherme, agent d’affaires, entre les demeures de Saint-Aubin, courtier en laines, au 54, et Fiévet, fabricant de billards, au 50.
En ces temps, César Poulain était Maire de Reims, et ne fut remplacé que le 29 octobre suivant, par Victor Diancourt.On peut aisément apprécier la douleur d’Émile, de sa femme et des deux petits, Marie-Thérèse et Jean Joseph, déracinés de leur chère Oberhaslach, leur Alsace chérie où leurs générations précédentes avaient installé leur quotidien, leurs coutumes, au gré de l’Histoire et des invasions prussiennes.
Malgré tout, la cité rémoise apporte des emplois, ce qui n’est pas négligeable. De nombreuses entreprises s’installent et l'industrie textile, regroupant fabriques et artisans va très vite évoluer avec l'apparition des métiers à tisser et de la machine à vapeur. Son père Émile était très certainement un ouvrier prolétaire du textile, tandis que sa mère était accaparée par toutes les tâches domestiques qui incombaient aux femmes. Émile était tisseur et détenteur d’un réel savoir faire ; les alsaciens ont longtemps eu la réputation d’être un « peuple » travailleur, propre, et rigoureux, à cause de leur proximité avec l’Allemagne, sans doute. Que l’on soit d’accord ou pas, ceci était une réalité qui a perduré au fil des siècles.
Reims est déjà une grande ville et en 1872, elle se remet des « escarmouches et des simulacres de batailles » de la Commune. C’est une ville qui attire de longues dates, avec ses foires commerciales où l’on travaille depuis longtemps le cuir, la laine, le lin et le chanvre.
La rue du mont d’Arène doit son nom aux vestiges d’un amphithéâtre antique qui se trouvait près de l’église Saint-Thomas. Ces vestiges ont disparu au milieu du 19e siècle. Le nom de la rue était parfois déformé en rue du Mont de la Reine. Cette rue est longue de 835 mètres ; elle commence au 49-55, avenue de Laon pour se terminer au 68-70, avenue Brébant.
Émile Théophile a donc passé les premières années de son existence dans la rue d’Arène à Reims. Il a joué dans les rues avec les gamins de son âge, il est allé à l'école...
Et pendant ce temps, que faisaient ses parents ?
Pour en savoir plus (sources) :
L'industrie textile à Reims. Une reconversion
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Par FANNOU93 le 10 Février 2021 à 19:21
Durant le mois GENEATECH, j’ai essayé de jouer le jeu ; j’ai visionné de nombreuses vidéos sur YouTube et j’ai décidé d’écrire un article sur la Saint Valentin. Vaste programme...
J’aurai pu faire un « condensé » de ce qui existe sur le web, mais cela ne m’intéresse pas… et puis, je n’y vois pas d’intérêt avec la généalogie. Et alors, j’ai lu l’article de l’Univers de Céline… l’idée est originale, mais je n’ai pas de numéro SOSA 1402 ! J’arrive péniblement à 320 individus dans mon arbre...
Donc n’ayant pas de SOSA 1402 (14-02 pour le 14 février), j’ai revu à la baisse mes ambitions et ai recherché mon SOSA 142 ; il me suffisait de taper le numéro dans GENEANET mais j’ai voulu complexifier mes recherches.
Comment retrouver un numéro SOSA dans mon arbre ? J’ai fait appel à mon ami Google…. Plusieurs possibilités s’offrent à moi, mais Le cercle généalogique de Vaucluse m’apparaît le plus simple ; il m’informe que le 142 se situe dans la branche de mon grand-père paternel à la 8ème génération :
Le numéro SOSA 142 appartient à mon ancêtre ISAAC Arbogast,
« Arbogast » est un très ancien prénom qui a vu son apogée au XVIIème siècle et est d’origine allemande ; ermite dans la forêt de Haguenau, en Alsace, saint Arbogast aurait ressuscité le fils de Dagobert II, tué par un sanglier durant une partie de chasse. Arbogastus est le prénom de l’évêque de Strasbourg, au VIII siècle, honoré le 21 juillet. Mais ça, c'était bien avant....
Fils de Jean ISAAC et de Marie Salomé OSWALD, Arbogast est né le 4 août 1763 à Oberhaslach, en Alsace.
Encore Oberhaslach me direz-vous, faut dire que toute une branche paternelle est issue de cette magnifique région…
1763, c’est J-J Rousseau et ses publications : La Nouvelle Héloise, le Contrat social, l’Emile et bien d’autres ouvrages fondamentaux dans l’Histoire des idées ; des idées qui n’auront peut être pas encore atteints les contrées lointaines de ce bout d’Alsace isolée. La France de Louis XV est toujours accablée d’impôts et de corvées.
Arbogast est l’avant dernier enfant d’une fratrie de 6 :
- Marie Anne née le 28 mai 1751,
- Florent, né le 23 juillet 1753,
- Anne Marie née le 7 novembre 1756,
- Marie Catherine née le 13 février 1759 mais décédée le 24 octobre 1762, à 3 ans et demi,
- Arbogast né en 1763
- Marie Catherine née le 6 mai 1766 et qui a, bien malgré elle, pris la place de sa petite sœur décédée quelques années auparavant.
Oberhaslach est un très petit village ; sur le recensement de 1819, il ne comptait qu’un peu plus de 800 oberhalachois/ses ; en 1793, ils n’étaient que 643 perdus au fin fond de la vallée.
En 1780, Arbogast a 17 ans ; alors que sur Paris, la mode est aux ermitages (Bagatelle) et que la Reine Marie Antoinette s’amuse dans son Hameau, les français doivent se battre entre les épidémies (grippe, pneumonie infectieuse) et de graves disettes.
Le 28 août 1787, Arbogast épouse Catherine GEYGER :
- Joseph est le 1er enfant à naître, le 26 décembre 1788 ; l’hiver 1788-1789 est particulièrement rude,
- 1788 voit aussi le décès de son père Jean, mort à 65 ans,
1789 : « l'agitation ne faiblit pas dans les provinces ; des émeutes se produisent à Strasbourg, Haguenau et Colmar, ainsi que des jacqueries dans les campagnes de Haute-Alsace et des pillages en Basse-Alsace » (Wikipedia).
- Naissance d’un 2ème enfant, Catherine, le 10 décembre 1790
- Naissance d’un 3ème enfant, Anne, le 27 novembre 1796, qui décédera le 11 avril 1801 : elle avait 5 ans.
On peut aisément se poser la question : pourquoi autant d’années séparent le 2ème du 3ème enfant : mort-nés, fausses couches….ou problèmes de couple ?
- Décès de sa mère en 1797 : Marie Salomé OSWALD a alors 71 ans ; on peut imaginer qu’elle n’a pas survécu au drame du décès de sa petite-fille Anne...
1793 : les communes de plus de 400 habitants ont l’obligation d’ouvrir une école ; les ecclésiastiques sont interdits d’enseignement. La région Alsace est profondément attachée à sa religion chrétienne : comment va t-elle gérer cette injonction ?
- Décès de son frère Florent le 17 juillet 1799
L’arrivée de Napoléon au pouvoir risque de ne pas changer grand-chose au devenir de l’Alsace ; que ce soit la Terreur Blanche, les campagnes de Russie ou d’Allemagne, elle demeure une région frontière que la Prusse a toujours cherché à conquérir.
- Décès de sa sœur Marie Anne le 26 décembre 1811
- Décès de son épouse Catherine en 1813 : elle a 50 ans
- Décès de sa sœur Anne Marie le 16 juin 1826
Le 6 décembre 1829 Arbogast s’éteint à son tour….Il a 66 ans.
Ses descendants resteront sur Oberhaslach au moins jusqu’en 1871….
Pour en savoir plus :
Histoire de saint Valentin et origine des festivités du 14 février (La France Pittoresque)
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Par FANNOU93 le 30 Janvier 2021 à 17:05
Avec les actes d’état civil en ma possession, je sais que ses parents Emile (35 ans) et sa mère Marie-Anne (29 ans) ont fui l’Alsace envahie par les Allemands en 1871 ; Emile Théophile avait déjà un frère et une sœur au moment de sa naissance :
Sont arrivés après lui au moins deux autres enfants :
- Gustave Joseph, né en 1882
- Jules Victor, né en 1883
Mais pourquoi ses parents ont-ils fui la petite ville d’Oberhaslach, berceau de toute la famille ?
Avant de continuer l’histoire de mon arrière-grand-père, Émile Théophile, il me faut comprendre les conditions dans lesquels ses parents vivaient.
Son père, Émile a donc quitté son Alsace natale à l’âge de 27 ans, suite au traité de Francfort. En 1871, la France vaincue se doit de céder au Reich allemand l’Alsace et une partie de la Lorraine, qui deviennent terres d’Empire ; les alsaciens-lorrains peuvent soit « opter » pour la nationalité allemande et rester chez eux, soit garder la nationalité française et quitter ce territoire définitivement.
Emile fait le choix de « transporter son domicile » hors du territoire annexé par les Allemands : une situation bien compliquée ; Emile a dû s’engager au nom de tous les siens pour une émigration irrévocable. Peut-on penser qu’un puissant sentiment de patriotisme soit à l’origine de cet exil ? Je n’en sais rien, en tout état de cause, j’ai pu retrouver leur choix sur les bulletins des lois :
Toute la famille est donc partie s’exiler sur Reims : pourquoi cette ville ? Encore une inconnue et plusieurs pistes de réflexions :
- Émile avait déjà de la famille ou une connaissance dans cette commune
- La Ligue d’Alsace, qui portait alors assistance aux émigrés, l’a orienté vers Reims pour un hébergement sûr ou bien pour y commencer un nouvel emploi,
- Émile a-t-il suivi son patron ?
Il me faudra trouver des réponses lorsque j’aborderai la vie d’Emile Deiber...
Pour en savoir plus :
L’évolution des frontières de la France
Gustave Doré : l’Alsace enchantée
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Par FANNOU93 le 27 Janvier 2021 à 19:28
Je peux confirmer que le petit village d'Oberhaslach est bien le berceau de ma famille jusqu'au moins 1819 (date du dernier recensement en ma possession), et ceci, jusqu'en 1871....
Je me suis amusée à faire un frise historique pour situer mes ancêtres dans la grande Histoire :
A 27 ans, Emile Deiber, le père d'Emile Théophile, a quitté son Alsace d'origine... ; à la suite du traité de Francfort (10/10/1871), il a émis le souhait d'opter pour la nationalité française.
Je pars donc à la recherche des documents attestant cette option....
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Par FANNOU93 le 24 Janvier 2021 à 17:57
La petite commune d'Oberhaslach comprend aujourd’hui moins de 2000 habitants ; elle est située dans le département du Bas-Rhin (67), en région Grand Est.
Elle fait partie de la Région culturelle et historique d'Alsace et est le berceau de ma famille Deiber, ma branche paternelle.
Ober-Haslach vient de l’allemand « ober » qui signifie « au dessus de » et de Haslach, ancien nom donné à la rivière montagnarde « la Hasel » qui traverse la petite ville alsacienne.
Il existe très peu d’écrit sur ce petit village ; toutefois il semble renfermer des trésors historiques comme la chapelle St Florent, le château du Nideck, les ruines du Hohenstein et du Ringelstein mais aussi, pas très loin du camp de concentration de Natzweiler-Struthof.
Les oberhaslachois sont catholiques à plus de 96 % et ceci depuis plusieurs générations. J’ai pu en avoir la confirmation en consultant les recensements des AD67, jusqu’en 1819. La population reste très attaché au dialecte alsacien.
IL n’existe pas de recensements entre 1866 et 1880 ; je suis partie du postulat que ma famille avait effectivement quitté Oberhaslach après la guerre de 1870 mais qu’elle y résidait bien avant. Je suis remontée jusqu’en 1819, grâce aux archives départementales du Bas-Rhin numérisées :
Le recensement de 1866 (22 pages) me confirme bien qu'Emile Deiber, le père d'Emile Théophile, mon Agrand-père paternel vivait bien à Oberhaslach.
J'en profite pour relever le nom des frères et soeurs d'Emile et vérifier ainsi l'identité de ses parents : Deiber Nicolas et Klein Marie Anne.
Aucune surprise sur le recensement de 1861 (21 pages) :
Pas plus que sur le recensement de 1856 (20 pages) :
Le recensement de 1851 (38 pages) apporte des précisions et des colonnes supplémentaires ; je sais désormais que mes ancêtres sont d'origine française et de religion catholique.
J'apporte ces précisions car la commune d'Oberhaslach a été détruite à plusieurs reprises, notamment "au l5ème siècle par les Armagnacs et au l7ème siècle par les Suédois). C'est ainsi qu'en 1660 le village ne compta plus qu'une vingtaine d'habitants qui se réfugièrent en forêt. Le repeuplement se fit par des gens venus de la Germanie et de Suisse principalement". De plus, la religion protestante était majoritaire en Allemagne.
Avec le recensement de 1846 (20 pages), on remonte doucement le cours du temps....
Le recensement de 1841 (24 page) offre un nouvelle présentation : désormais apparaissent les noms de rue avec leur numéro par famille et la profession de chaque adulte est mentionnée. Pour le moment, je ne m'attarde que sur la composition familiale. Et je note qu'Emile n'est pas encore arrivé au foyer puisque Nicolas, le grand-père d'Emile Théophile, n'a pas encore fondé de foyer avec Marie Anne.... Nicolas réside au domicile de son frère : pourquoi ? une énigme à résoudre...
Le recensement de 1836 (23 pages) précise que Nicolas, qui habitait déjà chez son frère Antoine, est alors soldat : à vérifier plus tard...
Le recensement de 1819 est très succinct et est écrit en... alsacien ! Les familles sont simplement classées par ordre alphabétique :
Si l'écriture peut sembler élégante et gothique, elle n'est pas très aisée à décrypter.
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Par FANNOU93 le 14 Janvier 2021 à 21:03
D’après son acte de naissance, Emile Théophile DEIBER, mon arrière grand-père paternel (SOSA 8) est né à Reims (Marne) le 14 avril 1879, à domicile, à 9h30 du matin.
Fils d’Emile DEIBER, 34 ans, tisseur et de Marie Anne OSBRY, 29 ans, sans profession, il a vu le jour dans la maison familiale au 34 rue du mont d’Arène à Reims ; j’ai pu commencer un « début » d’arbre généalogique (ci-dessus).
Il est également précisé sur cet acte de naissance qu’il a été marié 4 fois
- à Mouy, le 23/12/1899 à Marie Clémence DELARUE ; mon AGMP est décédée à 31 ans, le 13/01/1914 à Paris, rue Broca, à son domicile….
- à Paris 5ème, le 15/04/1919 à Noemie Sophie GALZIN, 47 ans ; Emile Théophile, alors veuf, en avait 40 ;
- à Paris 5ème, le 27/02/1937 à Cathalie Marie BELLANGER, à 60 ans ; Emile Théophile en a alors 58 ;
- à Paris 5ème, le 20/08/1949 à Aline Léontine FLOCH ; il a alors 70 ans.
4 fois ! Oui, vous avez bien lu…. J’ai donc voulu en savoir un peu plus sur cet étrange personnage.
Pour écrire l’histoire de mon arrière-grand-père, dont je n’ai jamais entendu parlé auparavant, je me suis inspirée du blog d’Elise Lenoble ; l’écriture passe avant tout par un réel travail de recherche ; il m’a fallu :
1/ mettre en place la trame de sa vie, à partir des éléments « généalogiques » connus à son sujet ; actes de naissance, baptême, mariage et décès...et recensement ;
2/ comprendre l’environnement de sa vie, à partir de recherches sur son métier et ses lieux de vie ; j’ai effectué des recherches sur son métier et sur les conditions de vie à l’époque dans sa région. Et puis découvrir des lectures, des articles glanés sur le web ou dans les bibliothèques, sur son métier, l’histoire locale et l’habitat traditionnel ;
3/ ajouter des « touches de couleur », de la profondeur au récit, à partir d’informations et d’anecdotes glanées au fil de mes recherches. Ce qui le fait vivre !
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Par FANNOU93 le 13 Janvier 2021 à 19:00
DEIBER est le nom de famille de mon grand-père paternel. Voici le tableau de ses ascendants :
Au vu d'un grand nombre de personnes trouvées sur GENEANET - et dont je n'ai pas encore vérifié toutes les sources - je peux dire qu'une personne de la famille DEIBER a déjà fait son arbre.... Mon père m'avait parlé d'un oncle - je pense au frère de son père "André", et militaire de carrière, si ma mémoire ne me fait pas défaut....
En matière de généalogie, vous avez pu vous rendre compte d'histoires familiales, voire de légendes véhiculées au gré du temps, quelquefois transformées et/ou embellies, pas toujours vérifiées par ailleurs dans les archives départementales.... Quelles satanées archives, on y retrouve bien des choses ! En tout état de cause, mon père m'avait affirmée que notre famille Deiber était originaire d'Alsace ; il m'a fallu remontée jusqu'en 1870 pour le vérifier, et pour cause... triste histoire....
D’après GENEANET, le nom de famille « Deiber » est porté dans le Bas-Rhin et les départements voisins, et devrait, comme Daiber, désigner un éleveur de pigeons (moyen-haut-allemand "tiuber" = pigeon). Autre sens possible : un musicien, celui qui souffle dans un instrument (moyen-haut-allemand "töuber"). Formes similaires : Dauber, Deuber." Curieux ! Mon grand-père paternel jouait d’un instrument à vent : l’accordéon !
Sur le site de Jean TOSTI, les mêmes précisions sont apportées.
D’après GEOPATRONYME.COM, je peux vérifier en effet, que la plus grande partie des « deiber » a trouvé son origine dans le Bas Rhin.
FILAE, quant à lui, précise que « deiber » est un nom de famille d'Alsace Lorraine, et représente une variante de deuber, nom de métier qui désigne un éleveur de pigeons. Tiens, tiens, mon ex, originaire d’Alsace, élevait des pigeons et louait une véritable passion pour ces volatiles. Pour ma part, je n’allais jamais les voir au fond du jardin : je les appréciais plus dans mon assiette avec des petits pois !
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